Avec “Àma Gloria”, la Semaine de la critique s’ouvre en toute tendresse à Cannes
La 62e Semaine de la Critique s’ouvre ce mercredi avec le délicat “Àma Gloria”, premier film en solo de la Française Marie Amachoukeli, présenté en séance spéciale. La coréalisatrice de Party Girl en 2014 met en scène le lien unique qui unit une petite fille de six ans et sa nounou cap-verdienne.
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Publié le 17-05-2023 à 11h39 - Mis à jour le 17-05-2023 à 13h32
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Cléo (Louise Mauroy-Panzani), six ans, a perdu sa maman. Très occupé, son père l’a confiée à Gloria (Ilça Moreno Zego), venue du Cap-Vert, où elle a laissé toute sa famille pour venir gagner sa vie en France. La petite est très attachée à sa nounou, qui l’aime comme sa propre fille. Malheureusement, un jour, Gloria reçoit une mauvaise nouvelle: sa mère vient de mourir et elle doit rentrer au pays pour l’enterrer et s’occuper de ses propres enfants… Mais, juré-craché, la séparation n’est pas définitive. Elle invite en effet Cléo à passer l’été sur son île. Son papa accepte… L’enfant découvre avec bonheur le quotidien de Gloria au Cap-Vert, s’initie à une nouvelle culture et apprend à connaître la famille de sa nounou…
Un été en "famille"
Cinéaste française découverte aux côtés de Claire Burger (la réalisatrice de C’est ça l’amour avec Bouli Lanners en 2018), Marie Amachoukeli signe avec Àma Gloria son premier long métrage en solo, inspiré d’une épisode de sa propre vie.
Avec sa comparse, elles avaient réalisé les courts métrages Forbach et C’est gratuit pour les filles (César du meilleur court en 2010), avant de coréaliser à trois avec Samuel Theis le film choc Party Girl, portrait d’une entraîneuse de bar jouant son propre rôle qui avait décroché la Caméra d’or, à Cannes, en 2014.
La tonalité d’Àma Gloria peut surprendre au premier abord. On sent pourtant bien la filiation avec les films précédents de Marie Amachoukeli qui, eux aussi, mêlaient la réalité et la fiction. À voir le lien qui unit cette petite fille et sa nounou, on a par moment l’impression d’être du côté du documentaire, tant celui-ci paraît intense, réel…

Séquences animées
Sur une trame minimaliste — un été passé au Cap-Vert —, Àma Gloria est un très joli film sur l’enfance, un film parcouru par la tendresse, mais qui n’élude pas les passions que peut ressentir une enfant de six ans pour cette mère de substitution, de l’amour inconditionnel à la jalousie, en passant par la colère quand elle n’est plus le centre de l’attention de Gloria.
Autant d’émotions que la cinéaste met en scène avec beaucoup de finesses, dans une série de scènes très quotidiennes qui nous montrent la complicité entre les deux personnages. Mais aussi par le biais de quelques séquences animées colorées et naïves, en clin d’oeil à Mary Poppins, qui nous font entrer dans la tête de la petite Cléo.
Portée par deux comédiennes épatantes, voilà un film très délicat qui capte avec une grande justesse la réalité du Cap-Vert, sans jamais adopter un regard exotique. À travers cette histoire d’amour quasi clandestin, Amachoukeli propose en effet aussi un regard sur les relations Nord-Sud, car Cleo et Gloria ne sont pas sur un pied d’égalité socialement et culturellement.
Sans surprise, Àma Gloria a été acheté et sortira prochainement sur grand écran en Belgique.
Àma Gloria Drame Scénario et réalisation Marie Amachoukeli Animation Marie Amachoukeli et Pierre-Emmanuel Lyet Photographie Inès Tabarin Musique Fanny Martin Montage Suzana Pedro Avec Louise Mauroy-Panzani, Ilça Moreno Zego, Arnaud Rebotini… Durée 1h23
