"Compartiment N°6": Échappée russe à Cannes

Ce samedi après-midi, le 74e Festival de Cannes accueillait en Compétition le très beau second film du Finlandais Juho Kuosmanen. Une simple rencontre, juste et belle, le temps d'une virée Moscou-Mourmansk en train-couchettes…

Hubert Heyrendt, à Cannes
"Compartiment N°6": Échappée russe à Cannes
©D.R.

Prix Un Certain Regard en 2016 pour Olli Mäki (romance autour d’un champion de boxe en noir et noir), Juho Kuosmanen présentait son second long métrage Compartiment N°6 ce samedi en Compétition du 74e Festival de Cannes. Adaptant le roman de sa compatriote Rosa Liksom, publié chez Gallimard en 2013, le cinéaste finlandais signe un magnifique raod-trip en train-couchettes vers l’Arctique.

Train de nuit Moscou-Mourmansk

Jeune Finlandaise venue étudier le russe à Moscou, Laura vit une romance avec la jeune professeure de littérature chez qui elle loge. Passionnée d’archéologie, la jeune fille rêve d'aller voir les pétroglyphes, vieux de 10000 ans, de Mourmansk, port situé sur la mer de Barents, tout au nord de la péninsule scandinave. Sa compagne a malheureusement dû renoncer à l’accompagner.

Dans le train de nuit qui l'emmène vers le Grand Nord, Laura partage le compartiment numéro 6 avec Ljoha, un jeune mineur russe qui a apporté saucisson et vodka. Le type est lourd. Très lourd. Au point que la jeune fille songe à descendre du train à Saint-Pétersbourg…

"Compartiment N°6": Échappée russe à Cannes
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L’échappée russe

À peine situé dans le temps — par quelques références culturelles, on devine qu’on est vers la fin des années 90 —, l’intrigue de Compartiment N°6 est on ne peut plus basique. Juho Kuosmanen met ici en scène la cohabitation, le temps d'un long voyage, entre deux êtres que tout sépare: une jeune intellectuelle occidentale et un ouvrier russe. Mais, par la grâce du road-movie et des rencontres qu’il permet, le film prend une réelle ampleur et une vraie profondeur. Que ce soit une altercation entre deux couchettes, une scène sur le quai d'une gare, une discussion alcoolisée avec une babouchka ou un trajet en taxi, tout sonne juste dans cette rencontre inattendue et sans lendemain, le temps d’une échappée belle vers le Cercle arctique.

Sans chercher à verser le moins du monde dans la reconstitution historique, le cinéaste finlandais n’en décrit pas moins très bien cette Russie profonde d'il y a un quart de siècle, à peine sortie de l'ère soviétique. Et c'est avec un vrai amour qu'il filme ces décors décrépis, ces gueules ravagées par le froid et l’alcool, ces bocaux de cornichons et autres « champagne » servi au wagon restaurant. Par la finesse de son regard, le Finlandais donne sacrément envie de tenter à son tour cette aventure nordique...

Compartiment N°6 est enfin porté par deux excellents jeunes comédiens: la Finlandaise Seidi Haarla (qui jouait déjà dans Olli Mäki) et le Russe Yuriy Borisov, que l’on reverra, lundi en Compétition, dans La Fièvre de Petrov de Kirill Serebrennikov.

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