"Matrix Resurrections": du grand spectacle avec beaucoup de déjà-vu

Lana Wachowski renvoie Neo et Trinity de l’autre côté du miroir. Du grand spectacle avec beaucoup de déjà-vu.

En 1999, Neo (Keanu Reeves) se sacrifiait avec Trinity (Carrie-Anne Moss) pour sauver l’humanité de 2199 prisonnière du joug des machines dans un simulacre virtuel.

Vingt ans plus tard, Lana Wachowski les ressuscite - sans sa sœur Lilly - pour un come-back dans la Matrice. Le retour au code source s’impose dès la première image : un carré vert clignote sur un écran noir vintage. Bugs (Jessica Henwick) découvre un espace de la Matrice qui répète en boucle la scène inaugurale où Trinity est piégée par des agents de la Matrice.

On se souvient que, dans la Matrice, un sentiment de déjà-vu cache une manipulation. Dans ce qui ressemble au monde de 2020 (le film aurait dû sortir il y a un an), Thomas Anderson alias Neo (Keanu Reeves) n'est plus un hacker mais un vénéré concepteur de jeux vidéo. Son plus grand succès : la trilogie de jeux vidéo Matrix, conçue il y a vingt ans.

Thomas souffre d’un trouble psychotique qui lui fait confondre avec ses souvenirs des séquences de son jeu. Pour ne pas l’aider, son associé (Jonathan Groff) s’ingénie à répéter des phrases cultes de l’agent Smith. Tiffany, une femme mariée qu’il croise au coffe shop ressemble à Trinity, l’héroïne de son jeu. Son analyste (Neil Patrick Harris) essaie d’aider Thomas, mais son chat noir le trouble.

Thomas a beau se gaver de pilules bleues, ses hallucinations s’aggravent quand déboulent dans son bureau des forces spéciales qui affrontent de virevoltants hackers au streetwear branché.

Dans une des nombreuses œillades complices au public de Matrix Resurrection, on apprend que le studio Warner a demandé à Thomas/Neo une suite à la trilogie Matrix dont il ne voulait pas. S'ensuit un brainstorming où l'on débat de l'image du jeu culte. Lana Wachowski en profite pour se moquer gentiment de toutes les interprétations qu'on a pu faire de l'univers créé avec sa sœur (parabole marxiste ou fasciste ?).

Dans ce jeu méta qu’il est de bon ton d’afficher à Hollywood afin de masquer les bégaiements créatifs, on en profite pour ironiser aussi sur l’apparente éternelle jeunesse de Keanu et sa réputation de star sympa. Les rires dans la salle semblent préenregistrés.

La première partie du film est habile : Lana triture sa mythologie pour justifier un décor contemporain dans un univers où le temps est supposé s'être figé en 1999. La nouvelle Matrice plantée, Resurrection applique son titre programmatique : résurrection des personnages (quitte à changer les acteurs : exit Laurence Fishburne et Hugo Weaving, sauf dans les flash-backs) et des scènes emblématiques (le dojo, l'extraction, bagarres à pirouettes, la cité refuge des humains,…).

Si Neo ne vole plus (place à la femme), il arrête toujours d'un mouvement de la main et d'un froncement de sourcils les balles et envoie les bagnoles dans le décor tandis que des meutes d'humains zombifiés les coursent. Déjà-vu… "Erreur système" affichait la Matrice au terme du dernier opus.

Matrix Resurrections Mise à jour De Lana Wachowski Scénario Lana Wachowski, David Mitchelle, Aleksandar Hemon Avec Keanu Reeves, Carrie-Anne Moss, Yahya Abdul-Mateen II, Jessica Henwick… Durée 2h28.

"Matrix Resurrections": du grand spectacle avec beaucoup de déjà-vu
©D.R.
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