"Sing Street" : Rock around sixteen

"I feel good", chantait James Browm. "I feel good movie", répond John Carney.

Fernand Denis

"I feel good", chantait James Browm. "I feel good movie", répond John Carney.Pretty, face, cheveux façon Ally Sheedy dans "Breakfast Club", jeans moulant; le destin se tenait debout sur un escalier extérieur.

Pour Conor, elle est la plus belle fille du monde sur le trottoir en face de l’école. Elle semblait attendre quelque chose, tout sauf ce gamin de 15 ans venu lui demander de participer au tournage de son clip. Convaincant, elle a fini par dire oui. Il ne restait plus à Conor qu’à former un groupe, écrire une première chanson, imaginer un scénario de clip. En dix jours.

Combien de films ont raconté les exploits de ces jeunes héros intrépides qui se sont lancés à l’assaut de la belle inaccessible. "Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait" , disait Mark Twain.

Ça ne donne pas souvent des films bien passionnants au-delà de 18 ans (voir Tamara ci-contre); pourquoi "Sing Street" donne-t-il envie d’en avoir à nouveau 16 alors que Conor est dans une mauvaise passe, ses parents n’ayant plus les moyens de lui payer les jésuites, l’on envoyé chez les Frères, plus sadiques.

Parce que Conor a un déclic, une étincelle. Une fille sur un escalier lui a montré sa direction.

Parce que les premiers pas de son groupe "Sing Street" sont aussi touchants que ceux d’un bébé. Il est aussi difficile de trouver le point d’équilibre entre les jambes, les bras et le tronc, que celui entre chanteur, batteur, bassiste, claviers et guitariste.

Parce que Conor est influençable. Et qu’est-ce qu’on a vu défiler comme groupes et comme looks dans les années 80 : Duran Duran, Depeche Mode, The Cure. "Le rock’n’roll, c’est prendre le risque d’être ridicule", aime lui dire son frère.

Parce que, justement, Conor a un grand frère, sorte de chœur antique à lui tout seul, qui analyse la situation et propose des solutions en vinyle à son frangin.

Parce que c’est un film musical et que John Carney aime la musique. Son dernier "New York Melody" racontait la carrière d’une jolie chanteuse (Keira Knightley) prise en charge par un producteur has-been (Mark Ruffalo). Il ne coupe pas dans les chansons, la musique n’est pas un décor, elle est l’âme du film, le cœur qui bat du héros.

Parce qu’on est entre anonymes, que Ferdia Walsh-Peelo est idéalement profilé, avec ce mélange de rage et d’enfance dans le regard.

Parce que Carney, mine de rien, mène un combat pas très culturellement correct, en faveur du clip. Il se l’approprie idéalement pour passer en toute fluidité de la réalité du groupe aux rêves de ses membres.

Parce que le feel good movie vintage aux pépites d’humour est une spécialité irlando-britannique. Comme "Billy Elliot" ou "Eddie the eagle", "Sing Street" sent le vécu. Celui d’un réalisateur qui attendu de maîtriser la mise en scène pour faire vibrer l’écran. Avec des fausses notes.

"Sing Street" : Rock around sixteen
©IPM

Réalisation : John Carney. Avec Ferdia Walsh-Peelo, Lucy Boynton, Jack Reynor. 1h46

Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...