Sélection de la Mostra: polémique en vue à Venise
Du 30 août au 9 septembre prochains, la 80e Mostra del cinema déroulera le tapis rouge à trois grands réalisateurs controversés: Roman Polanski, Woody Allen et Luc Besson… Au sein d’une sélection officielle de haut vol, où l’on retrouve également la Belge Fien Troch, Sofia Coppola, David Fincher, Bradley Cooper, Stéphane Brizé, Bertrand Bonello…
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/5fe4e627-8f76-40cd-8b84-1471638c0a7a.png)
- Publié le 25-07-2023 à 15h00
- Mis à jour le 24-08-2023 à 14h04
:focal(633x324:643x314)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/LPQDPUEDD5GHVEYYUR5V7Y7SFM.jpg)
En mai dernier, le 76e Festival de Cannes s’était ouvert dans la polémique avec le retour en grâce de Johnny Depp, couronné en Louis XV à l’affiche du film d’ouverture Jeanne du Barry de Maïwenn. La 80e Mostra de Venise, le plus ancien festival au monde, pousse plus loin encore la provocation post-#MeToo. Du 30 août au 9 septembre, elle dévoilera en effet les nouveaux films de trois cinéastes cibles du combat féministe dans le monde du cinéma : Roman Polanski (The Palace, hors Compétition), Woody Allen (Coup de chance, hors Compétition) et Luc Besson, dont Dogman est l’un des 23 titres en course pour le Lion d’or, qui sera décerné par un jury présidé par le cinéaste américain Damien Chazelle (La La Land, Babylon).
Ce qui a immédiatement provoqué un mouvement de colère sur les réseaux sociaux. Et ce, même si aucune action en justice n'est ouverte à l'encontre de Woody Allen et de Luc Besson. En juin dernier, la cour de cassation a définitivement écarté les accusations de viol de Sand Van Roy à l'encontre du réalisateur français. Quant à Roman Polanski, il devrait quant à lui être jugé pour la première fois en France pour diffamation pour avoir affirmé, dans une interview à Paris Match, que l'une de ses accusatrices, l'Anglaise Charlotte Lewis, était une menteuse.
Ce mardi midi, Alberto Barbera a annoncé la sélection de ces trois titres sans faire la moindre allusion au caractère problématique de leurs auteurs. Même si, avant cela, peut-être pour tenter de calmer la tempête, le directeur de la Mostra annonçait fièrement avoir retenu 30 % de films de réalisatrices en sélection officielle…

Impact limité de la grève à Hollywood
Alberto Barbera a par ailleurs affirmé que l’impact sur la Mostra des grèves des acteurs et des scénaristes hollywoodiens sera limité. Un seul film a été retiré de la sélection par Amazon et Warner : Challengers de l’Italien Luca Guadagnino, une grosse production avec Zendaya et Josh O’Connor dont la sortie a été repoussée au printemps prochain. Annoncé il y a quelques semaines comme film d’ouverture, Challengers a été remplacé par Comandante, qui ouvrira le festival et la Compétition. L’Italien Edoardo De Angelis y raconte, durant la Seconde Guerre mondiale, le sauvetage de 26 marins belges par un capitaine de sous-marin italien.
Malgré le mouvement de grève hollywoodien, la Mostra accueillera de nombreuses productions américaines indépendantes, et non de grands studios, avec des conséquences dès lors limitées sur le tapis rouge. Parmi celles-ci, on retrouve en Compétition The Killer de David Fincher, avec Michael Fassbender et Tilda Swinton, Ferrari de Michael Mann, avec Adam Driver et Penélope Cruz, Maestro de et avec Bradley Cooper et Carey Mulligan, ainsi que Priscilla de Sofia Coppola.

Une réalisatrice belge en Compétition
Sept ans après avoir reçu le prix de la mise en scène aux Orrizonti à Venise pour Home, la cinéaste flamande Fien Troch est cette fois en lice pour le Lion d’or avec son cinquième long métrage, Holly. Le reste de la présence belge en Compétition est lié à deux coproductions : The Green Border de la Polonaise Agnieszka Holland et Io capitano de Matteo Garrone, l’auteur de Gomorra, Dogman et de Pinocchio avec Roberto Benigni en 2019.
Parmi les autres candidats sérieux au palmarès, citons également deux films français : La Bête de Bertrand Bonello avec Léa Seydoux, et Hors-saison, où Stéphane Brizé quitte le film social en filmant Guillaume Canet et Alba Rohrwacher. Mais on attend également beaucoup d’El conde du Chilien Pablo Larraín, de retour sur le Lido après y avoir dévoilé Jackie, Ema et Spencer. Sans parler d’Evil Does Not Exist du Japonais Ryusuke Hamaguchi (révélé en Compétition à Cannes en 2021 avec le formidable Drive My Car) et, bien sûr, Poor Things de Yorgos Lanthimos. Cinq ans après le formidable La Favorite, l’impayable cinéaste grec est de retour à Venise avec une nouvelle production britannique, où il retrouve Emma Stone pour relire le mythe de Frankenstein.

Wes Anderson, Quentin Dupieux, Richard Linklater…
Hors Compétition, signalons la présence de deux productions Netflix : The Wonderful Story of Henry Sugar, moyen métrage inspiré de Roald Dahl, signé Wes Anderson (dont le dernier film Asteroid City est toujours à l’affiche) et La sociedad de la nieve de l’Espagnol J.A. Bayona qui, le 9 septembre, clôturera cette 80e Mostra del cinema.
Avant cela, le Lido accueillera également quelques grands noms, comme les Américains William Friedkin (The Caine Muntiny Court-Martial avec Kiefer Sutherland), Richard Linklater (Hit Man) et Harmony Korine (Aggro Dr1ft). Mais aussi les Français Quentin Dupieux (Daaaaaali ! avec Anaïs Demoustier et Romain Duris), Cédric Kahn (Making of avec Denis Podalydès et Xavier Beauvois) et Xavier Giannoli. Le réalisateur d’Illusions perdues dévoilera à Venise les 12 épisodes de sa première série D’argent et de sang, avec Vincent Lindon, Judith Chemla, Niels Schneider… Produit par Canal+, ce thriller judiciaire est une adaptation de l’ouvrage homonyme du journaliste de Médiapart Fabrice Arfi, qui enquêtait sur une affaire de fraude à la TVA sur les quotas de carbone.

La sélection officielle 2023
Compétition
- Adagio de Stefano Sollima (Italie), avec Pierfrancesco Favino
- Bastarden (The Promised Land) de Nikolaj Arcel (Danemark/All./Suède), avec Mads Mikkelsen
- La Bête de Bertrand Bonello (France/Canada), avec Léa Seydoux
- Comandante d’Edoardo De Angelis (Italie), avec Pierfrancesco Favino Film d’ouverture
- El conde de Pablo Larraín (Chili)
- Dogman de Luc Besson (France), avec Caleb Landry Jones
- Enea de et avec Pietro Castellitto (Italie)
- Evil Does Not Exist (Aku Wa Sonzai Shinai), de Ryusuke Hamaguchi (Japon)
- Ferrari de Michael Mann (États-Unis), avec Adam Driver, Penélope Cruz, Shailene Woodley
- Finalmente l’alba de Saverio Costanzo (Italie), avec Lily James, Alba Rohrwacher, Willem Dafoe
- The Green Border (Zielona Granica) d’Agnieszka Holland (Tchéquie/Pologne/Belgique)
- Holly de Fien Troch (Belgique/P.-B./Lux./France) avec Cathalina Geraerts, Felix Heremans
- Hors-saison de Stéphane Brizé (France), avec Guillaume Canet, Alba Rohrwacher
- Io capitano de Matteo Garrone (Italie/Belgique)
- The Killer de David Fincher (États-Unis), avec Michael Fassbender, Tilda Swinton
- Lubo de Giorgio Diritti (Italie/Suisse), avec Franz Rogowsky
- Maestro de Bradley Cooper (États-Unis), avec Carey Mulligan, Bradley Cooper
- Memory de Michel Franco (Mexique/États-Unis), avec Jessica Chastain, Peter Sarsgaard
- Origin d’Ava DuVernay (États-Unis), avec Connie Nielsen
- Priscilla de Sofia Coppola (États-Unis/Italie)
- Poor Things de Yorgos Lanthimos (Grande-Bretagne), avec Emma Stone, Mark Ruffalo, Margaret Qualley
- Die Theorie Von Allem de Timm Kröger (Allemagne)
- Woman of (Kobieta Z…) de Małgorzata Szumowska et Michał Englert (Pologne/Suède), avec Joanna Kulig
Hors Compétition
- La sociedad de la nieve J.A. Bayona (Espagne) Film de clôture
- Coup de chance de Woody Allen (France), avec Lou de Laâge, Valérie Lemercier, Melvil Poupaud
- The Wonderful Story of Henry Sugar de Wes Anderson (États-Unis), avec Ralph Fiennes, Benedict Cumberbatch Moyen métrage
- The Penitent de et avec Luca Barbareschi (Italie)
- L’ordine del tempo de Liliana Cavani (Italie)
- Vivants d’Alix Delaporte (France), avec Roschdy Zem, Vincent Elbaz
- Welcome to Paradise de Leonardo Di Costanzo (Italie) Court métrage
- Daaaaaali ! de Quentin Dupieux (France), avec Anaïs Demoustier, Edouard Baer, Gilles Lellouche, Romain Duris
- The Caine Muntiny Court-Martial de William Friedkin (États-Unis), avec Kiefer Sutherland
- Making of de Cédric Kahn (France), avec Denis Podalydès, Jonathan Cohen, Xavier Beauvois
- Aggro Dr1ft d’Harmony Korine (États-Unis)
- Hit Man de Richard Linklater (États-Unis)
- The Palace de Roman Polanski (Suisse), avec Fanny Ardent, John Cleese
- Snow Leopard de Pema Tseden (Tibet)
- Amor de Virginia Eleuteri Sepieri (Italie) Premier film – Documentaire
- Frente a Guernica (Version intégrale) de Yervant Gianakin et Angela Licci Lucchi (Espagne) Documentaire
- Hollywoodgate d’Ibrahim Nash’at (Allemagne) Documentaire
- Riyushi Sakamoto – Opus de Neo Sora (Japon) Documentaire
- Enzo Jannacci vengo anch’io de Giorgio Verdelli (Italie) Documentaire
- Menus plaisirs : les Troisgrois de Frederick Wiseman (France/États-Unis) Documentaire
- La parte del leone : una storia della Mostra de Baptiste Etchegaray et Giuseppe Bucchi (Italie/France) Documentaire – Projection spéciale
- D’argent et de sang de Xavier Giannoli (France), avec Vincent Lindon, Judith Chema, Niels Schneider… Série
- I Know your Soul de Jasmina Zbanic (Bosnie) Série
Orizzonti (longs métrages)
- A cielo abierto de Mariana et Santiago Arriaga (Mexique)
- El paraíso d’Enrico Maria Artale (Italie)
- Behind the Mountains de Mohamed Ben Attia (Tunisie)
- The Red Suitcase de Fidel Devkota (Népal) Premier film
- Tatami de Guy Nattiv et Zar Amir Ebrahini (Israël)
- Paradise is Burning de Mika Gustafson (Suède) Premier film
- The Featherweight de Robert Kolodny (États-Unis)
- Invelle de Simone Massi (Italie) Animation Premier film
- Hesitation Wound de Selman Nacar (Turquie)
- Heartless (Sem corção) de Nara Normande et Tião (Brésil) Premier film
- Una sterminata domenica d’Alain Parroni (Italie) Premier film
- City of Wind de Lkhagvadulam Pirev-Ochir (Mongolie)
- Explanation for Everything de Gábor Reisz (Hongrie)
- Gasoline Rainbow de Bill et Turner Ross (États-Unis) Premier film de fiction
- En attendant la nuit de Céline Rouzet (France)
- Housekeeping for Beginners de Goran Stolevski (Macédoine du Nord)
- Shadow of Fire (Hokage) de Shinya Tsukamato (Japon)
- Dormitory (Yurt) de Nehir Tuna (Turquie/All./France) Premier film
Orizzonti Extra
- Bota jonë de Luàna Bajrami (Kosovo/France)
- Forever Forever d’Anna Buryachkova (Ukraine) Premier film
- El Rapito (The Rescue) de Daniela Goggi (Argentine)
- Day of the Fight de Jack Huston (États-Unis), avec Ron Perlman, Michael Pitt Premier film
- In the Land of Saints and Sinners de Robert Lorenz (Irlande), avec Liam Neeson
- Felicità de Micaela Ramazzotti (Italie) Premier film
- Pet Shop Boys d’Olmo Schnabel (États-Unis), avec Wilem Dafoe, Emmanuelle Seigner Premier film
- Stolen de Karen Tejpal (Inde) Premier film
- L’Homme d’argile d’Anaïs Tellenne (France), avec Emmanuelle Devos Premier film
Venezia Classici : Documentaires sur le cinéma
- Bill Douglas – My Best Friend de Jack Archer (Grande-Bretagne)
- Le Film pro-nazi d’Hitchcock de Daphné Waiwir (France/États-Unis)
- Thank You Very Much d’Alex Braverman (États-Unis)
- Landrián d’Ernesto Daranas Serrano (Cuba)
- Un’altra Italia era possibile, il cinema di Giuseppe de Santis de Steve Della Casa (Italie)
- Michel Gondry Do it Yourself de François Nemeta (France)
- Ken Jacobs – From Orchard Street to the Museum of Modern Art de Fred Riedel (États-Unis)
- Dario Argento Panico de Simone Scafidi (Italie)
- Frank Capra : Mr America de Matthew Wells (États-Unis)
Biennale College Cinema
- L’anno dell’uovo (The Year of the Egg) de Claudio Casale (Italie)
- Lumbrensueño (Firedream) de José Pablo Escamilla (Mexique)
- Árni de Dorka Vermes (Hongrie)