“El Conde” : Pablo Larraín règle ses comptes à Pinochet à la Mostra de Venise 2023
Ce jeudi après-midi, Netflix faisait son entrée en Compétition sur le Lido avec un conte macabre sur la vampirisation du Chili par la dictature Pinochet. Faiblard…
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- Publié le 31-08-2023 à 18h58
- Mis à jour le 05-09-2023 à 23h00
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Pablo Larraín est un habitué de la Mostra de Venise, où il a présenté nombre de ses films. Après Jackie (avec Natalie Portman en veuve de JFK), l’endiablé Ema et Spencer (avec Kristen Stewart en Lady Di), El Conde, dévoilé ce jeudi après-midi sur le Lido, est sa quatrième participation à la Compétition vénitienne. Mais il est peu probable qu’il remporte son premier Lion d’or avec cette comédie horrifique grinçante.
Comme dans Tony Manero, Santiago 73, Post Mortem ou encore No, le cinéaste chilien revient ici sur les fantômes qui hantent son pays, ceux de la dictature d’Augusto Pinochet, qu’il transforme cette fois en vampire assoiffé de sang, de pouvoir et d’argent.
Vampire contre-révolutionnaire
Après la mort de Marie-Antoinette (dont il lèche le sang sur la guillotine…), Claude Pinoche, ancien soldat de l’armée de Louis XVI et jeune vampire ambitieux, simule sa mort pour poursuivre, au fil des siècles, son combat contre toutes les formes de révolution. Bien décidé, cette fois, à devenir roi, il s’installe au Chili sous le nom d’Augusto Pinochet. On connaît la suite : le Coup d’État de 1973 contre Allende, la dictature sanguinaire, la chute, l’arrestation à Londres et la mort en 2006.
Sauf que Pinochet (Jaime Vadell) a, une fois de plus, simulé sa mort. Vivant reclus avec sa “veuve” Lucía Hiriart (Gloria Münchmeyer) et un vieux fidèle d’origine russe blanche qu’il a mordu pour services rendus (Alfredo Castro, l’acteur fétiche de Larraín), celui qui se fait appeler en privé le “Comte” reçoit la visite de ses cinq enfants. Avec leur mère, ceux-ci sont bien décidés à enfin hériter de la fortune secrète de leur père. Pour ce faire, ils ont engagé une jeune nonne aux talents de comptable (Paula Luchsinger) pour mettre de l’ordre dans les papiers. Laquelle réveille les ardeurs du vieux dictateur…. Tandis qu’à Santiago, on assiste à une épidémie de meurtres, dont les cadavres ont été privés de leur cœur…

Comédie poussive
Sous forme de comédie horrifique, Pablo Larraín relit la dictature Pinochet avec une bonne dose d’humour noir. Non seulement pour montrer ma cruauté du régime, mais surtout ses conséquences actuelles, dans un pays qui cherche à se réinventer mais qui n’en a pas fini avec les nostalgiques de Pinochet et une caste politico-financière qui continue de vampiriser les richesses du pays.
Des vampires contemporains représentés à l’écran par les cinq enfants Pinochet — dont Larraín dénonce ici la corruption dont ils ont profité —, mais aussi par la voix off anglaise d’un autre personnage historique, dont on découvre l’identité à la fin du film et qui vient remettre la dictature chilienne dans sa perspective néolibérale. Sans oublier un tacle à l’Église chilienne.
Si El Conde séduit par son noir et blanc soigné et par son atmosphère surréaliste, le film est très bavard et très long. Tournant rapidement en rond, il se fait surtout un peu trop basique. Transparente, sa métaphore du vampire pour décrire la figure historique de Pinochet paraît un peu trop simpliste pour dépasser le stade de la comédie potache. On comprend que Netflix ait choisi de sortir le film directement en streaming (le 15 septembre prochain), sans passer par la case grand écran…

*El Conde Comédie horrifique Scénario et réalisation Pablo Larraín Photographie Edward Lachman Montage Sofía Subercaseaux Avec Jaime Vadell, Gloria Münchmeyer, Alfredo Castro… Durée 1h50