Cannes 2023 : un nouveau grand rôle pour Virginie Efira, qui a ému la Croisette dans "L’Amour et les Forêts"
L’actrice franco-belge a, une fois encore, ému la Croisette, face à Melvil Poupaud dans “L’Amour et les forêts” de Valérie Donzelli. Une solide adaptation du roman d’Éric Reinhardt présentée hors Compétition.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/5fe4e627-8f76-40cd-8b84-1471638c0a7a.png)
Publié le 24-05-2023 à 12h37 - Mis à jour le 01-06-2023 à 11h18
:focal(3019x2017:3029x2007)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/NN2VKPVH7FHZLMYYYJFUUULBGA.jpg)
Depuis quelques années, Virginie Efira — qui a enfin décroché son premier César en février dernier pour son rôle dans Revoir Paris d’Alice Winocour — est omniprésente sur le grand écran. Et alors qu’on se dit qu’on commence à la voir un peu trop, l’actrice franco-belge parvient à nouveau à nous cueillir par son interprétation. Comme on a pu s’en rendre compte mardi soir, en section Cannes Première, dans L’Amour et les Forêts.
Dans le nouveau film de Valérie Donzelli, l’actrice franco-belge se révèle épatante face à un autre acteur omniprésent : Melvil Poupaud, de retour sur le tapis rouge cannois une semaine après avoir monté les marches aux côtés de Johnny Depp pour le film d’ouverture Jeanne du Barry de Maïwenn.
Ce duo inédit tient à bout de bras le sixième long métrage de Donzelli, qui ne gardait pas un bon souvenir de son dernier passage sur la Croisette, où Marguerite et Julien (d’après un scénario écrit pour Truffaut) avait été étrillé par la critique. Au point de ne même pas sortir sur nos écrans. L’actrice et réalisatrice française se réconcilie donc joliment avec le festival qui fit d’elle une cinéaste qui compte grâce à l’inoubliable La Guerre est déclarée en 2011.

D’après Éric Reinhardt
Après un détour par la comédie romantique avec le charmant Notre Dame en 2019, Donzelli est de retour avec un thriller intime d’une grande intensité, tiré du roman L’Amour et les Forêts d’Éric Reinhardt, pensé comme une sorte de suite de son Cendrillon et publié chez Gallimard en 2014.
Prenant pas mal de liberté avec le roman, la cinéaste et sa coscénariste Audrey Diwan (la réalisatrice de L’Événement d’après Annie Ernaux, Lion d’or à Venise en 2021) suppriment le point de vue masculin de l’écrivain pour nous plonger aux côtés de Blanche Renard (clin d’œil à l’auteur). Professeure de français, celle-ci a du mal à se remettre d’une séparation. Sa jumelle, Rose, la pousse à sortir. Lors d’une soirée, Blanche (Virginie Efira) retrouve Grégoire Lamoureux (Melvil Poupaud), un ancien camarade de lycée qui a beaucoup changé et qui la séduit instantanément par sa franchise : “C’est moi ton homme idéal. ” Rapidement, Blanche se retrouve enceinte et le couple déménage de Caen à Metz, où le prince charmant a été muté.
Ce coup de foudre, Valérie Donzelli le filme de façon idyllique, profitant à fond du charisme de Virginie Efira et de Melvil Poupaud. Pourtant, très vite, on sent que tout va dérailler. C’est que Blanche raconte en fait son histoire à l’imparfait à une avocate (Dominique Reymond)…

L’emprise de l’intérieur
Ce à quoi on assiste en effet dans L’Amour et les Forêts, c’est non pas au délitement d’un couple mais à l’emprise grandissante d’un homme sur une femme, jusqu’à l’implosion. Autant Efira et Poupaud sont convaincants en amoureux fous au début du film, autant ils le sont quand le film bascule dans le thriller intime. Comme toujours très terrienne, Efira se fait moins solaire, campant avec justesse une femme au bout du rouleau, fatiguée de devoir justifier chacun de ses gestes, de ses déplacements, de ses dépenses auprès d’un pervers narcissique qui confond l’amour d’une femme et sa possession. Dans ce rôle sombre, Poupaud est très impressionnant, effrayant…
En ne quittant jamais d’une semelle son héroïne, Valérie Donzelli nous fait vivre de l’intérieur le cauchemar d’une femme condamnée à une violence et une pression psychologiques constantes. Une femme qui, même si elle a une sœur très proche, même si elle a des amis, des collègues, est incapable, par honte, d’échapper à l’emprise de cet homme qui prétend l’aimer. Une situation malheureusement tellement commune et souvent invisible de l’extérieur.
Un grand rôle à nouveau donc pour Virginie Efira — qui ne lui vaudra pas un prix d’interprétation puisque L’Amour et les Forêts est présenté hors Compétition —, que l’on retrouve également, ce jeudi matin, à l’affiche de Rien à perdre de Delphine Deloget, coproduction franco-belge présentée en compétition à Un Certain regard.

L’Amour et les Forêts Thriller intime De Valérie Donzelli Scénario Audrey Diwan et Valérie Donzelli (d’après le roman d’Éric Reinhardt) Photographie Laurent Tangy Musique Gabriel Yared Avec Virginie Efira, Melvil Poupaud, Dominique Reymond, Romane Bohringer, Virginie Ledoyen… Durée 1h45
