"Aya et la sorcière": le fils d’Hayao Miyazaki déçoit à nouveau
"Aya et la sorcière", premier film en images de synthèse du studio Ghibli, n’est pas à la hauteur des attentes.
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Publié le 17-08-2021 à 11h44 - Mis à jour le 18-08-2021 à 11h11
Étrange Goro Miyazaki… Le fils du légendaire Hayao, cofondateur du studio Ghibli et auteur de quelques chefs-d’œuvre du cinéma d’animation, s’ingénie à se faire un prénom et à tuer le père, artistiquement parlant.
Dans un documentaire récemment consacré à Hayao Miyazaki, on percevait lors d’une première, la gêne un peu agacée du père à l’obstination du fils à signer des longs métrages sans avoir acquis l’expérience nécessaire.
Dont acte. Après les décevants La Colline aux Coquelicots et Les Contes de Terremer, il persiste et signe avec une adaptation morne du roman jeunesse Earwig and the Witch de Diana Wynne Jones, devenant en français Aya et la sorcière.
Orpheline dans le monde des sorciers
Lointaine cousine d’un célèbre jeune sorcier, Aya est abandonnée, bébé, sur les marches d’un orphelinat. Devenue une gamine espiègle, elle est adoptée par un couple singulier.
Sa nouvelle mère, Bella Yaga se révèle être une sorcière tandis que son pseudo-mari irascible, Mandrake, a les oreilles pointues d’un démon, des yeux de braises et de la fumée qui lui sort régulièrement des oreilles.
Aya, devenue bonne à tout faire de Bella, aimerait bien apprendre quelques sortilèges, afin de recouvrer sa liberté et ses amis de l’orphelinat. Mais Bella s’y oppose. Est-ce un message subliminal de Goro à Hayao qui ne lui aurait pas transmis l’art d’ensorceler les spectateurs ?
Sur le papier, cela ressemble à un pitch classique de Ghibli - on pense au Château ambulant du paternel auquel il est fait référence dans le générique de fin.
Mais le fiston respecte l’origine du roman en plantant le décor dans une Grande-Bretagne contemporaine, oublie dans son voyage la poésie, contraint son imaginaire (et celui du spectateur) tout en se plantant magistralement dans sa tentative de moderniser l’esthétique Ghibli en signant ce premier film en images de synthèse du studio.
Personnages lisses, animation sans rythme
Le choix aurait du sens si le résultat était à la hauteur des standards internationaux. Mais le résultat dépasse à peine le niveau des pires puddings européens qui tentent de singer le cinéma d’animation hollywoodien.
Les personnages sont lisses, n’évoluent pas pendant près d’une heure, l’animation est raide. La narration, avec des scènes répétitives et sans rythme, achève de transformer ce qui est un téléfilm à l’origine, en une longue introduction sans péripéties. On oublie même pendant tout le film la promesse d’une chasse aux sorcières annoncée sur le mot laissé sur le berceau d’Aya.
Le film n’atteint une réelle dimension romanesque que dans ses dix dernières minutes, après un twist très singulier. S’ensuit la seule scène digne de la magie et de l’envolée lyrique et visuelle qu’on attend d’une production Ghibli.
Paradoxe : la dernière partie du film en devient un contrepoint presque incohérent (la métamorphose de Bella est inexplicable de même que le cliffhanger final avec le retour incompréhensible d'un personnage), comme l'affiche dont l'action semble se situer après la fin... Aya et la sorcière, c'est un peu la malédiction de Goro Miyazaki.
Aya et la sorcière Ghibli maudit De Goro Miyazaki Scénario Keiko Niwa et Emi Gunji d'après le livre Earwig and the Witch de Diana Wynne Jones Durée 1h22.
