Virginie Efira : "Je n’ai pas une armada de jeunes hommes qui me courent derrière"
L’actrice belge est désormais tout en haut de l’affiche, avec même une tête de plus que Jean Dujardin.
Publié le 04-05-2016 à 17h55
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L’actrice belge est désormais tout en haut de l’affiche, avec même une tête de plus que Jean Dujardin.En mai, Virginie Efira fait ce qui lui plaît. Elle s’affiche tout en haut de la grosse comédie du mois et elle monte les marches au festival de Cannes, deux fois. En compétition avec l’équipe de Paul Verhoeven, le réalisateur de "Elle". Et puis, en compagnie de Justine Triet, la nouvelle sensation de la génération montante, l’auteur de "La Bataille de Solférino" qui présentera "Victoria" à la Semaine de la critique.
Mais une semaine à la fois, voici Virginie Efira avec une bonne tête de plus que Jean Dujardin. Mais pas la grosse tête toutefois. Du tout même. Toujours aussi souriante, chaleureuse, décontractée en jeans et jersey rouge avec col blanc imprimé.
Quelle fut votre première réaction à la lecture du scénario ?
J’avais entendu parler du projet et j’étais surtout très contente de le recevoir. J’aimais l’idée qu’il y a une forme de cruauté dans la comédie. Ici c’est avoir honte de la personne qu’on aime quelque part. Une façon d’en rire.
Vous n’aviez pas peur du rire que la situation pouvait provoquer ?
Non. Bien sûr, tout dépend du réalisateur. Pour moi, il n’existe pas de sujet dont on ne peut pas rire. La question c’est comment ? Avec quel degré de finesse, d’humanité, d’intelligence ? Justement, si on ne frôle pas quelque chose de complexe, de sensible, ça ne me fait pas rire. J’aimais que ce soit Jean Dujardin car je l’aime beaucoup comme acteur mais du coup, c’était un pas de côté avec le réel, on s’approche du conte, on n’est pas dans un film social.
Quand vous avez lu la première scène, avez-vous pensé : je la tiens ma grande scène à la Blier ?
Pourquoi à la Blier ?
Seule à l’écran, dans une très longue scène d’ouverture, qui impose le ton. Un défi tout de même ?
Non, je ne me dis jamais cela. Je me suis dit que ce serait chouette à jouer car c’est en plans séquences. Ce n’est que quinze secondes et puis, plan suivant. Là, on peut jouer, on peut nuancer. Comme installer une complicité, une séduction rien qu’avec la voix sans paraître totalement vorace. Je trouvais la scène plus ingénieuse que la traditionnelle voix off qui se charge de mettre en place la situation. La difficulté, c’est que je devais sortir à un moment précis car Laurent voulait une image avec le soleil qui se couche. On n’avait pas toute la journée pour réussir la scène. Cela me donne une concentration plus importante. Je n’ai pas beaucoup tourné en argentique. Avec le numérique, on sait qu’on peut recommencer beaucoup plus facilement et ça sacralise beaucoup moins. Là, il y avait une grosse contrainte, cela aide l’acteur à être encore plus dedans. La scène était très excitante à faire car le matériau est composé de petites phrases du quotidien. Je suis seule à l’écran mais Jean était dans la camionnette en bas, il me donnait la réplique à chaque fois. Si j’avais peur de quelque chose, c’est que la taille de la production avec une grosse vedette comme Jean Dujardin, empêche l’intime d’exister, que les intentions soient surlignées.
C’est une comédie romantique avec un vrai sujet.
On est le fruit de notre éducation, de notre culture. Mon personnage aimerait n’en avoir rien à foutre que Jean mesure 1,40 m mais elle y est sensible. Elle est confrontée à son conformisme. Son chemin c’est de se dire, je vais essayer quand même et les autres finiront par s’habituer à elle. Son problème, c’est le regard extérieur qui pénètre en elle. Le socialement correct.
Pourquoi rajoute-t-elle 10 cm au handicap en continuant de porter des hauts talons ?
Ça me faisait penser à Carla Bruni qui est toujours en ballerines. Visuellement, Laurent souhaitait que j’aie une longue silhouette et aussi d’accentuer le contraste avec une fille qui, à l’inverse, serait immédiatement acceptée par tous car elle est grande, plutôt mince, blonde, beau brushing et talons. Un profil de femme chic un peu normée. Après j’étais bien obligée de me construire des trucs dans la tête. Je me disais que de continuer à porter des talons, c’était une façon de noter que la taille n’est pas un problème. Si je rencontrais un homme plus petit que moi, je ne m’abstiendrais pas de porter des hauts talons.
Avez-vous parfois éprouvé la situation inverse, d’être utilisée comme un atout qu’on met en avant ?
Non. Parce que ça se voit. Je n’ai jamais éprouvé ce sentiment d’être utilisée ou alors j’utilisais l’autre aussi. Etre utilisée pour ma notoriété, non. Quand je vois ce que Jean provoque, je me dis qu’il y a peu d’hommes affolés par la notoriété. Moi, je n’ai pas une armada de jeunes hommes qui me courent derrière. C’est dommage d’ailleurs. (Rires).
Vivez-vous ce mois de mai comme un aboutissement ? Vous êtes la tête d’affiche d’une grosse production et vous êtes doublement à Cannes, en compétition dans "Elle" de Paul Verhoeven et à la Semaine de la critique avec le nouveau film de Justine Triet.
Je peux mourir au mois de juin ! (Rires). Je n’aime pas du tout le mot aboutissement mais je suis très contente. Passer du film de Laurent Tirard, à celui Justine Triet, puis celui de Paul Verhoeven, ça, c’était pour moi une forme d’aboutissement.