“Le Livre des solutions” : Notre critique du nouveau Michel Gondry avec Pierre Niney et Blanche Gardin
Michel Gondry, le cinéaste bricoleur, confie à Pierre Niney le rôle de son alter ego à l’écran, dans une irrésistible comédie cinéphile, drôle et touchante. Au cinéma ce mercredi.
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- Publié le 19-09-2023 à 17h08
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Rien ne va plus pour Marc (Pierre Niney), jeune cinéaste fantasque. Ses producteurs lui ont retiré le final cut de son dernier film. Avec l’aide de sa monteuse Charlotte (Blanche Gardin), il décide alors d’embarquer les ordinateurs et d’aller se planquer chez sa vieille tante Denise (Françoise Lebrun), dans un petit village perdu des Cévennes. Rejoint par les membres de son équipe, le trentenaire va tenter de poursuivre le tournage de son film. Mais, rapidement dépassé par son imagination, il bouscule sans cesse son plan initial. Pour surmonter tous ses problèmes, Marc décide d’écrire enfin le livre dont il rêvait déjà enfant : Le Livre des solutions…
Autoportrait sincère
Cela fait un petit temps qu’on n’avait plus entendu parler de Michel Gondry, depuis Microbe et Gasoil, passé totalement inaperçu en 2015. Ancien clippeur devenu cinéaste star aux États-Unis grâce à Human Nature en 2001 et surtout Eternal Sunshine of the Spotless Mind en 2004 (Oscar du meilleur scénario original), Gondry a toujours pratiqué un cinéma à part, marqué par une forme de bricolage, qui n’a cessé de s’affirmer de film en film. Que ce soit dans La Science des rêves (2006), Soyez sympas, rembobinez (2008) ou L’Écume des jours, d’après Boris Vian en 2013. À voir Pierre Niney se battre contre ses producteurs et s’acharner à inventer des bouts de ficelle pour finaliser son film, dont on suit la fabrication à chaque étape, on se doute que Gondry parle ici beaucoup de lui…
S’il ne manque pas de souligner une forme de génie chez son personnage, le cinéaste français ne cache aucunement ses zones d’ombre. À la fois drôle et touchant, Le Livre des solutions (présenté à la Quinzaine des cinéastes à Cannes en mai dernier) est en effet un autoportrait sincère, où Gondry met en scène non seulement la débrouillardise et la persévérance dont il faut faire preuve pour boucler un film, mais aussi une forme de comportement tyrannique chez ce réalisateur enfant gâté, capable de s’introduire dans la chambre de l’une de ses collaboratrices en pleine nuit pour lui faire part de sa énième nouvelle idée…

L’ombre de la dépression
Si Michel Gondry est resté éloigné du grand écran pendant huit ans, c’est aussi qu’il a traversé une période sombre, marquée par la dépression. Durant le montage de L'Écume des jours, il a en effet été diagnostiqué bipolaire. Sujet qu’il aborde ici de front, dans un film sous forme de thérapie qui lui permet d’exorciser ses démons à l’écran en les transformant en un geste créateur. Dans son entreprise, le réalisateur atypique s’entoure d’un très beau casting. Outre Pierre Niney, on se régale à nouveau de la prestation impeccable de Blanche Gardin, mais aussi de Françoise Lebrun, en vieille dame décalée…

Le Livre des solutions Comédie cinéphile Scénario et réalisation Michel Gondry Photographie Laurent Brunet Musique Étienne Charry Montage Élise Fievet Avec Pierre Niney, Blanche Gardin, Françoise Lebrun, Vincent Elbaz, Camille Rutherford… Durée 1h42