Festival de Cannes: les frères Dardenne et Lukas Dhont remportent respectivement le prix "du 75e Festival" et le Grand Prix, la palme d'Or pour Östlund
Les Belges ne sont pas repartis les mains vides de la cérémonie de clôture du Festival de Cannes 2022.
Publié le 28-05-2022 à 20h36 - Mis à jour le 29-05-2022 à 09h19
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Le Suédois Ruben Östlund a remporté samedi une deuxième Palme d'Or à Cannes avec la comédie "Sans filtre", satire acide des ultra-riches et des rapports de classe dans les sociétés occidentales. Le metteur en scène suédois remporte ainsi pour la deuxième fois la sélection du festival cannois. Déjà palmé en 2017 pour "The Square" Ruben Östlund réalise le doublé avec "Sans Filtre", croisement punk de "Titanic" et "La Grande Bouffe" et satire acide des ultra-riches qui a fait exploser de rire la Croisette.
"C'est un peu comme si on était à la maison", a plaisanté le Suédois en montant les marches, avec une de ses actrices, la Philippine Dolly De Leon. Euphorique sur la scène du Grand théâtre Lumière, le Suédois à l'humour grinçant rejoint, à 48 ans, le club très fermé des doubles palmés, parmi lesquels les frères Dardenne et Ken Loach.
Le Grand Prix, deuxième distinction la plus prestigieuse, a été remise ex aequo à la Française Claire Denis pour "Stars at noon" et au Belge Lukas Dhont, le benjamin de la compétition, pour "Close".
Le palmarès complet:
Caméra d'Or: "War Pony", de Riley Keough et Gina Gammell. Il s'agit d'un film sur les destins entremêlés de deux garçons vivant dans une réserve amérindienne. Présenté à Un Certain regard, ce premier film est signé de Gina Gammel et de Riley Kough, la petite-fille d'Elvis Presley. "War Pony" suit le destin de Bill, 23 ans, qui cherche à joindre les deux bouts et Matho, 12 ans, impatient de devenir un homme, vivant dans un quartier défavorisé du Dakota du Sud.
Palme d'Or du court-métrage: "The Waters Murmurs", de la Chinoise Jianying Chen. Et une mention spéciale a été attribuée à "Lori" du Népalais Abinash Bikram Shah uit Nepal
Prix d'interprétation féminine: Zar Amir Ebrahimi à l'affiche du film "Les Nuits de Mashhad" (Holy Spider). L'actrice iranienne Zar Amir Ebrahimi, qui a dû quitter l'Iran pour la France en 2008 à la suite d'un scandale sexuel, a été couronnée samedi du prix d'interprétation féminine pour son rôle dans le thriller d'Ali Abbasi "Les nuits de Mashhad". L'actrice s'est exprimée en farsi en recevant son prix. "Ce soir j'ai le sentiment d'avoir eu un parcours très long avant d'arriver ici sur cette scène (...) un parcours marqué par des humiliations", a-t-elle dit, remerciant la France de l'avoir accueillie.
Prix du scénario: Tarik Saleh pour "Boy from heaven".
Prix d'interprétation masculine: Song Kang-ho pour son rôle dans "Les bonnes étoiles" (Broker). Acteur fétiche de son compatriote Bong Joon-ho, et star de son film "Parasite", Palme d'Or 2019, l'acteur sud-coréen de 55 ans joue dans ce film de Kore-eda un homme impliqué dans un trafic de bébés, qui va former une petite famille de bric et de broc autour de lui.
Le prix du jury: les Belges Charlotte Vandermeersch et Felix van Groeningen ("Les huit montagnes") ex aequo avec Jerzy Skolimowski et "Eo".
"On voudrait remercier le festival de donner un podium aussi énorme à notre film. Et aussi les membres du jury. Waouw! Le prix du jury c'est très beau! Merci beaucoup", a réagi Charlotte Vandermeersch sur scène. "On a voulu réaliser un film qui parle de la vie dans toute sa fragilité et sa force. Toutes ces montagnes à traverser", a expliqué l'actrice et réalisatrice. "C'était quelque chose d'un peu fou. Nous sommes belges. Nous avons tourné en Italie, avec des acteurs italiens. Nous avons appris l'italien c'était un voyage exceptionnel (...) Ca a été une coopération fantastique entre la Belgique, l'Italie et la France", a pour sa part souligné Felix van Groeningen sur scène.
Prix "spécial" du 75e festival de Cannes: Luc et Jean-Pierre Dardenne pour "Tori et Lokita". Avec ce neuvième long métrage présenté en compétition, les cinéastes livrent un récit poignant sur la clandestinité, plongeant dans l'histoire de deux jeunes exilés au lien indéfectible, venus s'établir en Belgique.
"Quand on préparait notre film, en janvier 2021, un boulanger de Besançon a fait une grève de la faim pendant 12 jours pour qu'on expulse pas de France son apprenti qui était de Guinée. C'est formidable. Notre film nous le dédions à ce monsieur", a déclaré Luc Dardenne sur scène, après les remerciements au jury faits par son frère Jean-Pierre
Prix de la mise en scène: Park Chan-wook pour "Decision to Leave".
Le Grand Prix: "Close" du Belge Lukas Dhondt ex aequo avec "Stars At Noon" de la française Claire Denis. Avec "Close", le jeune prodige belge signe un film sur l'amitié et la responsabilité. Le long métrage plonge dans l'histoire de Léo et Rémi, 13 ans, amis depuis toujours jusqu'à ce qu'un événement impensable les sépare.
"Je suis très ému. Merci au jury. Merci au Festival de Cannes. Merci à mon frère qui était là depuis le début. Nous faisons des films ensemble depuis l'âge de 12 ans", a déclaré Lukas Dhont sur scène. "Je voudrais remercier mon père, Dirk, Angelo, Seal, Davy, toute mon équipe, acteurs et techniciens, qui se sont investis coeur et âme dans ce film. (...) Et par-dessus tout, merci à ma mère, maman, de m'avoir montré l'impact incroyable que le cinéma pouvait avoir. Je suis ici grâce à toi, parce que tu m'as aidé à trouver ma voix pour me connecter aux autres, au travers de films et d'histoires."
Palme d'Or : Ruben Östlund pour "Sans filtre" ("Triangle of Sadness").