Mostra de Venise 2023: Mads Mikkelsen en quête de la terre promise dans le Danemark du XVIIIe siècle
Ce vendredi après-midi, la 80e Mostra de Venise accueillait “The Promised Land”, un film historique du Danois Nikolaj Arcel, de retour sur ses terres après l’échec de “La Tour sombre”, d’après Stephen King.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/5fe4e627-8f76-40cd-8b84-1471638c0a7a.png)
- Publié le 01-09-2023 à 17h58
- Mis à jour le 05-09-2023 à 23h03
:focal(3091x2069:3101x2059)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/IIVAI75GDRBYXEONBMRXIRWOCQ.jpg)
Vendredi, le Festival de Venise a accueilli l’une des rares grandes stars de sa 80e édition : Mads Mikkelsen. Auréolé de l’aura de Drunk de son compatriote Thomas Vinterberg et de ses nombreuses participations à de grosses productions anglo-saxonnes (de James Bond aux Animaux fantastiques, en passant par le récent Indiana Jones et le Cadran de la destinée), l’acteur danois a défilé sur le tapis rouge du Palazzo del Cinema pour dévoiler The Promised Land de Nikolaj Arcel.
Pour sa première entrée en Compétition à Venise, le cinéaste danois revient sur ses terres, tentant d’oublier l’échec retentissant de La Tour sombre, son adaptation ratée du cycle de romans de Stephen King, avec Idris Elba en 2017. Onze ans après avoir décroché deux Ours d’argent à la Berlinale pour Royal Affair, Arcel retrouve Mads Mikkelson dans un drame historique de nouveau situé dans le Danemark du XVIIIe siècle et toujours adapté d’un roman. En l’occurrence Le Capitaine et Ann Barbara, publié par Ida Jessen paru en 2020 et qui s’inspirait de la vie de Ludvig von Kahlen.
En quête de reconnaissance sociale
Après avoir servi 25 ans dans l’armée d’Allemagne, le capitaine Ludvig Kahlen (Mads Mikkelsen) revient à Copenhague en 1755 avec l’idée d’établir une colonie dans la grande bruyère inhospitalière du Jutland, réputée stérile à toute forme de culture et terre du Roi. Ayant reçu l’autorisation du Trésor royal pour son projet – avec la promesse d’un titre nobiliaire s’il parvient à défricher cette terre inculte –, il se met au travail, avec l’aide d’un jeune pasteur et d’un couple de serfs ayant fui le domaine du cruel propriétaire terrien local, Frederik de Schinkel (Simon Bennebjerg). Lequel refuse l’idée que s’établisse une colonie sur ce qu’il considère être ses terres et non celles du roi. Le jeune aristocrate décadent n’aura de cesse de mettre des bâtons dans les roues du capitaine obstiné, alors que sa cousine et future fiancée, Edel (Kristine Kujath Thorp), tombe, elle, sous le charme de cet homme rustre en quête de reconnaissance sociale…
The Promised Land est un film difficile à appréhender. Sous son titre international, le film se présente comme un classique drame historique sur la volonté d’un homme de défricher un territoire vierge, en offrant de nouvelles terres cultivables à la Couronne danoise. Et le Danois Nikolaj Arcel sait y faire, avec une reconstitution historique exemplaire, s’appuyant sur les superbes paysages de landes désertiques et sur la météo capricieuse de cette terre semblant oubliée de Dieu. Même si, dans le même esprit, l’Islandais Hlynur Pálmason allait beaucoup plus loin l’année dernière dans l’envoûtant et insaisissable Godland, qui mettait en scène un jeune prêtre danois cherchant à établir une paroisse dans un coin perdu de l’Islande sauvage.

Un point de vue ironique
C’est sous son titre original, Bastarden, que le film se fait plus intéressant. Fils illégitime d’un riche propriétaire né d’une union avec une servante, Ludvig Kahlen est obsédé par l’ascension sociale. Pour l’aider dans son projet, le capitaine s’entoure de rebut de la société comme lui, dont sa servante Ann Barbara (Amanda Collin) et Anmai Mus, une gamine au teint foncé qui effraie ses premiers colons… Mais son plus grand ennemi, c’est l’aristocrate du coin, auquel il aspire de ressembler. Un tyran sans coeur dont Arcel dresse un portrait un peu trop chargé.
Mais là où l’on sent la patte de son coscénariste Anders Thomas Jensen (qui faisait tourner Mikkelsen récemment dans Riders of Justice), c’est dans la vision ironique de l’existence que propose The Promised Land. À travers cette quête éperdue de respectabilité d’un sans-grade qui, au nom d’un titre aristocratique et d’une fortune hypothétiques, risque de tout perdre…

**The Promised Land/Bastarden Drame De Nikolaj Arcel Scénario Nikolaj Arcel et Anders Thomas Jensen (d’après Le Capitaine et Ann Barbara d’Ida Jessen) Photographie Rasmus Videbæk Musique Dan Romer Montage Olivier Bugge Coutté Avec Mads Mikkelsen, Amanda Collin, Simon Bennebjerg, Kristine Kujath Thorp, Melina Hagberg… Durée 2h07