”Jusqu’à ce que mon corps sans vie soit libéré” : le réalisateur iranien Jafar Panahi entame une grève de la faim
Le cinéaste dissident est incarcéré depuis le 11 juillet dans la terrible prison d’Evin. Son dernier film, “No Bears”, sort en Belgique le 8 février.
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Publié le 02-02-2023 à 09h22 - Mis à jour le 02-02-2023 à 13h28
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Incarcéré à la tristement célèbre prison d’Evin, à Téhéran, le réalisateur iranien Jafar Panahi a entamé une grève de la faim. Le cinéaste a été arrêté le 11 juillet 2022.
Sa femme Tahereh Saeedi et son fils Panah Panahi ont diffusé un communiqué en son nom qui proteste contre des traitements “illégaux et inhumains”. Il affirme qu’il ne se nourrit plus ni ne prendra de médication jusqu’à ce que, “peut-être, mon corps sans vie soit libéré de cette prison”.
Âgé de 62 ans, Jafar Panahi est l’un des cinéastes iraniens les plus primés : Lion d’or à Venise en 2000 pour Le Cercle, Ours d’or à Berlin pour Taxi Téhéran en 2015, il a reçu le prix du scénario à Cannes en 2018 pour Trois Visages.
Il a été condamné en 2010 à six ans de prison et vingt ans d’interdiction de réaliser ou d’écrire des films, de voyager ou de s’exprimer dans les médias, pour “propagande contre le régime”. Le régime lui reproche d’avoir soutenu le mouvement de protestation de 2009 contre la réélection de l’ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad à la présidence de la République islamique.
Assigné à résidence avant son arrestation, Jafar a continué à vivre et à tourner des films en Iran. Sortis du territoire clandestinement, plusieurs de ses films ont été montrés dans les festivals internationaux et distribués en salles, notamment en France, en Belgique et en Allemagne. Son dernier film, No Bears, a été présenté au Festival de Venise, en septembre, deux mois après son emprisonnement. Il doit précisément sortir en Belgique le 8 février.
Son arrestation en juillet a fait suite à celle de ses confrères cinéastes Mohammad Rasoulof et Mostafa Aleahmad. Ils sont accusés de “trouble à l’ordre public” et d’avoir encouragé la vague de contestation après la mort de 43 personnes dans l’effondrement d’une tour.
La 73e édition du Festival de Berlin, qui se tiendra du 16 au 26 février, a prévu une vaste sélection d’œuvres dissidentes iraniennes. L’actrice iranienne en exil Golshifteh Farahani est membre du jury. La Berlinale a régulièrement soutenu Jafar Panahi et présenté ses œuvres.
- Plusieurs films de Jafar Panahi sont disponibles sur la plateforme Sooner.