Les Visiteurs s'arrêtent en Belgique
Christian Clavier et Jean Reno tourneront 4 jours à l’Hôtel de Lannoy, puis à Namur, Liège et dans le Hainaut jusqu’au 26 juin. Découvrez tous les lieux de tournage.
Publié le 04-06-2015 à 20h33 - Mis à jour le 05-06-2015 à 07h33
Christian Clavier et Jean Reno tourneront 4 jours à l’Hôtel de Lannoy, puis à Namur, Liège et dans le Hainaut jusqu’au 26 juin. Découvrez tous les lieux de tournage.
Les touristes de passage en Belgique ces prochaines semaines risquent d’en avaler leurs frites de travers. Les savoureux accents belges, si appréciés de nos voisins français notamment, vont en effet céder la place à des expressions absolument pas typiques de chez nous comme "Okaaaayyy", "Ça pouir", "Que trépasse si je faiblis" ou les fameuses "gueuses", sans aucun rapport avec nos bières.
Dès ce lundi 8 juin, Christian Clavier, Jean Reno et la joyeuse troupe des Visiteurs 3 : la Terreur débarquent en Belgique. Et à Bruxelles plus exactement. Pendant quatre jours, ils tourneront à l’intérieur d’une propriété privée chargée d’un lourd passé historique, l’Hôtel de Lannoy. Située 13, rue aux Laines à Bruxelles, cette bâtisse en U, classée depuis 2001, a vu passer les comtes d’Epinoy et de Lannoy depuis 1762. Et s’apprête à recevoir désormais Godefroy de Montmirail et Jacquouille la fripouille, une nouvelle fois perdus dans les couloirs du temps et coincés au pire moment de la Révolution française avec des descendants désireux d’inverser les rôles du passé.
Christian Clavier et Jean Reno ne seront pas les seuls, loin de là, à arpenter l’escalier d’honneur orné d’une rampe en fer forgé, les salles d’apparat du bel-étage ou les allées qui débouchent sur les anciennes écuries. Marie-Anne Chazel (Prune), Franck Dubosc (Gonzague de Montmirail), Karin Viard (Adélaïde de Montmirail), Ary Abittan (le marquis de Cheneviette), Sylvie Testud (Charlotte Robespierre), Alex Lutz (Robert de Montmirail) et Frédérique Bel (une actrice nommée Flore) sont tous annoncés.
De même que les comédiens belges du casting, Stéphanie Crayencourt, Éric de Staercke, Jean-Luc Couchard, Christian Hecq ou Christelle Cornil.
Inutile de faire le siège du bâtiment en espérant apercevoir les coulisses du tournage : un imposant service de sécurité est prévu pour tenir éloignés les curieux.
Tout ce beau monde prendra ensuite la route pour tourner à Namur à partir du 13 juin mais aussi aux alentours, dans le Hainaut ou dans la province de Liège. Les châteaux de Franc-Waret (bâtiment classé du XVIe siècle), d’Attre (un manoir du XVIIIe) et de Warfusée (lui aussi du XVIIIe) vont tous accueillir l’équipe dirigée par Jean-Marie Poiré. Le tournage belge devrait s’achever le 26 juin à Ronchinne, dont le château fut la propriété de la princesse Clémentine, épouse du prince Victor Napoléon.
Une belle manière de boucler la boucle pour une comédie très attendue sur nos écrans le 6 avril 2016.
Un parcours touristique à la clé
Si les tournages de films français sont légion à Bruxelles, ce n’est pas si souvent que Namur reçoit autant d’attention de la part du secteur cinéma, même si le Clap (bureau d’aide aux tournages) attire de plus en plus de réalisateurs sur le territoire namurois.
Cela fait une semaine que des dizaines de techniciens tchèques s’affairent à construire un décor au musée des Arts décoratifs de Namur.
L’ancien hôtel particulier des comtes de Groesbeeck et des marquis de Croix incarnera à l’écran la maison d’un descendant de Godefroid de Montmirail.
Cet édifice classé patrimoine exceptionnel a été profondément réaménagé au milieu du XVIIIe siècle : c’est précisément ce style Révolution française qui a séduit le réalisateur.
Il aura fallu arrêter la rénovation du musée pendant un gros mois et déplacer une grue - aux frais de la production, pas ceux du contribuable - pour accueillir Jean Reno et sa bande pendant quatre jours, mais le directeur du musée s’avoue bluffé par le rendu des décors en frigolite plus vrais que nature et espère que la popularité du film déteindra un peu sur celle de son lieu dédié au patrimoine.
Plusieurs parties de l’édifice seront visibles dans le film, même si la plupart ont été maquillées : le grand salon devient l’appartement de Flore (Frédérique Bel), la cour d’honneur accueillera la loge de Prune (Marie-Anne Chazel).
On reconnaîtra aussi le jardin à la française, le hall, la rotonde et la cuisine.
Quelques mètres plus loin, le palais provincial - joyau architectural du XVIIIe siècle, a aussi séduit Jean-Marie Poiré…
L’ancienne résidence des évêques de Namur de 1732 à la Révolution française a été retenue pour son architecture classique comme pour sa décoration intérieure.
Dans le sillage de ces deux bâtiments remarquables, la place Saint-Aubain (avec sa cathédrale romano-gothique) sera bouclée pendant quelques heures pour servir de décor naturel à une scène que la production tient secrète par crainte d’attirer la grande foule.
Outre la visibilité de la ville à l’écran, ce tournage bénéficiera au tourisme puisque Namur envisage de proposer un parcours Visiteurs 3 en 2016, après la sortie du film en salles. Un peu comme le Nord a su profiter de l’engouement pour les Ch’tis à l’époque.
Pourquoi tant de stars tournent en Belgique ?
C’est devenu une bonne habitude : de plus en plus de stars, principalement françaises, enrichissent leur filmographie en s’offrant un petit séjour de travail en Belgique. Et cela ne doit rien au hasard.
Nos cinéastes ont acquis une dimension internationale. Qui leur permet d’attirer les plus grands noms d’outre-Quiévrain. Pendant que les frères Dardenne faisaient découvrir à Marion Cotillard les environs de Seraing pour Deux jours, une nuit, Jaco Van Dormael engage Catherine Deneuve pour incarner une nouvelle apôtre amoureuse d’un gorille dans Le tout nouveau testament. Et Bouli Lanners, lui, fait visiter nos Ardennes à Albert Dupontel et Suzanne Clément pour Les premiers, les derniers.
Mais si nos réalisateurs et techniciens jouissent d’une belle réputation, la raison principale de la venue de tant d’acteurs français réside dans deux mots : tax shelter. Un système qui permet à un producteur de bénéficier d’une exonération fiscale de 150 % du montant investi dans une production audiovisuelle. Depuis 2004, 800 millions d’€ ont ainsi été injectés dans notre cinéma. C’est dire si la formule rencontre du succès.
Voilà pourquoi, ces derniers mois, il était possible d’apercevoir Kev Adams, Isabelle Nanty ou Didier Bourdon à Bruxelles pour le tournage de Profs 2, ou Mélanie Laurent, Audrey Tautou et Bérénice Bejo pour celui d’Éternité de Tran Anh Hung. Et on attend Romain Duris et Michel Blanc pour Un petit boulot de Pascal Chaumeil. OuFrançois-Xavier Demaison et Isabelle Carré pour des prises de Comment j’ai rencontré mon père, mais aussi Roschdy Zem et Bérénice Bejo pour L’économie du couple. En attendant Eric et Ramzy, qui filmeront entièrement chez nous L’aréoport, faute d’orthographe comprise. Pas mal, pour un si petit pays.