“La Chimère” : Josh O’Connor à la recherche de l’amour perdu à Cannes
Avant-dernière entrée de la Compétition du 76e Festival de Cannes, “La Chimère” d’Alice Rohrwacher est une jolie fable mythologique, sur fond de pillage de tombes étrusques.
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Publié le 26-05-2023 à 17h40 - Mis à jour le 27-05-2023 à 14h57
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Alice Rohrwacher est une enfant de Cannes, où elle a présenté son premier film Corpo Celeste à la Quinzaine des Réalisateurs en 2011. Avant de décrocher, en Compétition, le Grand Prix du jury pour Les Merveilles en 2014 et le prix du scénario pour le sublime Heureux comme Lazzaro en 2018. Dévoilé vendredi après-midi en Compétition, La Chimère vient clore une trilogie consacrée à la vie paysanne en Italie en nous emmenant dans la Toscane de la fin des années 1980.

Le monde invisible
Archéologue britannique, Arthur (Josh O’Connor) ne visite pas l’Italie pour faire du tourisme… Basé dans une petite ville médiévale toscane, le jeune homme fait partie d’un petit groupe de tombaroli, des pilleurs de tombes étrusques. Vivant chichement dans une petite cabane, il peut compter sur le soutien d’une ancienne chanteuse d’opéra (Isabella Rossellini), installée dans un vieux palazzo en ruines aux côtés d’Italia (Carol Duarte), son élève et servante. Le jeune d’homme et la vieille dame attendent tous deux le retour de Beniamina, l’amour perdu d’Arthur… Lorsqu’il fouille la terre, celui-ci n’est en effet pas seulement à la recherche d’antiquités précieuses. Selon une vieille légende étrusque, il existerait une porte menant vers l’Au-delà…
Comme toujours chez Alice Rohrwacher, le monde ne se résume pas à ce que l’on peut en percevoir au premier abord. Entièrement tourné vers l’exploration d’un monde souterrain invisible, La Chimère se nourrit ainsi d’éléments mythologiques, de légendes, de croyances populaires pour composer un monde teinté de réalisme magique. Ainsi, Alice Rohrwacher peut-elle mettre en scène une variation sur le fil d’Ariane, un homme cherchant des tombes à l’aide d’une baguette de sourcier, mais aussi un groupe de musiciens nous chantant l’histoire de ce héros insaisissable en quête d’un amour à jamais enfoui. Sans oublier un petit côté burlesque dans la mise en scène des aventures de cette bande de Pieds nickelés à la recherche d’argent facile et sans cesse poursuivis par les carabinieri…

Réalisme magique
Tourné en pellicule (16 et 35 mm), La Chimère est un film organique, charnel, qui s’adresse aux sens, au cœur des spectateurs, plutôt qu’à leur intellect. Quitte à se faire abscons par moments. À d’autres, la cinéaste se fait au contraire terrienne pour filmer les interactions entre ces paysans toscans à la recherche de grandeur. Que ce soit lors d’un carnaval ou quand ils creusent la terre dans l’espoir d’y dénicher un trésor.
Au milieu de son casting italien, Alice Rohrwacher glisse la Brésilienne Carol Duarte et surtout l’Anglais Josh O’Connor. Connu pour son rôle du prince Charles dans les saisons 3 et 4 de la série Netflix The Crown, le jeune comédien confirme, après God’s Own Country de Francis Lee en 2018 ou Mothering Sunday d’Eva Husson en 2011, son talent et son désir d’un cinéma d’auteur exigeant.
Le film a en tout cas séduit une grandre partie de la presse, qui le verrait bien décrocher la Palme d'or.

La Chimère/La chimera Drame poétique Scénario et réalisation Alice Rohrwacher Photographie Hélène Louvart Montage Nelly Quettier Avec Josh O’Connor, Carol Duarte, Isabella Rossellini, Alba Rohrwacher… Durée 2h10
