A la Mostra, Amelio revient sur le procès fait à l'homosexualité dans l'Italie des années 1960
Ce mardi soir, l’Italie Gianni Amelio entrait en compétition du 79e Festival de Venise avec "Il signore delle formiche", une évocation très classique du procès de l’intellectuel Aldo Braibanti, poursuivi pour son homosexualité à la fin des années 1960. Un sujet fort, mais un film mineur.
- Publié le 06-09-2022 à 19h16
- Mis à jour le 06-09-2022 à 19h17
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Mardi soir, c'est un habitué de la Mostra qui faisait son entrée en Compétition. En 1998, Gianni Amelio avait décroché le Lion d'or pour le magnifique Mon frère, qui auscultait les rapports entre deux frères. C'est de cette même relation difficile entre deux frères que se noue l'intrigue de son nouveau film Il signore delle formiche.
Italie, 1959. Dans la campagne près de Bologne, Ettore (Leonardo Maltese), jeune homme de bonne famille, est présenté par son frère à son mentor, le Pr Aldo Braibanti (Luigi Lo Cascio). Cet ancien résistant, spécialiste des fourmis, poète, intellectuel et membre du Parti communiste italien est à la tête de la Torre, une ancienne bâtisse transformée en un centre culturel. Plus sensible que son frère, Ettore devient rapidement le nouveau protégé de Braibanti.
Quelques années plus tard, Aldo et Ettore emménagent ensemble dans une pension à Rome, où ils sont dénoncés par leur logeuse pour "pédérastie". Le frère et la mère d'Ettore placent le jeune homme dans un hôpital, où les médecins tentent de le "guérir" à coups d'électrochocs. Et ils décident poursuivre le mentor d'Ettore en justice pour "plagio", une forme d'emprise mentale et morale, le mot d'"homosexualité" n'apparaissant pas dans le code pénal italien. Selon le raisonnement de Mussolini, on ne pouvait pas condamner un crime qui n'existait pas dans une société italienne où tous les hommes étaient forcément tous de bons hétéros… Le rédacteur en chef de L'Unità, l'organe du PCI, charge Ennio (Elio Germano) de suivre le procès de leur camarade Braibanti, même si son comportement juge déviant par le parti…

Deux excellents comédiens
Il signore delle formiche n'est pas dénué de qualités. Il offre une belle rencontre entre deux grands acteurs italiens au tempérament très différents: Luigi Lo Cascio (vu récemment dans Le Traître de Marco Bellocchio, mais aussi dans Marina de Stijn Coninx) et Elio Germano (génial en Antonio Ligabue dans Je voulais me cacher de Giorgio Diritti sorti en 2020). Tandis que le film aborde un un sujet historique important: le combat contre l'homophobie dans un pays où le poids de la religion et de la tradition était encore immense dans les années 1960. Giovanni Amelio, qui a fait son coming out en 2014 a d'ailleurs provoqué l'enthousiasme du public italien.
Sur la forme par contre, le cinéaste de 77 ans n’a pas passionné les cinéastes. Il livre en effet un drame ultra-classique, à la limite du téléfilm dans son absence de point de vue affirmé. Dommage qu’on ne vibre pas plus face à cette histoire pourtant exemplaire d’un homme condamné simplement pour avoir aimé un autre homme...

Il signore delle formiche Drame De Gianni Amelio Scénario Gianni Amelio, Federico Fava et Edoardo Petti Photographie Luan Amelio Montage Simona Paggi Avec Luigio Lo Cascio, Elio Germano, Leonardo Maltese, Sara Serraiocco … Durée 2h14
