"Simone, le voyage du siècle" : un biopic sur Simone Veil, des camps à la paix
Après Edith Piaf et Grace Kelly, Olivia Dahan signe une biographie grand format d’une icône française.
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Publié le 12-10-2022 à 14h03 - Mis à jour le 12-10-2022 à 14h06
En juin 2018, les cercueils de Simone Veil, décédée un an plus tôt, et de son mari Antoine entraient au Panthéon. Le président Emmanuel Macron consacrait par là le parcours d'une femme engagée, qui dédia sa vie à la République française et à l'Union européenne, dont elle fut la première présidente du Parlement élu au suffrage universel en 1979. À son entrée à l'Académie française en 2008, Simone Veil fit ainsi graver sur son épée les devises française et européenne : "Liberté, égalité, fraternité" et "Unie dans la diversité".
Cette panthéonisation est bien le seul élément qu’Olivier Dahan ne met pas en scène dans son biopic, qui revient sur la vie de Simone Veil de son enfance à Nice et La Ciotat, jusqu’à l’écriture de ses mémoires, en passant évidemment par tous les grands combats de la rescapée d’Auschwitz : le vote, le 17 janvier 1975, de la loi qui porte son nom, dépénalisant l’avortement en France, alors qu’elle était ministre de la Santé, son engagement européen, son action auprès des malades du sida en 1994… Mais aussi des pans moins connus de sa carrière, notamment son travail pour l’amélioration des conditions de vie dans les prisons françaises dans les années 1950-60.
--> Entretien avec Elsa Zylberstein dans les pages Culture de "La Libre" de ce mercredi 11 octobre.
Un duo d’actrices
Un tel parcours - que Simone Veil a raconté dans son autobiographie Une vie en 2007 - n'est pas simple à résumer dans un film, fasse-t-il 2h20. D'autant que, comme dans ses biographies précédentes de deux autres figures féminines (Edith Piaf dans La Môme en 2007 et Grace Kelly dans Grace de Monaco en 2014), le cinéaste français ne choisit pas un angle précis, abordant tous les aspects de la vie de Simone Veil. S'étalant sur près de 90 ans, le film doit en passer par quelques artifices, tel que le vieillissement de ses acteurs - dont Elsa Zylberstein, à l'initiative du projet et totalement impliquée dans le rôle de sa vie - et une actrice plus jeune, la formidable Rebecca Marder, pour les scènes de jeunesse. Malheureusement, même si le sujet est sensible pour Dahan - qui dédie le film à son père, un juif rapatrié d'Algérie qui fut militant de la Licra à La Ciotat -, le cinéaste n'a pas la finesse nécessaire pour rendre un hommage à la hauteur de la grande dame de la 5e République.
Si le film paraît scolaire - chaque dialogue étant écrit pour apporter une info supplémentaire sur l’héroïne -, la mise en scène est surtout assez bancale, multipliant les mouvements de caméra, les gros plans et les travellings, malgré l’image léchée du directeur photo belge Manuel Dacosse. Tandis que le montage éclate la chronologie (tout en restant lisible) et que la musique surjoue l’émotion. Malgré toutes ces faiblesses, difficile pourtant de rester insensible au parcours exemplaire de cette femme digne qui, marquée à jamais par son expérience de rescapée de la Shoah, a dévoué son existence à la justice et aux soins des autres.Hubert Heyrendt
Simone, le voyage du siècle-Biopic- Scénario et réalisation Olivier Dahan - Photographie Manuel Dacosse - Avec Elsa Zylberstein, Rebecca Marder, Olivier Gourmet, Élodie Bouchez, Judith Chemla, Sylvie Testud, Philippe Torreton… Durée 2h20.
