"Vincent" : Demi-sœurs exaspérantes
Après "Moscow", Christophe Van Rompaey se lance dans un road movie bilingue, de Gand jusqu’en Provence.
Publié le 31-08-2016 à 08h39 - Mis à jour le 31-08-2016 à 08h40
Après "Moscow", Christophe Van Rompaey se lance dans un road movie bilingue, de Gand jusqu’en Provence.Troisième tentative ! De nouveau ratée. Vincent veut sauver le monde en se suicidant. S’inspirant de l’origine du printemps arabe, il veut enclencher au moyen d’un acte fort - sa mort -, la révolution qui doit abattre le capitalisme et sauver la planète.
Mais cette fois son psychologue a fait mouche : quand on veut éveiller la conscience des terriens, on ne se suicide pas à la maison. Bien vu sans doute ! Bien parlé, on en doute. Car quand sa tante parisienne déboule à l’improviste dans la maison gantoise, l’idée de la Tour Eiffel fait rapidement son chemin. Un sacré numéro cette Nicky - Nicole tu oublies comme elle dit - disparue de la circulation pendant 6 ans et qui réapparaît sans raison - même pour le spectateur - au milieu de sa petite famille belge. Celle de sa demi-sœur Marianne qui a d’autres soucis avec ce fils qui n’arrête pas de se suicider, sa demi-fille sur le point d’accoucher d’un "accident" et la petite dernière passionnée par le piercing.
Nicky est remballée comme un Thalys. Mais à l’insu de sa mère, Vincent s’est imposé au côté de sa tante. A peine arrivé à paris, il s’asperge de white spirit sous la tour Eiffel et se retrouve à l’hôpital. Et sa famille gantoise de prendre la direction de la ville lumière.
Pamphlet écologique, tragi-comédie familiale, road movie : Christophe Van Rompaey conduit un récit à deux volants. Si on en croit le titre, Vincent est le personnage central et sa radicalité fait avancer le récit avec une pointe d’ambiguïté. Est-il un extrémiste prêt à mourir pour la cause ? Ou un dépressif cherchant à sublimer son suicide ? Peu importe, le réalisateur est sous le charme de la tante Nicky et de ses problèmes flous.
Christophe Van Rompey signe un film étrange dans la mesure où la plupart des personnages n’éveillent guère de sympathie. Marianne, la mère de Vincent, est exaspérante. Elle partage ce trait avec sa sœur, Nicky, même si les exaspérations sont différentes, l’une est plutôt une hystérique agressive alors que l’autre est du genre exaltée fofolle. Mais c’est sûr, on n’a aucune envie de passer deux heures en leur compagnie, ni avec leurs compagnons qui font tapisserie, ni avec leurs filles neuneu. Seul Vincent suscite l’intérêt, d’autant plus que son interprète Spencer Bogaert a une réelle présence, tout comme la jeune Ilona Bachelier qu’il rencontre en chemin.
Le scénario, potentiellement passionnant sur l’extrémisme, se délite rapidement en un road movie dont la direction est Nimportou en passant par Nulpart.

Réalisation : Christophe Van Rompaey. Scénario Jean-Claude van Rijckeghem. Avec Spencer Bogaert, Alexandra Lamy, Barbara Sarafian 2h03.