"Cool Abdoul": une agréable surprise dans le paysage cinématographique belge
Jonas Baeckeland transpose à l’écran, avec une simplicité de bon aloi, l’ascension et la chute du boxeur belge Ismail Abdoul.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/dffc4ca2-824b-4571-b0d0-543ddfd99cb2.png)
Publié le 13-10-2021 à 13h55 - Mis à jour le 13-10-2021 à 14h00
Ismail Abdoul est un boxeur talentueux, prêt à réussir. Il a peut-être seulement un tempérament un brin trop sanguin - travers courant aux marges du ring. Heureusement, son père mauritanien Azziz et sa mère belge Martha veillent sur lui comme il veille sur son petit frère Hakim.
Après un faux pas, Ismail devient videur de boîte de nuit et fait la connaissance d’un nouveau manager qui pourrait lui permettre d’atteindre les sommets de la boxe européenne. Mais le monde du sport et celui de la nuit sont-ils compatibles ?
Les histoires de ring, on connaît. Et le cinéma les adore, tant leur trajectoire a souvent celle de la parfaite tragédie : apprentissage à la dure, ascension à la force des poings, gloire, chute, rémission… On connaît chaque round. La petite différence, ici, est que l’histoire de Raging Bull est non seulement authentique mais, aussi, belge.
Œuvre efficace
Le film s’inspire de la vie d’Ismail Abdoul (et du livre que lui a consacré en 2007 le journaliste Bart Aerts), ex-champion du Benelux et champion d’Europe en catégorie mi-lourds - et qui eut effectivement des démêlés avec la justice.
Jonas Baeckeland ne cherche pas à réinventer le genre. Il assume même les inévitables références, plaçant sa caméra au cœur du ring, jouant des ralentis durant les combats, comme Scorsese dans son film mythique.
Mais le réalisateur flamand fait œuvre efficace, servi par d’excellents acteurs, au premier rang desquels Nabil Mallat dans le rôle-titre, Anemone Valcke, dans celui de sa petite amie Sylvie, ou Johan Heldenbergh dans celui de l’entraîneur dévoué.
La plongée dans le monde de la nuit gantois des années 1990 est aussi intéressante, sans fard ni stéréotype, avec un Ismail prenant la main sur le réseau des videurs au profit de fils d’immigrés comme lui, face à une corporation jusque-là très blanche et raciste.
Cette incursion sur le versant multiculturel d’une Flandre arc-boutée sur ses canons, mais avec des personnages troubles, n’est pas sans risque. Mais scénaristes et réalisateur tirent leur épingle du jeu en parvenant à bien suggérer le contexte qui favorise un certain déterminisme.
Si le récit ne dévie pas de sa ligne prévisible - la réalité de la boxe s’ingénie à reproduire les mêmes destins -, il y a dans la simplicité rugueuse et assumée de la mise en scène un parfum de fraîcheur et de sincérité qui fait de ce Cool Abdoul une agréable surprise dans le paysage cinématographique belge.
Cool Abdoul Biopic De Jonas Baeckeland Scénario Jonas Baeckeland, Fikry El Azzouzi, Wouter Van Haver Avec Nabil Mallat, Johan Heldenbergh, Anemone Valcke, Issaka Sawadogo, Antje De Boeck, Jan Hammenecker,… Durée 1h47.
