Sophie Marceau: "J’ai envie d’être une femme normale"

Dans "La taularde", Sophie Marceau fait preuve de la simplicité qui la caractérise. Entretien.

Patrick Laurent, Envoyé spécial à Paris
Sophie Marceau: "J’ai envie d’être une femme normale"

Les cheveux savamment décoiffés, pantalon estival, t-shirt gris et lunettes de soleil qui envahissent une bonne partie de son visage, c’est à pied, et décontractée, que Sophie Marceau arrive dans un bistro parisien pour évoquer son nouveau film, "La taularde". "J’ai mes petits trucs pour passer relativement inaperçue", lâche-t-elle un peu mystérieuse. On veut bien la croire, même si on l’a repérée au premier coup d’œil.

"Je ne veux surtout pas me plaindre mais les conséquences de la notoriété sont telles que je suis obligée de me protéger, de me cacher. C’est chiant parce que moi, j’ai envie d’être une femme normale, de me promener tranquillement dans la rue. J’y arrive mais c’est clair que la notoriété me coupe de beaucoup de choses. Il n’y a jamais de phase de découverte, par exemple. Les gens ont d’office une image de moi avant même de me rencontrer. En quelque sorte, Sophie Marceau arrive toujours avant moi, si vous voyez ce que je veux dire (rire). C’est pour ça que je cherche avant tout la vérité des rapports humains, la spontanéité et la simplicité."

La préférée des Français

Des traits de caractère qui expliquent sans doute pourquoi elle est aujourd’hui l’actrice préférée des Français. Mais aussi la deuxième femme, derrière Simone Veil. "Cela veut dire que le public m’accepte aussi bien dans le glamour que dans la simplicité. Et ça, c’est super. Un des grands pièges de notre métier, c’est de se perdre dans l’image. Lors de la sortie d’un film, il y a les interviews, les photos, on est partout et c’est facile de perdre la tête. C’est pour ça que j’ai besoin de rester dans la vraie vie : je suis une terrienne, j’aime avoir les pieds sur terre."

Mais aussi la tête dans les étoiles. Après quelques comédies romantiques, elle revient dans "La taularde" (qui sort en salle ce mercredi et dont on lira la critique dans "La Libre Culture" du jour) dans un rôle surprenant, celui d’une femme qui fait évader l’homme qu’elle aime tout en sachant que cela lui vaudra un séjour en prison. "Les mecs, on sait souvent pourquoi ils sont en prison : braquages, phénomène de bandes, etc. Les femmes, elles, s’y retrouvent souvent à cause de leur passion, de sentiments ravageurs mais aussi de leur dévouement et de leur sens du sacrifice. Généralement, elles font des folies par amour pour un homme. Elles sont tournées vers l’intérieur, les émotions, alors que les hommes le sont plus vers l’extérieur, les revendications ou les faits de société. Quoique cela évolue - on voit désormais des femmes aussi poser des bombes - les femmes sont plus dans le psychologique, les hommes dans les apparences. Un film sur les prisons de femmes est donc forcément moins cliché, plus intime, plus profond, plus complexe. Ce que fait Mathilde paraît aberrant, mais cela s’est déjà réellement produit."

Tout en reconnaissant qu’elle n’irait pas aussi loin par amour, Sophie Marceau comprend parfaitement son personnage. "Dans la vie, toute face a son revers. Si une femme peut donner la vie, elle peut aussi tuer sans état d’âme, même si elle dispose de raisons profondes."

Nu intégral

Des raisons, elle en trouve pour justifier un déshabillage intégral d’entrée de film. "Pourquoi aurais-je refusé de la tourner ? Elle est indispensable. Cette mise à nu correspond à la réalité des prisons, pour vous humilier, vous dépouiller des vêtements qui font partie de votre personnalité, pour vous montrer que vous n’êtes plus rien d’autre qu’un numéro. On ne peut pas comprendre à quel point elle est niée et rabaissée sans cela. Moi, la nudité ne me pose aucun problème du moment que le réalisateur me convainc de son importance. Aucune actrice n’a spontanément envie de se déshabiller devant une caméra. Il faut une bonne raison, le cerveau doit suivre…"

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