"Médecin de nuit": l’histoire du garçon qui ne savait pas dire "non"
Parfois, l’excès d’empathie nuit. La preuve avec Vincent Macaigne "Médecin de nuit" très (trop) à l’écoute et débordé malgré lui..
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- Publié le 16-07-2021 à 15h58
- Mis à jour le 20-07-2021 à 16h22
Mikaël (Vincent Macaigne) est un praticien rempli d’empathie. Vis-à-vis des toxicomanes qui n’ont nulle part où aller et personne d’autre à contacter pour obtenir leurs prescriptions de traitement de substitution.
Vis-à-vis de son cousin Dimitri aussi, pharmacien dévoré d’ambition, qui a très vite compris ce que le trafic d’ordonnances de Subutex pouvait lui rapporter.
Dimitri (Pio Marmaï) dit qu’il adore Mikaël et qu’il ne pourrait pas s’en sortir sans lui, mais il ne se contente plus de jouer sur la corde sensible, il fait pression de plus en plus lourdement sur son cousin, qui refuse pourtant d’entrer dans un nouveau trafic de médicaments dangereux.
À force de cumuler les nuits et les absences, la relation se tend entre Mikaël et sa compagne Sacha (Sarah Picard) qui se disputent de plus en plus souvent devant leurs deux filles. La situation est d’autant plus complexe que Mikaël ne parvient pas non plus à résister à Sofia (Sara Giraudeau), sa maîtresse, pharmacienne sublime, qui travaille avec Dimitri.
Un métier de contacts et de fragilités
Acteur prolifique (Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait, L’origine du monde), Vincent Macaigne est terriblement touchant dans le rôle de cet homme au profil de bon samaritain, qui voudrait sauver la terre entière mais dont l’empathie sans limite risque bien de le conduire tout droit à sa perte.
À travers son portrait, c’est la fragilité et la solitude des médecins de nuit qu’Elie Wajeman traduit avec soin et délicatesse. Ce rapport privilégié et fragile aux patients, souvent âgés ou toxicomanes, touchés par l’angoisse ou les douleurs persistantes, esseulés dans leurs appartements ou dans la rue. Perdus dans ces quartiers difficiles où patrouillent les Médecins du monde partis à la rencontre des naufragés de la nuit.
Elie Wajeman (Alyah) parvient à parfaitement planter ce décor entre lumières scintillantes et ombres angoissantes : un Paris de toutes les détresses, de tous les excès qui peut aussi parfois pousser à vouloir s’échapper pour de bon.
Ce film retrace l’histoire d’une nuit décisive au cours de laquelle tous les sentiments de Mikaël se mêlent : ses espoirs, ses angoisses, ses peurs et ses illusions perdues.
Au fil des heures, l’étau semble se resserrer autour de lui, inexorablement. En résulte un film noir mais terriblement humain, tel un filet tissé autour d’un homme qui semble ne plus croire lui-même à cette antienne qu’il répète inlassablement, avec son sourire si doux, si désarmant : "ça va aller, ça va aller"… Une motivation, un encouragement que tant d’anonymes, hommes et femmes, ont partagé tout au long de la crise sanitaire.
Sélectionné pour le Festival de Cannes 2020, le film devait sortir en décembre dernier.
Médecin de nuit Chasse à l’homme nocturne De Elie Wajeman Scénario Elie Wajeman et Agnès Feuvre Avec Vincent Macaigne, Sara Giraudeau, Pio Marmaï Durée 1h22.
