La voix de Romy à Bruxelles
Dès ce vendredi 24 mars, le cinéma Palace à Bruxelles accueille la très belle expo de la Cinémathèque française consacrée à la star franco-autrichienne.
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Publié le 23-03-2023 à 15h30
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Ce vendredi, s’ouvre au cinéma Palace l’Exposition Romy Schneider, qui débarque à Bruxelles après avoir enchanté Paris, il y a tout juste un an. Sur 500 m2 et deux niveaux, cette exposition retrace toute la carrière de la célèbre actrice, depuis ses débuts autrichiens à l’âge de 15 ans, aux côtés de sa mère dans Quand refleuriront les lilas blancs d’Hans Deppe en 1953, jusqu’à son dernier film, La Passante du Sans-Souci de Jacques Rouffio en 1982, tourné juste avant sa mort à l’âge de 43 ans.

Après de Funès, Romy
Pour sa deuxième exposition après celle consacrée à Louis de Funès fin 2021, le Palace accueille à nouveau une grande expo de la Cinémathèque française. À Paris, Romy avait attiré quelque 80 000 visiteurs sur quatre mois, un peu plus que de Funès (mais son expo s’était déroulée durant le confinement). À Bruxelles, l’acteur avait séduit 21 600 visiteurs. Directeur du Palace, Éric Franssen espère que l’actrice franco-autrichienne fera aussi bien.
Si l’exposition est un poil moins riche qu’à Paris, on en retrouve l’essentiel des pièces, dans une scénographie adaptée aux lieux par la commissaire de l’expo Clémentine Deroudille (déjà derrière l’expo de Funès) et son scénographe Christian Marti (qui vient de décrocher le César des meilleurs décors pour Simone, le voyage du siècle). Avec, sans doute, un peu moins d’impact qu’à Paris dans la dernière partie de l’exposition, installée à l’étage du très beau Foyer Hammesse, pépite Art Déco du Palace.

L’affirmation d’une actrice
Pour le reste, à travers de très nombreux documents (photos, affiches, archives, correspondance…) et extraits de film, le parcours, chronologique, reste identique et suit le récit imaginé par Clémentine Deroudille : montrer Romy au travail et faire entendre sa voix et non celle de ses exégètes. Et ce parcours est passionnant, c’est celui d’une jeune femme de 18 ans, agacée de l’image renvoyée d’elle par le succès de Sissi, qui décide de changer de vie et de s’installer à Paris auprès de son amoureux (qu’elle avait choisi sur catalogue pour jouer à ses côtés dans Christine). Sauf qu’à Paris, tout le monde prend de haut cette jeune Autrichienne ne parlant pas un mot de français. Et alors que la carrière de Delon s’envole, la sienne patine. C’est grâce à Visconti, qui la fait jouer aux côtés de Delon au théâtre à Paris, qu’elle trouvera une légitimité nouvelle.
Au-delà du mélodrame de la fin de sa vie et de sa beauté fulgurante, l’expo raconte la vie d’une actrice exigeante, passionnée par son travail, qui préféra renoncer à une carrière hollywoodienne — elle avait signé pour six films avec la Columbia — pour forger son propre mythe au sein du cinéma français. Que ce soit dans La Piscine de Deray ou, évidemment, chez Claude Sautet, qui, en cinq films, créera avec elle l’incarnation de la femme française, libre et épanouie.
À côté de l’exposition, le Palace consacre également une belle rétrospective à Romy (cf. ci-dessous) avec, cette fois, la possibilité d’acheter des billets combinés visite + séance (15€).
La prochaine grande exposition de la Cinémathèque française, Viva Varda, s’ouvrira en octobre 2023 à Paris. Malgré les liens d’Agnès Varda avec la Belgique, le Palace n’a, cette fois, pas prévu d’accueillir l’exposition en ses murs…

- Du 24/3 au 25/6 au Cinéma Palace à Bruxelles, tous les jours de 11h à 19h. Entrée : 10€ (gratuit pour les -12 ans). Billet combiné avec une séance : 15€. Rens. : www.cinéma-palace.be.
- Le très beau catalogue de l’exposition (256 pp., 35€), réédité chez Flammarion pour l’occasion, sera disponible à la librairie de l’exposition, tout comme une vingtaine d’ouvrages consacrés à Romy.
La programmation de la rétrospective
Durant toute la durée de l’exposition, le Palace consacrera une rétrospective à Romy Schneider. Dix films resteront ainsi à l’affiche jusqu’au 25 juin, dans de belles copies restaurées. On retrouve évidemment trois Sautet : Les Choses de la vie, César et Rosalie et Max et les Ferrailleurs. Mais aussi Le Procès d’Orson Welles (en copie 4K), La Piscine de Jacques Deray, Clair de femme de Costa-Gavras, La Banquière de Francis Girod, La Mort en direct de Bertrand Tavernier, Clair de femme de Costa-Gavras et L’important c’est d’aimer d’Andrzej Żuławski. Sans oublier L’Enfer d’Henri-George Clouzot, le sublime documentaire de Serge Bromberg et Ruxandra Medrea.
À côté de cette programmation régulière, le Palace consacrera de nombreuses séances événementielles à d’autres œuvres marquantes de la star, comme les trois Sissi (en VF), Christine de Pierre Gaspard-Huit (qui marqua la rencontre avec Alain Delon), Ludwig de Luchino Visconti, Katia de Robert Siodmak ou encore le méconnu Combat dans l’île d’Alain Cavalier, le premier film tourné en français par Romy Schneider en 1962.

De nombreux invités
Par ailleurs, durant les trois mois d’exposition, de nombreux invités viendront présenter certaines séances. Et ce dès ce vendredi soir avec Jean-Pierre Lavoignat, auteur du livre Romy Schneider et Claude Sautet, un coup de foudre, qui introduira Les Choses de la vie. Citons également Costa-Gavras — le directeur de la Cinémathèque française présentera son propre film Clair de femme le 30 mars —, Olivier Monssens (auteur d’un documentaire sur Romy pour Arte, qui parlera de La Piscine, le 2/4), l’actrice Lubna Azabal (Le Vieux fusil, le 4/4) ou encore le réalisateur Joachim Lafosse (L’Enfer de Georges Clouzot, le 12/4). Mais aussi la fille de Romy Schneider, Sarah Biasini, qui, le 4 avril, présentera César et Rosalie.
Cette belle programmation boostera sans doute un peu plus encore la fréquentation, déjà au beau fixe du cinéma Palace. La salle bruxelloise vient en effet de réaliser les meilleurs mois de janvier et de février de son histoire, mais aussi de mars, alors que le mois n’est pas fini… Preuve que la page de la crise Covid est désormais tournée…
