"Beyond the Wall": L’enfermement de la société iranienne

Ce jeudi après-midi, Vahid Jalilvand était le premier des deux cinéastes iraniens (avec Jafar Panahi vendredi) à concourir pour le Lion d’or cette année à la Mostra, avec un drame claustrophobique en écho à l'état de l'Iran d'aujourd'hui.

Hubert Heyrendt, à Venise
"Beyond the Wall": L’enfermement de la société iranienne
©Mostra

Cette année, la Compétition de la 79e Mostra de Venise accueille deux films iraniens. Avant No Bears de Jafar Panahi vendredi, Vahid Jalilvand dévoilait, jeudi après-midi,Beyond the Wall, film radical et déstabilisant.

Le film s’ouvre par une scène très forte. Sous la douche, un homme (Navid Mohammadzadeh) mouille son t-shirt, l’enroule autour de la tête, puis enfile un sac en plastique avant de s’attacher les mains dans le dos et aux robinets. Alors qu’on frappe violemment à la porte, les tuyaux finissent pas céder. L’homme se dégage et, le souffle court, va ouvrir. Là, un officier lui demande s’il n’aurait pas vu une jeune femme, une fugitive recherchée par la police. Mais Ali ne l'a pas vue; il est aveugle... Quand il s’aperçoit que Leila (Dayana Habibi) a trouvé refuge chez lui, il décide de ne pas la dénoncer…

Alors que Jafar Panahi, de nouveau arrêté le 11 juillet dernier pour avoir apporté son soutien à son collègue Mohammad Rasoulof, est absent du Lido, Vahid Jalilvand est bien présent pour défendre son film à Venise, où il avait déjà dévoilé, aux Orizzonti, ses deux premiers films: Wednesday, May 9, prix Fipresci de la critique internationale en 2015, et No Date, No Signature en 2017. En interview, le cinéaste prétend avoir d'abord voulu raconter cette histoire à l'étranger, avant de se rabattre sur l'Iran, faute de financements. Difficile, cependant derrière ce drame intense, totalement claustrophobique, de ne pas voir une métaphore de l'enfermement de la société iranienne dans la peur et la paranoïa…

Au-delà de la métaphore intéressante, Beyond the Wall est un film difficile à appréhender. Il s'ouvre de façon magistrale par 20 minutes quasi muettes de pur cinéma, où Jalilvand filme deux corps martyrisés se déplaçant, se frôlant dans l'espace, dans un état de tension permanente, de peur d'être découverts par un voisin ou par la police. Si la tension ne retombe jamais, le film s'enfonce progressivement dans une atmosphère d'hystérie, à mesure que l'on découvre, en flash-backs, la raison pour laquelle la jeune femme est recherchée par la police. Très retors derrière son apparente simplicité, le scénario se complexifie, nous faisant glisser progressivement vers la folie. Jusqu'à un magnifique plan final qui ne laisse aucun doute sur le sentiment d'enfermement du héros, mais aussi de la société iranienne…

Beyond the Wall Drame Scénario, réalisation et montage Vahid Jalilvand Photographie Adib Sobhani Musique Olafur Arnalds et Mohammadreza Shajarian Avec Navid Mohammadzadeh, Dayana Habibi, Amir Aghaee, Saeed Dakh… Durée 2h06

"Beyond the Wall": L’enfermement de la société iranienne
©Cote LLB
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