Des professionnels du cinéma belge dénoncent le "lamentable" entre-soi de la cérémonie des Magritte du cinéma

Des professionnels du cinéma soulèvent un problème de liberté d’expression au pays du cinéma francophone belge.

“Lamentable”, “déplacé”, “ridicule”, “tombé si bas”… Les avis sur la cérémonie des Magritte sont cinglants de la part d’une petite dizaine de professionnels du cinéma francophone belge que nous avons contactés. Mais personne n’a accepté que ses propos soient repris nominalement en interview. Dans ce monde revendiqué de l’expression créatrice, il y a apparemment un problème de liberté d’expression.

“Si vous émettez publiquement une critique, vous êtes black-listé” dit l’un. “On va vous tirer dessus et vous accuser de cracher dans la soupe”, averti un autre qui avoue “j’ai déjà bien pris, désolé”. “Derrière l’organisation des Magritte, il y a la Fédération Wallonie -Bruxelles, la RTBF et Patrick Quinet, notamment président de l’Union des producteurs de films francophones et coprésident de l’Académie Delvaux, organisatrice des Magritte (NdlR surnommé “Quinet Polis” par d’aucun). Bref, le triangle du pouvoir dans le cinéma d’ici. Vous n’imaginez pas les conséquences en termes de non-subside, de non-sélection, de non-nomination et de portes fermées pour un professionnel. Le cinéma francophone belge est un tout petit milieu”, explique une réalisatrice.

Et sa mission ?

À la question de savoir si les Magritte donnent envie aux spectateurs de voir les films belges, la réponse de tous nos interlocuteurs est “non”. Et l’un de préciser, “ les spectateurs assistent à une démonstration de club fermé, à un humour de caste qui ne se supporte pas, dont la concurrence n’est pas saine et dont les rancœurs sont évidentes. L’aplomb du film gagnant raconte plus la joie d’avoir écrasé que la joie d’avoir gagné. Après s’en être pris à Chantal Akerman l’année dernière, à Joachim Lafosse cette année, je sens qu’une partie de la profession considère que ça suffit. On n’a pas besoin de ça”.

Feu vert et confiance du Centre du cinéma

Jeanne Brunfaut, directrice du Centre du cinéma et de l’audiovisuel de Wallonie-Bruxelles, vous veillez à la bonne utilisation de l’argent public. La cérémonie des Magritte promotionne-t-elle bien le cinéma belge ?
Oui, sinon on ne les soutiendrait pas. Elle lui donne une notoriété et permet au grand public de savoir qui -comédiens, réalisateurs et autres- font ce cinéma. Le passage à la RTBF lui donne aussi une chambre d’écho plus importante vers le grand public.

Que pensez-vous des critiques considérant que c’est un lieu de règlements de compte et un entre-soi festif à l’humour déplacé ?
Il y a peut-être des choses à ajuster mais l’opération est positive en ce qu’elle éveille l’intérêt du grand public.

Quel budget la Fédération Wallonie-Bruxelles investit-elle dans les Magritte ?
Je ne sais pas. Il y a différents budgets venant de plusieurs ministres.

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