Pour Victor Polster, le tournage de "Girl" ne fut pas une partie de plaisir
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- Publié le 17-10-2018 à 10h40
- Mis à jour le 17-10-2018 à 11h08
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"La danse, c’est essayer d’exprimer des émotions avec son corps. Donc j’ai utilisé la danse dans mon jeu d’acteur".Sa taille est fine et sa bouche pulpeuse, on ne regarde pas Victor Polster comme n’importe quel garçon depuis qu’il a estomaqué le festival de Cannes en incarnant Lara dans Girl de Lukas Dhont. À tel point que le jury de "Un certain regard" lui a décerné le prix d’interprétation tout court, sans préciser masculine ou féminine. Trois mois plus tard, c’est un beau jeune homme qui nous attend, impatient de voir le film enfin atteindre les écrans. En ce samedi matin - école oblige -, T-shirt et pantalon de velours, ce Bruxellois de 16 ans entame avec un doux sourire le marathon d’interviews précédant les sorties française et belge de Girl.
Avez-vous été coaché pour les interviews ?
Oui, avant Cannes. Je n’avais jamais fait cela. C’était pour m’aider à formuler des réponses. Au début, je partais dans de longues digressions, alors on m’a entraîné à répondre de façon plus précise et moins longue. Sans cela, j’aurais été trop stressé.
Quel souvenir gardez-vous de Cannes ?
L’accueil du film après la première projection a été un choc pour tout le monde. C’est un lieu qui ne me semblait pas réel. Quand vous vous trouvez au même endroit ou à table avec Léa Seydoux, Cate Blanchett ou Benicio del Toro, c’est assez irréel. Après, cela faisait du bien de revenir à la réalité, de recommencer la danse, de passer mes examens.
Depuis quand pratiquez-vous la danse ?
Depuis toujours, me dit ma maman. On dansait beaucoup ensemble quand j’étais petit. Un jour, près de chez moi, une journée portes ouvertes était organisée dans une école de danse amateur. J’avais envie et j’ai commencé les cours à 9 ans. J’en ai fait de plus en plus dans d’autres écoles. Et comme j’aimais vraiment, que j’avais envie d’en faire mon métier, on en a parlé avec mes parents et on m’a inscrit à l’école royale de ballet d’Anvers où je suis les cours normaux et des cours de danse. Ça me donne les bases du classique et je commence à faire du contemporain, ce que j’aimerais faire plus tard. C’est l’endroit idéal.
Comment s’est déroulé le casting de Girl ?
J’ai passé le casting de la danse pour un rôle secondaire. Après ce premier casting, Lukas m’a contacté pour le casting du rôle principal. Je n’étais pas stressé car je ne pensais pas faire du cinéma. Si Lukas ne m’avait pas contacté, je ne me serais pas présenté. D’ailleurs, je n’étais pas au courant. Mais je suis très content de l’avoir fait car j’ai découvert un autre milieu. Et j’espère refaire du cinéma.
Cette expérience a-t-elle modifié la ligne que vous vous étiez tracée ?
Un peu, pas complètement. Ce que je veux, c’est finir mes études et danser. Je sais que je vais chercher du travail dans la danse, pas dans le cinéma. La danse, c’est contraignant, il faut s’entraîner tous les jours. Si j’accepte un autre film, il faut que j’aime beaucoup le projet car tout en faisant le film, je ne pourrai pas abandonner la danse complètement.
Comment vous êtes-vous préparé à faire parler votre corps qui souffre sasn pouvoir le montrer ?
Pour le danseur, le corps est son outil de travail. La danse, c’est cela, essayer d’exprimer des émotions avec son corps. Donc, j’ai utilisé la danse dans mon jeu d’acteur.
Quel est l’élément sur lequel vous avez travaillé pour communiquer ce sentiment que vous êtes une fille dans le film ?
C’est bizarre à dire, mais je ne sais pas comment j’y suis arrivé. Mentalement, je me disais que j’étais une fille et je me suis mis à bouger comme une fille. J’ai passé beaucoup de temps à observer les filles de ma classe, la façon dont elles bougeaient en dehors de la danse. Me voir en tant que fille m’a aidé aussi. Et puis Lukas me disait des choses sur le plateau. Il savait que cela me touchait. Il savait comment s’y prendre pour me mettre dans un certain état. Ce n’était pas agréable car on n’a pas toujours envie de remuer ces émotions-là car elles sont fortes, pas très joyeuses, et c’est compliqué d’en sortir. Ce n’est pas un processus agréable mais il était nécessaire pour que les gens puissent y croire.
Vos pieds en sang, c’est du maquillage ?
Un petit peu pour la caméra, mais c’était assez douloureux car mes pieds n’étaient pas entraînés pour faire des pointes. J’ai suivi un entraînement pour être sûr de ne pas me blesser mais mes pieds n’ont pas eu le temps de changer physiquement.
Un tournage, ce n’est pas une partie de plaisir.
C’est compliqué à dire. Sur le moment, ce n’est pas très joyeux mais en même temps, c’est tellement beau et la relation avec les gens pendant le tournage est tellement spéciale. J’en garde un souvenir très fort.