Le parcours sans faute de Gaspard Ulliel, un jeune comédien qui n'a pas eu le temps d’exaucer son rêve
L’acteur français, à la carrière internationale, est mort brutalement, ce mercredi. Il avait 37 ans.
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- Publié le 19-01-2022 à 16h45
- Mis à jour le 20-01-2022 à 10h27
Jeune comédien français au parcours sans faute, Gaspard Ulliel a été fauché en plein vol par un grave accident de ski, ce mardi 18 janvier vers 16h, après une lourde chute faisant suite à une collision avec un autre skieur, sur une piste bleue dans la station de La Rosière en Savoie. Victime d’un grave traumatisme crânien, le jeune homme avait été transporté d’urgence par hélicoptère au CHU de Grenoble, où il s’est éteint ce mercredi. À 37 ans, Ulliel avait pourtant une belle carrière devant lui…
Né le 25 novembre 1984 à Boulogne-Billancourt, Ulliel s'était très tôt dirigé vers la comédie, jouant dès l'âge de 12 ans aux côtés de Sandrine Bonnaire dans un épisode de la série Une femme en blanc en 1996. Cinq ans plus tard, il décroche un rôle secondaire dans Le Pacte des loups, superproduction française de Christophe Gans qui lui met le pied à l'étrier. Avant d'être révélé par Michel Blanc dans Embrassez qui vous voudrez en 2002. Sa carrière est lancée.
Le jeune premier romantique séduit alors Emmanuelle Béart dans Les Égarés d'André Téchine et Audrey Tautou dans Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet, qui lui permet de décrocher, en 2005, le César du meilleur espoir masculin.
Auteur et populaire
Aussi à l'aise dans les films d'auteur (comme Un barrage contre le Pacifique de Rithy Panh, d'après Duras en 2009, La Princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier en 2010 ou L'Art d'aimer d'Emmanuel Mouret en 2011, qui lui permettent de donner la réplique à Isabelle Huppert, Mélanie Thierry ou Judith Godrèche), Gaspard Ulliel ne délaisse pas le cinéma populaire pour autant. Même si Jacquou Le Croquant de Laurent Boutonnat, dont il interprète le rôle-titre, d'après la célèbre série homonyme des années 1960, est un échec critique et commercial.
En 2014, Bertrand Bonnello lui offre lui permet de camper Yves Saint Laurent dans sa biographie du grand couturier. Satisfait de leur collaboration, le réalisateur français lui avait d'ailleurs réservé le premier rôle de son prochainlong métrage La Bête, un film de science-fiction dont la production est dès lors suspendue.
Une carrière internationale
Avec sa gueule d'ange, Gaspard Ulliel s'était également fait un nom dans l'univers de la mode. Assidu de la Fashion Week parisienne, il était ainsi le visage d'un parfum pour Chanel, dont l'un des spots avait été tourné par Martin Scorsese. L'acteur français avait en effet démarré dès 2006 une jolie carrière internationale. Dirigé par Gus Van Sant dans un segment de Paris, je t'aime, Ulliel avait surtout interprété en 2007 le jeune tueur en série culte Hannibal Lecter dans le film de Peter Webber. En 2009, l'acteur aparaissait également aux côtés de Jérémie Renier dans la production internationale The Vintner's Luck de Niki Caro.
Revu entre-temps au cinéma français - retrouvant Isabelle Huppert dans Eva de Benoît Jacquot ou donnant la réplique à Virginie Efira dans Sibyl de Justine Triet -, l'acteur tournait en ce moment aux côtés d'Oscar Isaac dans la prochaine série Marvel pour Disney + Moon Knight, dans laquelle il interprétait le Midnight Man. Son dernier rôle au grand écran sera dans Plus que jamais de l'Allemande Emily Atef (découverte avec Trois jours à Quibéron), qui devrait sortir cette année et dont il partagera l'affiche avec Vicky Krieps et Lil Ullman.
Gaspard Ulliel, qui se disait "lent", n'aura pas eu le temps d'exaucer l'un de ses rêves les plus chers : réaliser. "Je choisis les rôles qui me donnent l'occasion de me dépasser, qui m'emmènent dans des territoires inconnus. Un acteur se découvre lui-même à travers ses personnages, ses expériences. J'espère qu'un jour, ma passion pour ce métier me donnera la force de passer derrière la caméra", confiait-il en 2016 à notre collègue Fernand Denis, alors qu'il présentait en Compétition à Cannes Juste la fin du monde du Québécois Xavier Dolan, qui lui avait permis d'empocher, en 2017, le César du meilleur acteur. Un film fort, dans lequel, face à Nathalie Baye, Léa Seydoux et Marion Cotillard, il incarnait un jeune écrivain qui, après douze années d'absence, retournait dans son village natal pour annoncer sa mort prochaine à sa famille. "J'ai abordé le personnage comme s'il était déjà mort, comme un fantôme qui vit déjà à côté de la réalité. Paradoxalement, c'est le seul personnage en mouvement dans cette maison où rien n'a bougé pendant toutes ces années. Il se dirige vers sa mort, certes, mais au moins, il est en mouvement", expliquait-il.