"Trois mille ans à t’attendre" : sur la scène d’un congrès à Istanbul, elle est prise de visions d’êtres surnaturels…

Fabuleux conteur, George Miller délaisse "Mad Max" pour célébrer notre besoin de merveilleux.

Universitaire brillante, l’Anglaise Alithea Binnie (Tilda Swinton) vit seule, mais heureuse. Spécialiste de narratologie, elle parcourt le monde pour donner des conférences sur ce qu’il y a de commun dans les histoires que se raconte l’homme depuis la nuit des temps. Sa thèse est qu’à mesure que progresse la science, se perd le besoin de merveilleux pour expliquer le monde. L’humanité est ainsi en train de tourner le dos aux anges et autres démons… Sauf qu’alors qu’elle est en train de raconter cela sur la scène d’un congrès de narratologie à Istanbul, elle est prise de visions d’êtres surnaturels… Le lendemain, au fin fond du grand bazar de la ville, elle tombe sur une vieille petite bouteille de verre. Une fois rentrée à l’hôtel, alors qu’elle nettoie cet "œil-de-rossignol", en sort un djinn (Idris Elba). Et, comme il se doit, celui-ci lui offre trois vœux, qu’il s’efforcera de réaliser dans la mesure de ses pouvoirs. Mais Alithea connaît trop bien les contes pour se laisser prendre si facilement au piège : elle sait que ces histoires finissent toujours mal. Alors, la femme, a priori sans désir, fait attendre son djinn, qui lui raconte sa propre histoire, depuis son idylle avec la sublimissime Reine de Saba (Aamito Lagum)…

Ode au merveilleux

On n'attendait pas George Miller avec un conte fantastique et romantique. Le cinéaste australien tourne ici totalement le dos à l'univers violent de sa saga Mad Max, dont le premier volet le révéla en 1979. Sept ans après avoir présenté Mad Max : Fury Road en ouverture à Cannes, Miller retrouvait la Croisette en mai dernier avec Trois mille ans à t'attendre, un film naïf et merveilleux conçu avec la même équipe, dont le directeur photo Jordan Seale et le compositeur néerlandais Junkie XL. Une équipe qu'il retrouvera à nouveau pour son prochain Mad Max : Furiosa, annoncé en 2024.

Le cinéaste de 77 ans adapte une nouvelle d'A.S. Byatt parue en 1994 dans le recueil Le Djinn dans l'œil-de-rossignol (traduit cinq ans plus tard en français chez Denoël). Après Des anges et des insectes de Philip Haas 1995 et Possession de Neil LaBute en 2002, c'est la troisième fois que l'autrice anglaise est portée au grand écran. Inspiré des Contes des 1001 nuits, son récit est un magnifique hommage aux histoires que se raconte l'humanité depuis qu'elle possède le langage.

Si l'univers, volontairement naïf, paraît bien éloigné de la fureur mécanique de Mad Max, Miller est pourtant parfaitement dans son élément. Conte questionnant les rapports entre science et conscience, mythe et raison, mais aussi l'écologie, Trois mille ans à t'attendre s'inscrit habilement dans une filmographie tout entière emplie de contes et légendes. Qu'il s'agisse des films d'animation de l'Australien (Happy Feet), des Sorcières d'Eastwick ou même de la saga Mad Max, qui reprend tous les archétypes du conte, à commencer par le héros sans peur et sans reproche plongé dans une série d'aventures qui lui permettront de grandir…

Three Thousand Years of Longing / Trois mille ans à t'attendre Conte De George Miller Scénario George Miller et Augusta Gore Photographie John Seale Musique Junkie XL Montage Montage Margaret Sixel Avec Tilda Swinton, Idris Elba, Aamito Lagum… Durée 1h48

"Trois mille ans à t’attendre" : sur la scène d’un congrès à Istanbul, elle est prise de visions d’êtres surnaturels…
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