"Jumbo", histoire d'amour démesurée
Découverte il y a quelques mois grâce au Portrait de la Jeune fille en feu, Noémie Merlant est épatante en jeune fille amoureuse... d’un manège forain. Dans un premier long métrage belge surprenant signé Zoé Wittock à découvrir en ligne grâce au service "Premium VOD", instauré par les distributeurs durant le confinement.
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Publié le 22-03-2020 à 10h40 - Mis à jour le 05-05-2021 à 18h25
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Découverte il y a quelques mois grâce au Portrait de la Jeune fille en feu, Noémie Merlant est épatante en jeune fille amoureuse... d’un manège forain. Dans un premier long métrage belge surprenant signé Zoé Wittock à découvrir en ligne grâce au service "Premium VOD", instauré par les distributeurs durant le confinement.
Maladivement timide, Jeanne (Noémie Merlant) vit seule avec sa mère Margarette (Emmanuelle Bercot), au contraire complètement extravertie. La jeune fille passe une partie de ses journées enfermée dans sa chambre, à bricoler des maquettes d’attractions foraines, sa passion. Elle vient d’ailleurs de commencer à travailler à Plopsa Coo, près de chez elle. Marc (Bastien Bouillon), le jeune manager du parc, n’est d’ailleurs pas insensible au charme de cette fille discrète. Mais il n’y a pas de place pour les hommes dans la vie de Jeanne, qui semble refuser de devenir une femme. Elle préfère de loin les objets.
Alors qu’elle travaille de nuit au parc, elle développe une étrange attirance pour l’un des manèges, qu’elle surnomme Jumbo. Elle adore se blottir contre l’un de ses six bras. Et celui-ci semble répondre à ces démonstrations d’affection…
Basé sur une hitoire vraie!
Quel premier film curieux! Formée à Paris et Los Angeles, assistante-réalisatrice sur plusieurs films américains et autrice de plusieurs courts métrages remarqués, Zoé Wittock est rentrée au pays de ses origines, la Belgique, pour signer son premier long métrage. Et elle s’attaque à un sujet pas banal, celui de l’objectophilie ou l’attirance incontrôlable, voire le désir sexuel, pour les objets.
Le sujet prête évidemment à sourire. Surtout quand l’objet en question mesure 10 mètres de haut et est entièrement formé de métal. Mais Jeanne se dit que sa mère couche bien avec son vibromasseur... Mais que l’on ne s’y trompe pas, Zoé Wittock - qui s'est inspirée ici de l'histoire d'Erika Eiffel, jeune femme qui a épousé... la Tour Eiffel - ne livre pas une comédie. Elle signe au contraire une vraie histoire d’amour, aussi décalée soit-elle. Ainsi, si l’humour occupe ici une place subtile, jamais elle ne se moque de son héroïne.

Romance hors norme
Pour que cette histoire fonctionne, la jeune cinéaste avait évidemment d’une comédienne capable de plonger entièrement dans la bizarrerie du personnage, d’accepter toutes ses dimensions, psychologiques mais aussi physiques. Dans ce rôle délicat, Noémie Merlant joue les équilibristes, capable, comme dans Portrait de la jeune fille en feu, d’exprimer la passion, le feu intérieur avec une grande sobriété. Et nous faire croire à son amour littéralement démesuré.
Elle-même directrice-photo, Zoé Wittock a surtout su créer pour son improbable romance un univers visuel très fort, qui donne une existence à la fois concrète et très poétique à la fantasmagorie de son héroïne. Et ce notamment grâce à un fabuleux travail sur les lumières et les couleurs, qui parviennent à donner un souffle, une personnalité à un tas de ferraille.
Ce regard atypique et cette délicatesse sont des qualités rares et font de Zoé Wittock un vrai talent à suivre dans les prochaines années.
Jumbo Romance objetphile De Zoé Wittock Scénario Zoé Wittock Photographie Thomas Buelens Musique Thomas Roussel Montage Thomas Fernandez Avec Noémie Merlant, Emmanuelle Bercot, Bastien Bouillon, Sam Louwyck… Durée 1h33
