"Qu'est-ce qu'on a encore fait au bon Dieu?": une suite plus consensuelle et moins drôle
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- Publié le 31-01-2019 à 16h32
- Mis à jour le 04-02-2019 à 11h58
Philippe de Chauveron signe une suite jamais drôle de sa comédie franchouillarde à succès, qui, en 2014, avait réuni plus de 12 millions de spectateurs.
En 2014, alors que planait en arrière-plan la montée dans les sondages du Front National de Marine Le Pen, plus de 12 millions de Français (et quelque 420 000 Belges) allaient exorciser leurs peurs au cinéma face à Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu?, le carton surprise de l’année. Qu’il faisait bon, alors, de rire aux mésaventures de la très bourgeoise famille Verneuil, dont le patriarche (Christian Clavier) et sa dévote épouse (Chantal Lauby) découvraient, atterrés, que la dernière de leurs filles allait épouser... un Ivoirien. Et ce alors que ses trois sœurs avaient, elles, choisi un juif, un Arabe et un Asiatique.
Mais s’agissait-il d’exorciser ses peurs ou ses démons? Dans Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?, sous couvert de se moquer du politiquement correct, on riait du racisme tout en réactivant justement toute une panoplie de clichés racistes, à travers un humour franchouillard poussiéreux. Même si, à la fin, on chantait tous ensemble La Marseillaise, preuve de l’unité républicaine de la France du XXIe siècle...
Conforté dans cette optique par le succès délirant de Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu?, de Chauveron a poussé plus loin la caricature dans le pathétique Débarquement immédiat (sur les réfugiés en 2016) et le rance À bras ouverts (sur les Roms en 2017). Avec Qu’est-ce qu’on encore fait au Bon Dieu?, en salles depuis mercredi (sans que le film ait été montré en amont à la presse), le cinéaste creuse le même sillon mais semble s’être quelque peu assagi...

Jouant exactement sur les mêmes ressorts "comiques" que le premier volet, cette suite voit nos quatre beaux-frères – les filles passent ici totalement au second plan – décider quitter la France avec femme et enfants, direction Tel-Aviv, Alger, Shanghai et Bombay (Abidjan, faut pas pousser quand même...). Et notre couple de Tourangeaux de tout faire pour tenter de faire rester leurs filles en France.
Mais l’effet surprise est passé. Mal écrites, très plates, les situations s’enchaînent sans éclats, sans rythme, charriant tous les thèmes mis sur la table depuis des années par la droite dure: les étrangers, les réfugiés (avec l’arrivée d’un Afghan dans la paroisse de Chinon), la perte de la masculinité, le déclin de la France, le communautarisme, l’insécurité, le terrorisme et, bien sûr, le mariage pour tous et la loi Taubira. Tout cela, à nouveau, pour rire, de façon assez déplaisante, de ce que le film prétend dénoncer. Avant un retour totalement consensuel (et pour tout dire très macronien) dans l’amour de la France et de la différence.
Enfin, rire est un bien grand mot. Cet après-midi, dans une salle clairsemée et devant un public éclectique, les rires ne fusaient pas vraiment. Car, comme le balance l’une de ses filles à Christian Clavier: "Ce serait de l’humour, on rirait, papa..."


Qu'est-ce qu'on a encore fait au bon Dieu? (comédie franchouillarde), de Philippe de Chauveron. Scénario Philippe de Chauveron & Guy Laurent. Avec Christian Clavier, Chantal Lauby, Frédéric Chau, Frédérique Bel, Emilie Caen, Ary Abitan... Durée 1h39.