Une Mostra de Venise 2023 en grève ?
Le 80e Festival de Venise s’ouvre ce mercredi soir avec “Comandante” d’Edoardo De Angelis. Et ce, alors que la grève des scénaristes et des acteurs paralyse Hollywood. Jusqu’au 9 septembre, pas mal de stars sont néanmoins attendues sur le Lido.
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- Publié le 29-08-2023 à 16h34
- Mis à jour le 29-08-2023 à 17h13
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Comme chaque année, la 80e Mostra de Venise, qui s’ouvre ce mercredi soir, sera l’endroit idéal pour prendre le pouls de l’évolution de l’industrie cinématographique. Habituée à accueillir les productions hollywoodiennes de prestige — on se souvient, ces dernières années, des Lions d’or attribués à La Forme de l’eau de Guillermo Del Toro en 2017, Joker de Todd Phillips en 2019 ou Nomadland de Chloé Zao en 2020 —, la Doyenne des festivals de cinéma a forcément été impactée par la grève des scénaristes et des acteurs, qui paralyse Hollywood depuis mai dernier. Malgré les propos rassurants de son directeur Alberto Barbera, lors de la présentation de la sélection le 15 juillet dernier…
Ainsi, on y attendait Dune 2 — dont le premier volet avait été dévoilé en avant-première sur le Lido en 2021 —, or il n’en sera rien, la sortie de celui-ci ayant été reportée à 2024. Pire, quelques jours seulement après l’annonce de son film d’ouverture, Challengers de Luca Guadagnino, avec Zendaya, la Mostra a dû revoir ses plans, en le remplaçant par le film italien Comandante d’Edoardo De Angelis.

Un acteur flamand en ouverture
Ce mercredi soir, en ouverture de cette 80e Mostra del cinema, on pourra donc voir défiler sur le tapis rouge du Palazzo del Casino Johan Heldenbergh, le comédien fétiche de Felix Van Groeningen (qui l’a fait tourner dans quatre de ses films, dont La Merditude des choses et Alabama Monroe, dont il tenait le premier rôle). Aux côtés de Pierfrancesco Favino (toujours à l’affiche du Colibri), l’acteur flamand incarne, en pleine Seconde Guerre mondiale, un marin d’un navire marchand belge dont l’équipage va être sauvé par le capitaine du sous-marin qui venait de le couler…
Tiré d’une histoire vraie, Comandante est l’un des 21 prétendants au Lion d’or 2023 (cf. ci-dessous), qui sera décerné par un jury présidé par Damien Chazelle, qui avait enflammé le Lido avec La La Land, présenté en ouverture de la Mostra en 2016, avant d’y dévoiler First Man en 2018.
Dans sa tâche, le réalisateur américain sera secondé par les réalisatrices Jane Campion (Lion d’argent de la mise en scène ici en 2021 pourThe Power of the Dog), Laura Poitras (Lion d’or l’année dernière pour Toute la beauté et le sang versé) et Mia Hansen-Løve, ainsi que par réalisateurs Martin McDonagh (prix du meilleur scénario en 2021 pour Les Banshees d’Inisherin) et Santiago Mitre (en Compétition l’année dernière avec Argentina, 1985).

Polémique attendue
Pour compenser la sélection, Hors Compétition, de deux personnalités polémiques (Roman Polanski, qui dévoilera The Palace, et Woody Allen, qui présente Coup de chance), Alberto Barbera a invité en Compétition six réalisatrices — on est ceci dit encore très loin de la parité… Parmi elles, on retrouve les Américaines Ava DuVernay (avec Origin) et Sofia Coppola (qui tentera, avec Priscilla, de décrocher un second Lion d’or après Somewhere en 2010), mais aussi Fien Troch. Sept ans après avoir obtenu le prix de la mise en scène aux Orizzzonti pour son dernier film Home, la cinéaste flamande est de retour sur le Lido avec Holly, portrait d’une adolescente de 15 ans ayant prédit l’incendie meurtrier de son école.
Si la Mostra accueillera quelques grands réalisateurs, tels que Michael Mann (avec Ferrari), Luc Besson (Dogman) ou Yorgos Lanthimos (Poor Things), la grève à Hollywood la privera de nombreux acteurs, qui ne peuvent participer à la promotion de leurs films — malgré une porte ouverte il y a quelques jours par leur syndicat…
Côté auteurs, de sérieux candidats au Lion d’or sont en lice, tels que les Français Bertrand Bonello (La Bête avec Léa Seydoux, d’après Henry James) et Stéphane Brizé (Hors-saison avec Guillaume Canet) ou le Japonais Ryusuke Hamaguchi, de retour, après le magnifique Drive My Car en 2021, avec Evil Does Not Exist. Mais aussi le Chilien Pablo Larrain, qui dévoilera El conde, une production Netflix qui sortira directement en streaming le 13 septembre prochain, sans passer par la salle de cinéma.

Cinq films Netflix en sélection officielle
Comme chaque année depuis le triomphe de Roma d’Alfonso Cuarón (Lion d’or en 2018), le géant du streaming américain sera chez lui sur le Lido, avec pas moins de cinq films en sélection officielle, dont trois en Compétition : El conde donc, mais aussi The Killer de David Fincher et Maestro de et avec Bradley Cooper. Hors Compétition, on découvrira également en avant-première The Wonderful Story of Henry Sugar, moyen métrage de Wes Anderson, et, en clôture de la Mostra le 9 septembre, La sociedad de la nieve de l’Espagnol J.A. Bayona (Les Anneaux de pouvoir, Jurassic World : Fallen Kingdom, Quelques minutes après minuit…).

La Mostra privée d’une partie de ses stars
Grève des scénaristes et des acteurs à Hollywood oblige, la Mostra de Venise fête cette année sa 80e édition en plus petit comité que prévu…
Emma Stone, Willem Dafoe et Mark Ruffalo ne seront ainsi pas présents durant la quinzaine pour défendre Poor Things de Yorgos Lanthimos. Lequel sera là, mais n’accordera pas d’interviews. Michael Fassbender et Tilda Swinton feront également l’impasse pour The Killer, le nouveau film de David Fincher. Tout comme Carey Mulligan, à l’affiche de Maestro, dont Bradley Cooper foulera le Lido en tant que réalisateur et non en tant qu’acteur…

Mickey Rourke et John Cleese ne semblent pas avoir répondu présents non plus pour venir présenter The Palace de Roman Polanski, qui sera défendu par la seule Fanny Ardant. Toujours côté français, la stakhanoviste Isabelle Huppert accompagnera Élise Girard pour Sidonie au Japon et Guillaume Canet Stéphane Brizé pour Hors-saison.
Rare star américaine à faire le déplacement, Adam Driver défilera sur le tapis rouge aux côtés de Penelope Cruz pour l’avant-première de Ferrari de Michael Mann. Tout comme Mad Mikkelsen pour le film danois The Promised Land et Caleb Landry Jones pour DogMan de Luc Besson. Mais aussi Olga Kurylenko et Vincent Lindon pour D’argent et de sang, la série de Xavier Giannoli pour Canal +.
Jacob Elordi et Cailee Sapent, les acteurs de Priscilla, où ils incarnent respectivement Elvis Presley et sa fille, seront aux côtés de Sofia Coppola. Tandis que l’Américain Peter Sarsgaard participera aux Giornate degli Autori non pas en tant qu’acteur, mais comme producteur exécutif de Coup !.
On attend par ailleurs Wes Anderson pour The Wonderful Story of Henry Sugar, alors qu’il sera honoré du Prix Cartier Glory to the Filmmaker. Enfin, ce mercredi soir, lors de la cérémonie d’ouverture, Charlotte Rampling remettra, elle, un prix honorifique à la cinéaste italienne Liliana Cavani qui, à 90 ans, présente hors compétition son nouveau film L’Ordine del tempo.

Mostra 2023: où sont les Belges ?
Après une belle édition cannoise 2023, avec pas moins de cinq films belges majoritaires dévoilés sur la Croisette, la 80e Mostra del Cinema s’annonce plus sobre pour la production noir-jaune-rouge. Hormis Holly de Fien Troch en Compétition, on peut néanmoins signaler la présence, dans la section parallèle Giornate degli Autori, de Quitter la nuit de Delphine Girard qui, en 2020, avait été nommée à l’Oscar du meilleur court métrage pour Une sœur. Conçu comme une prolongation de ce dernier, ce premier long métrage met en scène les trois mêmes acteurs (Selma Alaoui, Veerle Baetens et Guillaume Duhesme) dans les mêmes rôles, pour un thriller psychologique qui s’annonce intense.
Toujours du côté des Giornate, deux coproductions minoritaires sont également programmées : le documentaire Bye Bye Tiberias, portait de l’actrice palestinienne Hiam Abbas par sa fille Lina Soualem, et Backstage, coréalisé par la Tunisienne Afef Ben Mahmoud et le Marocain Khalil Benkirane.
En compétition, on trouve de l’argent belge dans Io capitano, le nouveau film de Matteo Garrone (Gomorra, Dogman, Pinocchio) et dans The Green Border de la Polonaise Agnieszka qui, comme de nombreux films sélectionnés cette année, s’intéresse au sort des migrants.
Enfin, dans la section officielle Orizzonti, la Française Céline Rouzet dévoilera son premier film de fiction En attendant la nuit, un drame fantastique coproduit entre la France et la Belgique, emmené par Élodie Bouchez et la jeune Céleste Brunnquell (découverte dans En thérapie, la série de Nakache et Toledano sur Arte).

Les 21 films en Compétition officielle
- Adagio de Stefano Sollima (Italie), avec Pierfrancesco Favino
- Bastarden (The Promised Land) de Nikolaj Arcel (Danemark/Allemagne/Suède), avec Mads Mikkelsen
- La Bête de Bertrand Bonello (France/Canada), avec Léa Seydoux
- Comandante (Italie) d’Edoardo De Angelis, avec Pierfrancesco Favino, , Johan Heldenbergh Film d’ouverture
- El conde (Chili) de Pablo Larraín
- Dogman (France) de Luc Besson, avec Caleb Landry Jones
- Enea (Italie) de et avec Pietro Castellitto
- Evil Does Not Exist (Japon), de Ryusuke Hamaguchi
- Ferrari (États-Unis) de Michael Mann, avec Adam Driver, Penélope Cruz, Shailene Woodley
- Finalmente l’alba (Italie) de Saverio Costanzo, avec Lily James, Alba Rohrwacher, Willem Dafoe
- The Green Border (Tchéquie/Pologne/Belgique) d’Agnieszka Holland
- Holly de Fien Troch (Belgique/Pays-Bas/Luxembourg/France) avec Cathalina Geraerts, Felix Heremans
- Hors-saison (France) de Stéphane Brizé, avec Guillaume Canet, Alba Rohrwacher
- Io capitano (Italie/Belgique) de Matteo Garrone
- The Killer (États-Unis) de David Fincher, avec Michael Fassbender, Tilda Swinton
- Lubo (Italie/Suisse) de Giorgio Diritti, avec Franz Rogowsky
- Maestro (États-Unis) de et avec Bradley Cooper, Carey Mulligan
- Memory (Mexique/États-Unis) de Michel Franco, avec Jessica Chastain, Peter Sarsgaard
- Origin (États-Unis) d’Ava DuVernay
- Priscilla (États-Unis/Italie) de Sofia Coppola
- Poor Things (Grande-Bretagne) de Yorgos Lanthimos, avec Emma Stone, Mark Ruffalo, Margaret Qualley
- Die Theorie Von Allem (Allemagne) de Timm Kröger
- Woman of (Pologne/Suède), de Małgorzata Szumowska et Michał Englert, avec Joanna Kulig