Mostra de Venise : Brad Pitt, superstar sur le Lido
Publié le 29-08-2019 à 22h15 - Mis à jour le 30-08-2019 à 20h23
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Jeudi, la 76e Mostra de Venise a entamé sa première vraie journée de compétition avec notamment l’un des films les plus attendus de la quinzaine : Ad Astra de James Gray. Étonnamment, ce film de science-fiction hollywoodien résonne avec le film d’ouverture présenté la veille, La Vérité d’Hirokazu Kore-eda, qui filmait les retrouvailles entre une mère et sa fille, campées par Catherine Deneuve et Juliette Binoche. Et notamment à travers un film dans le film imaginant les relations entre une fille et sa mère astronaute. C’est l’exact argument d’Ad Astra.
Dans un futur relativement proche, le film met en effet en scène Roy McBride (Brad Pitt), un brillant astronaute de l’armée américaine chargé d’une mission top secrète : tenter d’entrer en contact avec l’équipage du Projet Lima, disparu une quinzaine d’années plus tôt aux confins du système solaire, en orbite autour de Neptune. Chargée de rechercher des formes d’intelligence extraterrestres, cette expédition était emmenée par le père de McBride (Tommy Lee Jones), devenu un héros sur Terre…
Depuis The Lost City of Z en 2017, on connaît le goût de James Gray pour le cinéma d’aventures. Mais, cette fois encore, le genre n’est ici que prétexte à la mise en scène d’un récit plus intimiste. Comme à la fin de son film précédent, on retrouve en effet un fils partant sur les traces d’une figure paternelle ayant tourné le dos à sa famille pour poursuivre une chimère.
Aventures intimes
Par ses thèmes et le choix du genre, Ad Adstra appartient pleinement à la filmographie de Gray. Jeudi après-midi, le cinéaste new-yorkais s’en amusait en conférence de presse. "Cette histoire, je l’ai faite dix millards de fois. C’est la raison pour laquelle on a voulu faire ce film. Avant de me lancer dans la production, j’avais lu une citation disant : ‘L’Histoire et le mythe naissent dans les microcosmes les plus personnels.’ On a cherché à placer une histoire toute petite face au macroscope que représente l’espace."
Dans la première heure d’Ad Astra, on sent le cinéaste américain vraiment heureux de relire les codes des films de science-fiction et d’aventures, avec par exemple une étonnante course-poursuite en rovers sur la Lune. Parmi ses références, Gray cite de grands classiques de la littérature, comme les romans de Conrad ou de Melville. "Quand, dans le film, Tommy Lee Jones dit : ‘Cela fait 30 ans que je fais ça’ , je l’ai volé à Moby Dick. Je voulais utiliser des thèmes et des arguments éternels. Peut-être que certaines phrases ou expressions peuvent sembler vieillottes mais c’est volontaire car le protagoniste de ce film, c’est l’espace."
À mesure que le film avance, il glisse de plus en plus vers la noirceur. Le cinéaste ne se contente pas en effet d’explorer les relations entre un fils et un père absent. Il recherche, de manière assez maladroite par moments, une profondeur métaphysique, en mettant en scène la quête désespérée d’une humanité condamnée, pour sa survie, à se tourner vers les étoiles (Ad Astra), à la recherche d’un signe divin ou provenant d’une autre civilisation…
Brad, acteur et producteur
Brad Pitt s’est beaucoup impliqué dans Ad Astra, non seulement en tant qu’acteur mais aussi en tant que producteur, via sa société Plan B, qui avait déjà produit The Lost City of Z. "James et moi sommes amis depuis les années 1990. On a toujours parlé de faire quelque chose ensemble. Après son dernier film, il est arrivé avec cette histoire. James est au maximum de sa capacité à mettre en scène des héros cinématographiques, avec sa propre voix et sa propre vision. James et moi nous sommes assis et avons parlé franchement. Et c’était très intéressant pour moi en tant qu’homme, fils et père. On a donc développé cette histoire", explique l’acteur, balayant d’un revers de la main toutes les questions relatives à son statut de star ou de sex-symbol.
Quasiment en permanence à l’écran, souvent seul, Brad Pitt livre une prestation tout en intériorité, passant par toute une palette d’émotions. "On essaye souvent de se le cacher mais chacun de nous porte en lui les douleurs et les blessures de son enfance, commente-t-il. Le rôle d’un acteur, c’est d’utiliser sa connaissance de cette douleur pour la transmettre à son personnage et au public. Avec James, on a des rapports qui nous permettent d’exprimer ces moments embarrassants, délicats de notre vie, où l’on a par exemple, inconsciemment, blessé quelqu’un. En tant qu’acteur, il faut utiliser cette richesse émotionnelle pour la transmettre à l’écran."
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