"De nos frères blessés" : mourir pour l’Algérie

Vincent Lacoste et Vicky Krieps forment un couple pris dans la tourmente de l’Histoire. D’après le Prix Goncourt de Joseph Andras.

1954, en France métropolitaine : Fernand, Français pied-noir et Hélène, Polonaise, tombent amoureux et décident d’aller vivre à Alger. Communiste, Fernand (Vincent Lacoste) adhère aux revendications indépendantistes des Algériens et au FLN en 1956. Sa compagne Hélène (Vicky Krieps), qui a fui un régime communiste, craint pour cet engagement. Face à la répression de plus en plus brutale des autorités, Fernand et quelques compagnons de cellule se radicalisent et envisagent de commettre un sabotage d’ampleur afin de secouer l’opinion publique française.

Profil bas

De nos frères blessés est à l'origine un roman de Joseph Andras, paru en 2016 chez Actes Sud et récompensé du Prix Goncourt, avant même sa parution. Il retrace l'histoire vraie de Fernand Iveton, cas tragique où la raison d'État est allée jusqu'au bout de sa logique d'exception.

Le réalisateur Hélier Cisterne (connu notamment pour son premier film Vandal et Le Bureau des légendes) et sa compagne, la réalisatrice Katell Quillévéré, ont été captivés par cette histoire dont ils ont coécrit l'adaptation.

Les auteurs adoptent un profil bas sur une histoire toujours douloureuse en France. On pourrait regretter le prisme du récit de la lutte par le biais du regard d’un Français d’Algérie. Mais sur ce sujet passionnel, il offre l’intérêt de l’identification. Le réalisateur peut lui-même éviter de ce fait l’accusation d’appropriation.

Le choix est fait, également, de privilégier le point de vue intime. On revit les événements à travers Fernand et sa femme. Point de vue limité, qui justifie une forme de subjectivité, mais qui exclut la remise en contexte plus large. Le film repose essentiellement sur les interprétations de Vincent Lacoste et Vicky Krieps (The Phantom Tread), parfaits dans cette incarnation d'un couple ordinaire pris dans les soubresauts de l'Histoire.

Des questions affleurent, auxquels les auteurs laissent le spectateur réfléchir et répondre. Le combat et les actes d’Iveton sont-ils justes ? Est-ce du terrorisme ou de la résistance ? Une trahison de la France ou, au contraire, le respect des fondations d’une République née contre l’injustice et pour la liberté ?

Refus des effets de manche

Humble et modeste, refusant le spectaculaire ou l’héroïsation, le film évite les effets de manches et adopte un traitement presque documentaire dans sa recension des faits.

Cisterne et Quillévéré ne craignent pas, comme dans le roman, d’exposer le débat idéologique entre le jeune militant communiste et sa femme qui a fui ce régime, la circonspection des Algériens de souche face à l’engagement de pieds-noirs.

Les auteurs rappellent aussi l’intransigeance des autorités françaises, notamment le refus de grâce du président René Coty et du ministre de la Justice de l’époque, François Mitterrand.

De nos frères blessés Drame historique De Hélier Cisterne Scénario Hélier Cisterne et Katell Quillévéré Avec Vincent Lacoste, Vicky Krieps, Jules Langlade,... Durée 1h35

"De nos frères blessés" : mourir pour l’Algérie
©IPM
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