Sans réinventer la poudre, Hazanavicius livre dans "Le prince oublié" ce qu’il compose le mieux : un spectacle rythmé

Sans réinventer la poudre, Hazanavicius livre dans "Le prince oublié" ce qu’il compose le mieux : un spectacle rythmé

Quand un père évincé doit reconquérir le cœur de sa fille. Un conte initiatique.

Djibi, un père veuf (Omar Sy) va chercher à l’école sa fille de huit ans, Sofia (Keyla Fala). Sur le chemin, il s’exerce à imiter le grincement d’une porte de voiture. Après le dîner, il raconte, comme tous les soirs, une histoire à Sofia.

Au pays des contes, le prince, sosie de papa, reprend son rôle. Il doit sauver la princesse, sosie de Sofia, des machinations ourdies par l’infâme Pritprout (François Damiens). Le grincement de la porte de voiture devient le grincement du couvercle d’un coffre magique. La princesse sauvée (et devenue petite belle au bois dormant), on remballe tout, comme à la fin d’une prise au cinéma : les figurants sortent du décor, le prince retourne dans sa loge, jusqu’à la suite, le prochain épisode de cette histoire in progress sans fin.

Trois ans plus tard, Sofia (Sarah Gaye) entre au collège. Le premier jour, elle fait la connaissance de Max, ado dégourdi et entreprenant. Le soir, gros souci pour le prince : pas de princesse au rendez-vous. Le service de sécurité du pays des contes vient le chercher : on le conduit au quartier des personnages secondaires. Pendant ce temps, un nouveau prince, copie conforme de Max, arrive sur le plateau, fier comme Artaban. Pritprout rit sous cap : il sait que c’est le premier pas avant les Oubliettes, où échouent les personnages qui s’effacent de la mémoire des enfants. Et que diable vient faire là la Femme à la porte, portrait craché de la charmante voisine Clothilde (Bérénice Bejo)?

Le Prince oublié est un conte pour enfants et pour parents. Une sorte de récit initiatique à l’envers, où un adulte affronte le désamour adolescent. Omar Sy y est à la fois touchant et charismatique. Bérénice Bejo apporte un petit argument romantique supplémentaire. Son rôle est un brin prétexte, mais il offre au récit deux romances pour le prix d’un conte

Le film recycle des motifs de Toy Story 3, Qui veut la peau de Roger Rabbit ? et The Truman Show (avec une touche de The Artist). Il a aussi des échos visuels multiples (un arbre très burtonien surmonte le portail vers les Oubliettes). Mais le réalisateur assume ses influences hollywoodiennes. Sans réinventer la poudre, Michel Hazanavicius livre ce qu’il compose le mieux : un grand spectacle rythmé, aux divers niveaux d’émotion (de 7 à 77 ans). Sa narration entremêle habilement les deux univers et se précipite quand Sofia et son père affrontent leur première grande crise. Sous les atours de production sortie d’une multinationale du divertissement, le charme opère.

Le prince oublié Conte initiatique De Michel Hazanavicius Scénario Noé Debré, Michel Hazanavicius et Bruno Merle Avec Omar Sy, Bérénice Bejo, Sarah Gaye, François Damiens, Durée 1h41.

Sans réinventer la poudre, Hazanavicius livre dans "Le prince oublié" ce qu’il compose le mieux : un spectacle rythmé
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