9 jours de regards documentés sur le monde au Festival Millenium
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- Publié le 05-03-2019 à 12h59
- Mis à jour le 06-03-2019 à 09h34
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Du 22 au 30 mars, le Festival Millenium interroge l’état d’une société malade. Depuis sa création en 2009, le Festival Millenium s’est imposé - surtout depuis la fin de "Filmer à tout prix", faute de subsides - comme le principal rendez-vous documentaire à Bruxelles. Pour sa 11e édition, le rendez-vous est resté fidèle à son objectif initial : "Mettre en lumière les thèmes liés aux enjeux et objectifs du XXIe siècle adoptés en 2000 par les Nations unies." Mais aussi "nourrir le regard et le débat critiques". Comme le rappelle Zlatina Rousseva, directrice artistique d’un festival qui permettra au public bruxellois de découvrir pas moins de 80 documentaires.
Le droit des femmes
À travers ses compétitions et sections annexes, Millenium explore cette année différents thèmes qui, tous, interrogent les failles de la société telle qu’elle dysfonctionne actuellement. Un des axes choisis est ainsi celui du droit des femmes. Et ce dès le film d’ouverture, ce 22 mars à Bozar : Too Beautiful - Our Right to Fight. Maceo Frost y documente le combat de Namibia Flores Rodriguez pour être reconnue dans son pays. Il s’agit en effet de la seule boxeuse de Cuba, un pays qui interdit la boxe aux femmes. L’ambiance musicale sera ensuite assurée par l’ensemble Refugees for Refugees.
Le 30 mars, pour la clôture, c’est toujours une femme qui sera mise à l’honneur. Et quelle femme ! Dans On Her Shoulder (photo), l’Américaine Alexandria Bombach dresse le portrait de Nadia Murad, jeune Yézidie de 23 ans qui a survécu à l’enfer de Daech et qui, depuis, témoigne dans le monde entier sur le sort réservé à son peuple. Ce qui lui a valu de partager, l’année dernière, le Prix Nobel de la Paix avec le Congolais Denis Mukwege.

Des vies de réfugiés
Durant les neuf journées du festival (la dernière étant entièrement consacrée aux projections des huit films qui seront primés par les différents jurys), il sera à nouveau beaucoup question de l’accueil des réfugiés. Dans Cœur de pierre, les Français Claire Billet et Olivier Jobard ont par exemple suivi durant 8 ans Ghorban, jeune Afghan débarqué seul en France à l’âge de 12 ans, pour enregistrer le destin d’un adolescent déraciné.
Dans Easy Lessons et Paperland, Dorotha Zurbo et Marie van Vollenhoven tirent, elles aussi, le portrait de réfugiés en Hongrie et aux Pays-Bas. Tandis que le Belge Sam Peeters observe dans Azadi le transit des migrants par l’île de Lesbos, suite à l’accord signé entre la Turquie et l’Union européenne. Quand, dans The Way Back, Maxime Jennes et Dimitri Petrovic retracent, eux, un trajet en sens inverse, celui d’Hussein qui, après un an passé à Bruxelles, tente de retourner à Bagdad.
Le Tchèque Jan Gebert a quant à lui enquêté dans When the War Comes sur la montée d’un groupe paramilitaire, les "Recrues slovaques", qui se préparent à une guerre… contre les migrants.

Les dégâts de la surconsommation
Enfin, Millenium illustrera également cette année les ravages du capitalisme, à travers un fil rouge "Consommer à tout prix". Où il sera notamment question de la façon dont Internet et l’obsolescence programmée nous poussent à consommer toujours plus, jusqu’à l’obsession. Avec des conséquences dramatiques pour l’environnement et les hommes. Comme le montrent par exemple Jasmin Herold et Michael Beamish dans Dark Eden, qui ont planté leurs caméras dans le grand nord canadien, à Fort McMurrray, où se trouve la plus grande réserve pétrolière au monde, avec les dégâts environnementaux irréparables que l’on imagine.
À des milliers de kilomètres de là, les Autrichiens Christian Krönes et Florian Weigensamer s’intéressent dans Welcome to Sodom (photo) à la plus grande décharge électronique de la planète, près d’Accra au Ghana. Une zone considérée comme la plus toxique au monde, où travaillent et vivent 6 000 personnes et où sont déversées chaque année 250 000 tonnes d’ordinateurs et autres téléphones portables venus d’Occident…
Dans La vie d’une petite culotte, Stéfanne Prijot remonte à la source d’un banal bout de tissu qu’on enfile tous les jours. Allant à la rencontre de paysans dans des champs de coton ouzbeks, de teinturiers indiens ou de militants syndicalistes dans les usines de confection indonésiennes, il interroge le sens de la mondialisation.

Portrait social de l’Amérique
Avec ses focus thématiques, Millenium abordera la question du climat (dans le cadre d’une journée "Docs for Climate", le dimanche 24 mars) mais proposera également à Bozar un alléchant "Panorama America". À travers 7 films, Millenium dressera la sociologie d’une Amérique malade. Malade du changement climatique dans Losing Alaska de Tom Burke (sur la petite ville de Network, en train de disparaître). Malade de son idéologie guerrière dans Freedom is a Big Word, dans lequel Guillermo Rocamora a suivi la réinsertion, en Uruguay, d’un ancien prisonnier de Guantanamo. Mais surtout malade des injustices sociales, dans un pays où les trois hommes les plus riches (Jeff Bezos d’Amazon, Bill Gates de Microsoft et Warren Buffet) possèdent autant de richesses que la moitié la plus pauvre de la population, soit 162 millions de personnes !
Dans Generation Wealth (photo), Lauren Greenfield est ainsi partie à la rencontre des ultra-riches. La photographe et cinéaste sera présente à Bozar, le lundi 25 mars, pour présenter ce portrait grotesque d’une classe sociale décadente en rupture avec le reste de la société. Tandis qu’après le déjà passionnant Nouvelle-Orléans, Laboratoire de l’Amérique en 2017, Alexandra Kandy Longuet (diplômée de l’IAD) livre, elle, le portrait d’un motel qui accueille au contraire les perdants de l’American Dream, dans Vacancy (qui sortira en salles le 3 avril prochain).

En savoir plus
- Du 22 au 30 mars dans 6 cinémas de la capitale.
Infos et réservations : 02.245.60.95 ou www.festivalmillenium.org.