“The Lost King” : L’obsession du roi maudit
Stephen Frears retrace, sans allant mais avec Sally Hawkins, la passion dévorante d’une historienne amatrice pour Richard III.
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Publié le 27-03-2023 à 15h57
“Un cheval ! un cheval ! Mon royaume pour un cheval ! ” Depuis la fin du XVIe siècle et la pièce de Shakespeare, écrite vers 1591, Richard III est vu comme un tyran monstrueux, un être pathétique ayant fait assassiner ses deux jeunes neveux pour pouvoir monter sur le trône. Tué à la bataille de Bosworth en 1485, à la fin de la Guerre des Deux-Roses, il traîne, depuis, une réputation exécrable.
Suite à une représentation de Richard III au Théâtre royal d’Édimbourg au début des années 2000, Philippa Langley (Sally Hawkins) est totalement bouleversée par le destin de ce roi maudit, non reconnu par la famille royale d’Angleterre. Pire, régulièrement, Richard III lui apparaît, sous les traits du comédien qu’elle a vu sur scène (Harry Lloyd). Bientôt, cette femme d’une quarantaine d’années, qui vit séparée du père de ses deux garçons (Steve Coogan) et qui s’ennuie à mourir dans son travail, va entièrement se consacrer à sa passion. Rejoignant une société d’Edimbourg dont la cause est la réhabilitation de Richard III, elle est convaincue que c’est Henri VII d’Angleterre qui a multiplié les accusations mensongères pour discréditer son prédécesseur, reprises et amplifiées par la puissance théâtrale de Shakespeare. L’idée fixe de Philippa désormais : retrouver la sépulture de Richard III, dont on pense qu’elle se trouve à Leicester…

Looking for Richard
Aussi critique en soit-il, Stephen Frears aime décidément beaucoup la famille royale britannique. Après son inoubliable The Queen, avec une Helen Mirren royale en 2006, ou le très quelconque Confident royal (son dernier film en 2017 avec Judi Dench, sur la relation entre la reine Victoria et son serviteur indien Mohammed Abdul Karim), le cinéaste anglais de 81 ans s’intéresse cette fois au dernier roi d’Angleterre de la maison Plantagenêt. Ou plutôt à l’obsession dévorante que celui-ci déclenche chez une historienne amatrice, qui va devoir se battre contre les institutions académiques, pour parvenir à faire fouiller un parking de Leicester et, finalement, découvrir les ossements du roi bossu — en fait atteint d’une grave scoliose.
Le sujet est non seulement très britannique — pas sûr qu’au-delà de la Manche la postérité de Richard III intéresse quiconque… —, mais, comme dans Confident royal, Stephen Frears livre un film plan-plan, bien loin de la causticité qui a fait la marque de son cinéma.
Le cinéaste est né à Leicester, le sujet le touche donc certainement, mais il ne parvient pas à faire partager sa passion. Il a pourtant fait appel à une équipe en or, celle de Philomena en 2014, avec Jeff Pope et Steve Coogan au scénario. Sans oublier la toujours formidable Sally Hawkins, révélée par Mike Leigh dans Vera Drake en 2004 et nommée à l’Oscar en 2018 pour sa prestation dans La Forme de l’eau de Guillermo Del Toro. Mais rien n'y fait, impossible de se passionner pour la quête de cette passionaria de Richard III… D’autant que la construction banale et la réalisation sans âme ont bien dû mal à dépasser celle d’un bon téléfilm BBC…

The Lost King Comédie fatiguée De Stephen Frears Scénario Steve Coogan et Jeff Pope (d’après le livre de Philippa Langley) Photographie Zac Nicholson Musique Alexandre Desplat Montage Pia Di Ciaula Avec Sally Hawkins, Steve Coogan, Harry Lloyd… Durée 1h49
