"Le collier rouge" : François Cluzet dans un film poussiéreux
Publié le 28-03-2018 à 08h21
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Sous le tilleul devant la prison militaire, un chien aboie, jour et nuit. Inlassablement. Seule la mort l’arrêtera. Ou la sortie de son maître. Qu’a-t-il bien pu faire ? On emboîte le pas du juge militaire venu instruire l’affaire du soldat Mornac, coupable d’outrage à la nation.
On ne révélera pas la nature de cet outrage, c’est la seule surprise d’un film qui, bien que parlant et aboyant en couleurs, semble avoir été tourné à l’époque des faits, en 1919. Ce n’est pas du cinéma de papa - oh que non !, papa était l’immense Jacques Becker l’auteur de "Casque d’or"- mais d’arrière-grand-papa. D’ailleurs, on est régulièrement secoué par des salves d’éternuements tant le film est poussiéreux, compassé, académique, pompier.
François Cluzet, Nicolas Duvauchelle et le chien y mettent tout leur cœur mais ça ne mord pas.
Certes Jean Becker ne s’est jamais distingué par sa modernité. Mais dans son passéisme revendiqué, il invitait à redécouvrir certaines valeurs comme des légumes oubliés. "Les enfants du Marais" respirait la nostalgie du terroir et "Dialogue avec mon jardinier" cultivait l’amitié impressionniste. Jean Becker filme à contre-courant et il assume. En adaptant "Le collier rouge" de Jean-Christophe Ruffin, il dévoile qu’une motivation (politique) peut en cacher une autre, moins avouable. Le problème, c’est qu’il met en scène dans un musée. La comparaison est cruelle avec "Les Gardiennes" de Xavier Beauvois qui traite de la même époque.

Réalisation : Jean Becker. Scénario : J. Becker et J-C Ruffin. Image : Yves Angelo. Avec François Cluzet, Nicolas Duvauchelle, Maurane… 1h23.