"The Place", une intrigue de comptoir, vaine transposition de la série "The Booth at the End"
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Publié le 13-06-2018 à 12h01
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Chaque jour, un homme (Valerio Mastandrea) est assis dans le fond d’un bar, au coin d’une rue. Tel un avocat, il reçoit la visite de diverses personnes, des clients qui ne le paient pas mais qui le consultent sur la manière d’assouvir un rêve ou un fantasme : un garagiste fantasme sur une nuit avec la playmate de son poster favori, une femme âgée souhaite que son mari retrouve toute sa tête, un flic cherche à renouer avec son fils, une jolie femme aspire à devenir plus belle, une nonne recherche sa foi perdue, un aveugle recouvrer la vue… L’homme les écoute, prend des notes dans son calepin, en tourne les pages où il trouve une mission - en apparence impossible - qu’il attribue à chacun et dont, assure-t-il, l’accomplissement permettra la réalisation de leur désir. Au hasard : protéger une gamine inconnue d’un enlèvement, déposer une bombe dans un restaurant, commettre un casse ou un viol… L’Italien Paolo Genovese ("Perfect Stangers") transpose au grand écran une mini-série américaine vieille de huit ans ("The Booth at the End"). Les prémices pourraient augurer d’un thriller ou d’un film fantastique. Mais point d’action ou d’extrapolation ici : tout le récit est circonscrit à cette table de bar et aux échanges entre l’énigmatique démiurge et ses singuliers clients. On ne sait jamais d’où il tire sa réputation et par quel biais ils arrivent chez lui. On pourrait accepter le non-dit si l’intrigue véhiculait quelque réflexion métaphysique ou existentialiste. Qui commettra l’innommable pour assouvir son fantasme ? Qui se révoltera contre le marionnettiste ? Ce pourrait être une métaphore ironique de la thérapie transactionnelle - mais le film se prend trop au sérieux pour offrir ce regard décalé.
Ce qui tenait dans un format court à la "Quatrième dimension" tourne vite à l’exercice de style, prétexte à performances pour casting italien "all star" (Marco Giallini, Alba Rohrwacher, Rocco Papaleo,…). On perd patience plus vite que les visiteurs. Et on se demande quel pacte Genovese a signé pour signer un film si vain.
Réalisation : Paolo Genovese. Avec Valerio Mastandrea,… 1h45.
