Le Flamand Lukas Dhont bouleverse le Festival de Cannes avec "Close" et se place dans la course à la Palme d'or
Ce jeudi soir, le jeune cinéaste, révélé à Cannes avec Girl en 2018, s'est bien placé dans la course à la Palme d'or avec un drame très fort sur une amitié amoureuse brisée entre deux jeunes garçons de 13 ans.
Publié le 27-05-2022 à 09h04 - Mis à jour le 30-05-2022 à 16h31
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Les yeux étaient humides, jeudi soir, à la sortie de la projection de Close au Grand Théâtre Lumière du Palais des festivals de Cannes. Comme le Japonais Hirokazu Kore-eda un peu plus tôt dans la soirée avec le très beau Broker, Lukas Dhont a ému avec un drame sur l'enfance. Et quatre ans après avoir décroché la Caméra d'or pour Girl, le jeune cinéaste flamand s'est placé parmi les favoris à la Palme d'or.
Comme dans Girl en 2018, Dhont s'intéresse dans son deuxième long métrage à un jeune garçon, Léo (Eden Dambrine), un fils d'horticulteurs qui n'est jamais le dernier pour donner un coup de main à sa mère (Léa Drucker) dans les champs. À 13 ans, le gamin est inséparable de son ami Rémi (Igor van Dessel). Ils passent l'été à jouer ensemble, vont dormir l'un chez l'autre et ont des rêves plein la tête. Mais dès la rentrée à l'école, les choses se compliquent. Les insinuations fusent parmi leurs camarades. On leur demande s'ils sont en couple, si Léo est maussade parce qu'il a ses règles… Peu à peu, celui-ci prend ses distances avec Rémi, préférant aller faire du hockey sur glace avec un autre copain, plutôt que de passer du temps avec son meilleur ami. Lequel vit très mal cet éloignement progressif, sans que sa mère (Émilie Dequenne) ne comprenne ce qui arrive à son fils…

L’éloignement des corps
Toujours coécrit avec Angelo Tijssens, Close s'inscrit parfaitement dans la lignée de Girl. Comme dans son film précédent, Lukas Dhont ne lâche pas ses personnages, qu'il filme au plus près, pour capter les émotions, le trouble qui se lit sur les visages, dans les gestes. Notamment dans ces scènes de hockey, qui répondent à celles de danse dans Girl. Cette amitié amoureuse entre deux jeunes garçons se délitant, jusqu'au drame, Close la met en scène de façon subtile, très visuelle. Au début, les corps des deux garçons se touchent, sont toujours proches dans le cadre. Mais, progressivement, sur leurs vélos pour aller à l'école, Léo et Rémi s'éloignent…
Si l'on retrouve, comme dans Girl, la question de l'identité intime, Lukas Dhont met ici en scène de jeunes garçons à la veille de l'adolescence, quand la question de la sexualité ne se pose pas encore pour eux, même si l'attirance est déjà présente. Deux ados dont l'innocence sera brisée par la tragédie. Le film bascule dès lors dans une exploration profonde de la douleur de ses personnages, avec une grande pudeur, une vraie grâce.
Plaçant ses actrices au second plan — même si, en quelques scènes, Émilie Dequenne livre une prestation bouleversante —, Lukas Dhont laisse tout le champs à ses jeunes acteurs. Et après avoir révélé Victor Polster dans Girl, il a de nouveau déniché ici une perle rare en la personne de Eden Dambrine, un jeune comédien d'une maturité rare pour aborder ce rôle complexe et douloureux. Et dont le visage restera l'une des images de ce 75e Festival de Cannes…

Close Drame De Lukas Dhont Scénario Lukas Dhont et Angelo Tijssens Photographie Frank van den Eeden Musique Valentin Hadjadj Montage Alain Dessauvage Avec Igor van Dessel, Eden Dambrine, Léa Drucker, Émilie Dequenne, Kevin Janssens… Durée 1h45
