"Je suis Karl" : un thriller opportuniste sur fond de génération identitaire

Présenté hors compétition, cette production allemande surfe sur l'air troublé du temps en exploitant légèrement des thèmes graves.

Alain Lorfèvre
"Je suis Karl" : un thriller opportuniste sur fond de génération identitaire
©Pandora Films

Alex et Inès Baier ont un jour aidé Yussuf à quitter un camp de réfugiés et à entrer en Allemagne. Quelques années plus tard, un attentat inexplicable ravage l'immeuble des Baier, tuant Inès et les deux jeunes jumeaux du couple. Alex (Milan Peschel) se retrouve seul avec leur fille aînée, Maxi (Luna Wedler).

Alors que son père peine à se remettre, Maxi rencontre Karl (Jannis Niewöhner). Le charismatique et séduisant jeune homme invite Maxi à le rejoindre à l'université d'été d'un mouvement européen à Prague, Re/Generation. Maxi y découvre une mouvance en révolte contre l'insécurité. Elle y trouve une résonance à son deuil et à ses peurs.

Je suis Karl est un thriller germano-tchèque aux accents très contemporains. On y croise une génération identitaire et une (jeune) figure montante de l'extrême-droite française (Fleur Geffrier).

Terrorisme et extrême-droite sont deux démons obsessionnels de l'histoire allemande et de son cinéma contemporain. Etrangement, la nécessaire réflexion qu'impliquent ces deux thèmes fait de plus en plus cruellement défaut aux réalisateurs et scénaristes qui s'en emparent pourtant avec complaisance.

Plus à son intrigue qu'à son sujet de fond, le scénariste Thomas Wendrich survole les implications de son récit ou de son titre, francophone en VO, qui semble faire allusion à #JeSuisCharlie au prix d'un sous-entendu indélicat. Le récit, linéaire, avance psychologiquement à la grosse louche. Maxi bascule deux fois d'une extrême à l'autre sans grands états d'âme. Ses chocs émotionnels semblent lui faire oublier aussitôt les valeurs des êtres aimés.

De même, le film ne s'embarrasse guère de suspense. Le titre est si transparent qu'on sent venir le complot ourdi de très loin. De même un flashback révèle très vite la personnalité de Karl sans totalement expliquer le choix de sa cible. La fin, enfin, sombre dans la surenchère avant de nous laisser littéralement dans l'impasse d'un gouffre narratif.

Je suis Karl Thriller dystopique De Christian Schwochow Scénario Thomas Wendrich Avec Luna Wedler, Jannis Niewöhner, Milan Peschel,... Durée 2h06

"Je suis Karl" : un thriller opportuniste sur fond de génération identitaire
©LLB
Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...