"Everything Everywhere All at Once": si d'abord il nous éblouit, ce film a malgré tout un péché

Sino-Américaine, Evelyn Wang (Michelle Yeoh) tient une laverie automatique avec son mari (Ke Huy Quan) dans une petite ville états-unienne. La quinquagénaire voit son monde peu à peu se fissurer : sa fille Joy (Stephanie Hsu) est en couple avec une femme, son vieux père (James Wang) débarque de Chine, son mari demande le divorce, tandis qu’elle a un important rendez-vous avec une inspectrice du fisc particulièrement retorse (Jamie Lee Curtis). Et, comme si cela ne suffisait pas, la voilà plongée dans une réalité parallèle, où on la somme de sauver le monde de l’infâme Jobu Tupaki, qui n’a d’autre ambition que d’attirer dans le néant tout l’univers et même le multivers….

Science-fiction bienveillante

Duo de clippers connu sous le nom des Daniels, les Américains Daniel Kwan et Daniel Scheinert se retrouvent, après Swiss Army Man avec Paul Dano en 2016, à la barre d'un second long métrage totalement dingue. Boursoufflé de références (de Matrix à 2001, l'Odyssée de l'espace, en passant par In the Mood for Love), Everything Everywhere All at Once tente une synthèse improbable entre les cinémas chinois et hollywoodien.

Produit par les frères Russo (les réalisateurs des Avengers : Infinity War et End Game ou de The Gray Man, en salles depuis mercredi dernier et sur Netflix à partir du 22/7), le film emprunte aussi bien au cinéma américain des années 1980 qu'aux films de Bruce Lee, pour proposer une virevoltante comédie de science-fiction/kung-fu dans l'esprit de Matrix. Sauf que, malgré la débauche d'effets spéciaux et de mise en scène, il s'agit ici d'aborder, non pas des questions pseudo-métaphysiques, mais le quotidien et le ressenti d'une famille sino-américaine, partagée entre ses origines et son pays d'adoption.

Si l'on est d'abord ébloui par la mise en scène ébouriffante, par la débauche de trouvailles, de clins d'œil ou de scènes de comédie irrésistibles (et parfois assez trash), par le montage savant, Everything Everywhere All at Once pèche par sa longueur. Pas sûr, en effet, qu'il fallait étirer sur près de 2h20 la bonne idée de départ. Et ce, malgré la présence magnétique de Michelle Yeoh et de toute l'aura de sa carrière passée, avec laquelle le film joue intelligemment. Après une heure, les Daniels commencent en effet à patiner un peu, peinant à se renouveler et finissent par nous perdre dans les méandres de leur multivers, bien éloigné de celui du MCU…

Everything Everywhere All at Once Comédie de kung-fu Scénario et réalisation Daniel Kwan et Daniel Scheinert Musique Son Lux Avec Michelle Yeoh, Ke Huy Quan, Stephanie Hsu, James Hong, Jamie Lee Curtis… Durée 2h19.

"Everything Everywhere All at Once": si d'abord il nous éblouit, ce film a malgré tout un péché
©D.R.
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