"Un beau matin" : Léa Seydoux dans un film délicat et éclatant de vérité
Comme toujours, Mia Hansen-Løve s’inspire de sa vie personnelle dans son nouveau film.
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Publié le 19-10-2022 à 09h55 - Mis à jour le 19-10-2022 à 10h14
La trentaine, veuve depuis trois ans, Sandra (Léa Seydoux) vit seule avec sa fille de huit ans dans un petit appartement parisien. Le quotidien n’est pas simple, entre son boulot d’interprète et les visites à son père (Pascal Gregory), ancien professeur de philosophie atteint d’une maladie dégénérative, qui lui fait perdre la tête et même l’usage de gestes simples, comme ouvrir une porte ou se faire à manger. Avec sa sœur et sa mère (Nicole Garcia), pourtant divorcée depuis 20 ans, Sandra s’engage dans un parcours du combattant, entre hôpitaux et maisons de retraite…
Un rayon de soleil vient heureusement illuminer cette période troublée de sa vie : Sandra retombe de façon inattendue sur Clément (Melvil Poupaud), un ami perdu de vue avec qui elle entame une relation passionnée, mais incertaine…
Porté par la grâce
Comme toujours, Mia Hansen-Løve s'inspire de sa vie personnelle dans son nouveau film. Et autant son précédent, Bergman Island avec Vicky Krieps en 2021, était ampoulé, engoncé dans des habits de fiction qui ne vont guère à la jeune cinéaste française. Autant Un beau matin est porté par la grâce, par une pulsion de vie incroyable. Si, en 2016, L'Avenir avec Isabelle Huppert était plutôt centré sur la figure de la mère, la cinéaste est ici partie de sa relation avec son père, Ole Hansen-Løve, professeur de philosophie qui a effectivement souffert du syndrome de Benson, maladie dégénérative qui l'a accompagné les dix dernières années de vie.
Le portrait qu’elle dresse de ce personnage - campé par un Pascal Greggory lunaire et troublant, dans son approche radicalement libre et neuve d’un vieil homme malade - est bouleversant. Tout comme celui de son héroïne. Cheveux courts, jeans et gros pulls, Léa Seydoux est totalement déglamourisée par Mia Hansen-Løve.
Au sommet de son art depuis quelques films - de France de Bruno Dumont à Crimes of the Future de Cronenberg, en passant par Roubaix, une lumière et Tromperie d'Arnaud Desplechin -, l'actrice française est toujours dans l'émotion juste, dans ce voile qui passe dans son regard, cette voix qui s'éraille un peu face à une réflexion de son amoureux, incarné par le toujours élégant Melvil Poupaud. Vibrante à l'écran, Léa Seydoux est tout simplement passionnante à regarder, permettant au film de Mia Hansen-Løve de s'écarter du film sur les petits bobos des Bobos parisiens éduqués pour toucher à l'universel. Car on doit tous faire face aux petites contrariétés du quotidien. On doit tous, un jour ou l'autre, vider la maison d'un vieux parent.
Ce sont ces petites choses, parfois graves, parfois légères, mais toujours profondes que filme Mia Hansen-Løve, grâce à une mise en scène simple, facile, évidente. Comme si la jeune cinéaste parvenait à capter à l’écran la beauté de la vie elle-même…
Un beau matin - Drame quotidien- Scénario et réalisation : Mia Hansen-Løve - Photographie : Denis Lenoir - Montage : Marion Monnier - Avec Léa Seydoux, Pascal Greggory, Melvil Poupaud, Nicole Garcia… Durée 1h52.
