"Vice", une satire au vitriol de la politique américaine, avec un Christian Bale méconnaissable

Dans l’histoire récente des Etats-Unis, le grand méchant de l’establishment républicain, dont le nom revient depuis plus de 50 ans, est toujours Donald Rumsfeld, qui fut de tous les mauvais coups depuis l’administration Nixon. Vice s’intéresse pourtant à un autre homme politique de l’entourage de l’ancien président George W. Bush, son vice-président Dick Cheney. Dans une biographie au vitriol d’un homme de l’ombre dont l’influence sur la politique américaine fut pourtant considérable (cf. ci-dessous). "Ce qui suit est inspiré de faits réels. Ce ne fut pas facile, car Dick Cheney est l’un des gouvernants les plus discrets. Mais, putain, on a fait de notre mieux !" Le carton d’ouverture donne le ton…

Une comédie drôle et pédagogique

Vice (titre évidemment à double tranchant), Adam McKay l’a conçu exactement comme son film précédent, l’excellent The Big Short , passionnante exploration des mécanismes de la crise financière de 2008 qui lui avait valu l’Oscar du meilleur scénario en 2016. Les ingrédients sont identiques : un rythme endiablé hérité de la comédie - on doit par exemple à McKay des niaiseries comme Very Bad Cops ou Anchorman - et un parfait équilibre entre une mise en scène efficace, inventive (avec adresses au spectateur, chronologie explosée, digressions politiques, utilisation des archives…) et un vrai sens de la pédagogie, pour faire plonger le spectateur dans les méandres de la politique américaine. Pour lui faire comprendre, entre autres, le concept de "pouvoir exécutif unitaire" développé par Cheney et son entourage. Soit une interprétation radicale de la Constitution donnant tout le pouvoir (y compris celui d’autoriser la torture) au Président des Etats-Unis. Non pas en l’occurrence à Bush Jr mais à son éminence grise, Dick Cheney…

La thèse de McKay est en effet que l’ancien ministre de la Défense de Bush père a attendu d’être certain de l’incompétence du fils pour accepter de se présenter en ticket avec lui aux présidentielles de 1999. Afin, une fois installé dans son bureau de Vice-Président, de pouvoir tirer les ficelles du pouvoir dans l’ombre, au profit notamment du géant du pétrole dont il était PDG : Hallyburton.

Comme dans The Big Short, McKay fait confiance à Christian Bale (méconnaissable sous le maquillage en Cheney), Steve Carell (qui campe un Donald Rumsfeld savoureux) ou encore Amy Adams (en Lynne Cheney, l’éminence grise de l’éminence grise). Tandis qu’il embarque dans l’aventure des petits nouveaux comme Sam Rockwell (parfait en George W. Bush) ou encore l’Anglais Eddie Marsan (excellent en Paul Wolfowitz). Tous s’en donnent à cœur joie, dans une satire magistrale menée tambour battant, capable de nous plonger dans les nids de vipères de la politique de Washington, tout en offrant du vrai divertissement. Bref, du grand cinéma hollywoodien !

Vice Comédie politique De Adam McKay Scénario Adam McKay Musique Nicholas Britell Avec Christian Bale, Amy Adams, Steve Carell, Sam Rockwell, Eddie Marsan… Durée 2h12.

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