"Trois jours à Quiberon", le portrait émouvant de Romy Schneider un an avant sa mort
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Publié le 29-05-2019 à 10h06 - Mis à jour le 29-05-2019 à 11h38
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Marie Bäumer, mimétique dans un portrait émouvant de Romy Schneider qui, un an avant sa mort, veut encore croire en la vie.
En 1981, Romy Schneider passe quelques jours dans un grand hôtel de Quiberon, entre cure de thalassothérapie et de désintoxication. La star autrichienne (Marie Bäumer,) y est rejointe par une vieille amie (Birgit Minichmayr), mais aussi par son ami photographe Robert Lebeck (Charly Hübner) et par le journaliste Michael Jürgs (Robert Gwisdek). Alors qu’elle tente un come-back au cinéma, l’actrice a en effet accepté de se confier dans un long entretien donné à l’hebdomadaire allemand Stern.
Une actrice mimétique
C’est de cette interview et des clichés de Lebeck que s’est inspirée Emily Atef pour retracer ces 3 jours à Quiberon. Optant pour un noir et blanc nostalgique et évocateur, la cinéaste franco-iranienne née à Berlin met en scène avec pudeur ce moment difficile de la vie de Romy, campée par une Marie Bäumer mimétique.
Tournant depuis le milieu des années 1990, l’actrice allemande campe une Romy très convaincante, aussi à l’aise en allemand qu’en français. Rien d’étonnant puisque Bäumer vit en France depuis plus de dix ans. Ses deux derniers films, Pour ton anniversaire (2014) et En équilibre (2015), avaient d’ailleurs été tournés avec Denis Decrourt (La tourneuse de pages). Et son bilinguisme parfait est loin d’être un détail. Car, à travers cette longue confession, le film porte essentiellement sur la double identité culturelle, franco-germanique, de Romy Schneider. Alors qu’en Autriche et en Allemagne, tout le monde veut continuer à voir en elle une Sissi immaculée, image imposée par sa mère, la grande comédienne Magda Schneider, très vite, Romy a en effet choisi l’exil en France pour casser cette image, en tournant dans des films plus sérieux, plus dramatiques.
A la question que lui pose une énième fois le journaliste à propos de Sissi, l’actrice répond : "Je ne suis pas Sissi. Je suis Romy Schneider, une femme de 42 ans malheureuse." C’est ce sentiment déchirant qu’ausculte avec délicatesse Atef, dans une évocation juste du destin tragique de la star, qui trouvera la mort un an plus tard, en 1982, dans des circonstances toujours indéterminées - le suicide ou l’overdose d’alcool et de médicaments étant souvent évoqués…
Une polémique en France
Présenté en Compétition à la Berlinale en février 2018, où il avait été accueilli assez chaleureusement, 3 jours à Quiberon a provoqué une forte polémique lors de sa sortie en France il y a un an. La fille de Romy Schneider, Sarah Biasini, avait en effet décrit le film d’Emily Atef comme un "film malsain et opportuniste, avec une volonté de dégrader l’image" de sa mère, dont la cinéaste n’aurait pas respecté la mémoire. Son argument principal étant de préciser que l’actrice n’était pas en cure de désintoxication à Quiberon, mais en simple thalassothérapie.
Si l’on comprend évidemment la réaction épidermique d’une fille vis-à-vis de sa mère, présentée à l’écran comme alcoolique, la cinéaste franco-iranienne dresse pourtant un portrait douloureux de Romy Schneider, une femme ravagée par la mort de son fils David et par sa séparation avec son mari Daniel Biasini (le père de Sarah Biasini). Mais une femme qui, justement, tente de reprendre goût à la vie et au cinéma. Notamment dans une très belle scène avinée dans un petit restaurant de Quiberon où l’on retrouve une Romy joyeuse et pleine de vie…
Le film sort à Flagey du 1er au 20 juin, dans le cadre d’un cycle Romy Schneider organisé par la Cinematek jusqu’au 28 août.