Berlinale: Petits secrets de l’Eglise chilienne

Auteur reconnu depuis "Santiago 73, post-mortem" et surtout "No", Pablo Larraín délaisse cette fois le passé pour s’intéresser à une autre part sombre du Chili…

Hubert Heyrendt | Envoyé spécial à Berlin
Director Pablo Larrain and actor Roberto Farias pose at the photo call for the film El Club at the 2015 Berlinale Film Festival in Berlin Monday,Feb. 9, 2015. (AP Photo/Axel Schmidt)
Director Pablo Larrain and actor Roberto Farias pose at the photo call for the film El Club at the 2015 Berlinale Film Festival in Berlin Monday,Feb. 9, 2015. (AP Photo/Axel Schmidt) ©AP

Alors que Patricio Guzmán émerveillait le Festival de Berlin, dimanche, avec "Le bouton de nacre", c’est un autre Chilien qui a fait parler de lui lundi avec Le club. Auteur reconnu depuis "Santiago 73, post-mortem" et surtout "No", Pablo Larraín délaisse cette fois le passé (la dictature de Pinochet) pour s’intéresser à une autre part sombre du Chili…

L’élément déclencheur de ce film, c’est la "disparition" de dizaines de prêtres catholiques au Chili depuis des décennies. Ces prêtres, accusés de faits graves, l’Eglise chilienne les a tout simplement cachés dans de petites villes pour étouffer des affaires, notamment de pédophilie, qui auraient pu provoquer le scandale.

Fidèle à son cinéma, Larraín s’empare de ce sujet fort, au parfum de scandale, frontalement. Mais il change de style, optant cette fois franchement pour la comédie noire, décrivant les petits arrangements que passent quatre anciens prêtres et une religieuse pour continuer leur vie tranquille dans un village reculé du bord de mer…

Toujours aussi radical dans son discours, Larraín fait sans doute preuve ici d’un peu moins de finesse, quitte à déforcer légèrement son sujet. Reste néanmoins ce qui fait la force de son cinéma : la grande rigueur de sa mise en scène (image sous-exposée, ambiance musicale de chants religieux…), qui crée un climat très oppressant. En projection de presse, "Le club" a en tout cas été très applaudi.

Jeunesse allemande en crise

Il en va de même d’As We Were Dreaming d’Andreas Dresen. Adaptation d’un roman à succès publié par Clemens Meyer en 2006, il s’agit du 2e film allemand de la Compétition. Le premier, "Victoria" de Sebastian Schipper, décrivait la descente aux enfers, sur une nuit, de quatre jeunes Berlinois. Beaucoup plus ample, "As We Were Dreaming" raconte, lui, le destin de cinq gamins de Leipzig juste après la chute du Rideau de fer.

Porté par une mise en scène efficace, notamment dans les scènes de club et de bagarre, le film de Dresen est un chant désespéré sur l’absence d’horizon d’une jeunesse déboussolée. Une réflexion crue sur la réunification allemande, sur le passage brutal du socialisme à l’économie de marché et sur ses conséquences désastreuses sur des jeunes fragiles. Très dur, le film a ému le public allemand et bien au-delà.

On reste par contre sceptique face à Body. Le nouveau film de Malgorzata Szumowska (après "Elles" en 2011 avec Juliette Binoche) est, certes, un ovni mais sa bizarrerie ne cache pas sa vacuité. La cinéaste polonaise y décrit, avec un étrange mélange d’humour et de glauque, la relation d’un père enquêteur et de sa fille anorexique dans un Varsovie déprimant. On se demande comment un film aussi bancal a pu trouver sa place en Compétition…

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