Olivier Masset-Depasse remporte son « Duelles » : 9 Magritte
Olivier Masset-Depasse est un réalisateur doué et très sympa, il a beaucoup d’amis. Comment expliquer autrement son carton plein de prix ?
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- Publié le 02-02-2020 à 12h30
- Mis à jour le 07-02-2020 à 17h59
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Olivier Masset-Depasse est un réalisateur doué et très sympa, il a beaucoup d’amis. Comment expliquer autrement son carton plein de prix ? Duelles ne pouvait cependant rafler 10 Magritte sur 10 nominations, car il en avait deux dans la même catégorie : meilleure actrice.
Neuf Magritte, c’est tout de même du jamais vu en dix éditions. Le record appartenait depuis la toute première à Jaco Van Dormael, 6 Magritte pour Mr Nobody, égalé en 2018 par Philippe Van Leeuw et sa Famille syrienne.
Un palmarès plié
Quand, en début de programme, Duelles a obtenu le prix du scénario au détriment de Nuestras Madres, un authentique bijou ; il était clair que le palmarès était plié, que “Duelles” allait tout gagner. Privée de suspense, il ne restait plus pour sauver l’émission d’un tunnel qu’à attendre de la personnalité chez les remettants, de l’émotion chez les lauréats.
De fait, José Garcia a raconté son rêve amusant, Charlie Dupont et Alex Vizorek ont animé un quizz désopilant, Déborah François s’est offert un excès de vitesse verbal et Stéphane Guillon n’a pas ménagé sa férocité. Mais, on a aussi connu de grands moments de solitude, notamment en compagnie de Laurence Bibot et de Jeanne Balibar.
Coté lauréats, une fois n’est pas coutume, on ne retiendra pas un moment d’émotion mais bien d’originalité. Pour prendre son unique Magritte, celui du premier film, César Diaz avait apporté un petit sac en papier dans lequel il puisait, des petits bouts de phrase en vrac, ceux que les lauréats égrainent à longueur de cérémonie. “Je remercie…”, “…à mon producteur…” “…sans qui je ne serais pas là”.

De l’autodérision à l’autodénigrement
L’émission avait bien commencé avec une arrivée spectaculaire de Pascal Duquenne en président et en James Bond, encadré par deux 007 girls. En maître de cérémonie, Kody s’est plutôt bien débrouillé avec une entrée en deux temps. D’abord, un sketch avec Julie Gayet rêvant de devenir une actrice belge et travaillant ses belgicismes. Ensuite, une chanson à l’américaine sur le cinéma belge, faisant rimer “des prix à l’étranger” avec “salles vides à l’UGC.”.
La soirée était lancée sur le ton traditionnel de l’autodérision, voire un cran au-dessus, celui de l’autoflagellation, de l’autodénigrement : “Les Magritte, une cérémonie qui récompense des gens que personne ne connaît pour des films que personne n’a vus”.
On se demande, d’ailleurs, quel plaisir prend le prince Laurent à se faire vanner pendant trois heures. Se fera-t-il remplacer par sa nouvelle sœur, l’année prochaine ? Les capsules Cinevox chargées de la promotion du cinéma belge dans les salles furent bien chambrées (mais avec talent). Et quand la flamande Veerle Baetens a remporté son deuxième Magritte de la meilleure actrice francophone, Cécile de France a dû se dire qu’elle ne viendrait pas se faire humilier une sixième fois.

Une idée qui a de l’avenir
Le problème, c’est que 9 Magritte font de Duelles, une œuvre exceptionnelle. Certes, les Américains prévoient un remake avec Jessica Chastain et Anne Hathaway, mais c’est juste un bon thriller psychologique, pas même le meilleur film du réalisateur de Illégal.
Comment expliquer son triomphe ? Certains votants ont dû juger que les Dardenne avaient reçu assez de prix (bien plus prestigieux) et que le Guatemala de Nuestras Madres, c’était trop loin. Ces deux-là écartés, Joachim Lafosse ostracisé ; il ne restait plus dans la catégorie “meilleur film”, que Marta Bergman, prudemment sélectionnée pour éviter de se prendre une polémique féministe et Lola vers la mer pour faire le nombre. Le cinéaste carolo avait un boulevard (Tirou ?) devant lui, on est content pour lui, mais pas sûr que ce soit la meilleure pub pour le cinéma belge.
On est content pour Bouli Lanners, Magritte du meilleur acteur, pour le coup réellement exceptionnel dans C’est ça l’amour. On se souviendra qu’il a envoyé chercher sa récompense par son médecin avec un certificat médical.
On retiendra aussi de cette 10e cérémonie, une idée originale qui a de l’avenir dans les festivités du genre. Pour stopper le lauréat qui a entrepris de citer le générique du film et son arbre généalogique ; on n’a pas lancé une musique pour couvrir sa voix mais, sur l’écran de fond, on montrait Jean-Claude Van Damme faisant des pitreries. Effet immédiat.