Ce prix qui pose problème aux Golden Globes (Commentaire)

Son discours de remerciement de huit minutes a abondé sur la nécessité de mettre fin à la culture sexiste et au harcèlement sexuel, non seulement dans le monde du spectacle mais dans tous les secteurs de la société. Oprah Winfrey a salué "le dévouement infatigable" de longue date de militantes du droit des femmes et de journalistes.

Mais ni la récipiendaire, ni aucune personnalité présente, n'a souligné le paradoxe de remettre dans ce contexte un prix portant le nom d'un réalisateur et d'un producteur qui a contribué à forger la culture mâle, blanche et autocratique de l'industrie hollywoodienne - nonobstant son talent artistique.

Un geste fort, démontrant la sincérité des voeux de changement, n'aurait-il pas consisté à prendre prétexte de cette 75e édition charnière pour rebaptiser ce prix du nom d'une artiste féminine (ou d'un nom neutre) ?

Si Hollywood veut changer sa culture - comme la société en général - ne serait-il pas temps de se doter de modèles plus récents et exemplaires ?

Succédant à Oprah Winfrey pour remettre le prix de la meilleure réalisation, Natalie Portman a commencé sa présentation de la sorte : "Et voici la liste des nominés exclusivement masculins". Un rappel que pour une année riche en films (de qualité) réalisés par des femmes, pas une seule ne fut nommée dans sa catégorie. Il y aurait même eu matière, dans un geste symboliquement provocateur et de démonstration par l'absurde du sexisme inconscient, à ne retenir cette année comme finalistes QUE des femmes réalisatrices.

Le jour nouveau pointe peut-être, mais sa lumière reste ténue.