“Enea” : Pietro Castellitto dans les pas de son père à la Mostra de Venise
Ce mardi soir, Pietro Castellitto dévoilait en Compétition à Venise son second long métrage. Un polar romain lyrique à la Sorrentino.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/5fe4e627-8f76-40cd-8b84-1471638c0a7a.png)
- Publié le 05-09-2023 à 19h37
- Mis à jour le 06-09-2023 à 14h50
:focal(2691x1801:2701x1791)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/FZFULI7TMBGMHLWGMG6TNS5BRE.jpg)
Ce mardi soir, la famille Castellitto était réunie au grand complet sur le tapis rouge de la 80e Mostra del Cinema à Venise pour la présentation en Compétition de Enea, le second film de Pietro Castellitto, dans lequel il donne la réplique à son père Sergio et à son frère Cesare.
Lancé comme acteur par son paternel (dans À corps perdus en 2004, La bellezza del somaro en 2010 ou encore Venir au monde en 2012), puis revu, ici en Compétition à Venise en 2021, dans l’éprouvant Freaks Out de Gabriele Mainetti, Pietro Castellitto signait, en 2020, son premier film, I predatori. Dès son second long métrage, l’Italien a donc droit aux honneurs de la Compétition vénitienne.
Des existences vides
Très ambitieux, Enea raconte l’histoire d’Enea, un jeune homme (Pietro Castellitto) trompant l’ennui de sa vie bourgeoise en dealant de la cocaïne avec son ami d’enfance Valentino (Giorgio Quarzo Guarascio). Sa mère (Chiara Noschese), présentatrice d’une émission littéraire à la télévision, et son père (Sergio Castellitto), thérapeute pour enfants, semblent tout ignorer des activités de leur fils, modèle de son petit frère (Cesare Castellitto). Un jour, sur un court de tennis du très sélect club privé dont est membre toute la famille, Enea tombe fou amoureux de la sublime Eva (Benedetta Porcaroli)…
Si l’intrigue d’Enea s’apparente au film de genre, avec ses gangsters plus ou moins flamboyants, Pietro Castellitto creuse autre chose, de plus intérieur. Ses personnages, qui ont tout pour être heureux, à commencer par de l’argent et une vie confortable, sont tous en crise existentielle. Dans un monde devenu vide, chacun cherche en effet un sens à sa vie, en cherchant à exorciser son mal-être…

L’ombre de Sorrentino
S’il fait tourner son père, Pietro Castellitto n’adopte pas son style. Dans sa description ironique de cette bonne société romaine — et notamment de ses fêtes décadentes, où l’on chante à tue-tête “Rhum, rhum, rhum et cocaïne ! ” —, le jeune réalisateur va plutôt lorgner du côté de Paolo Sorrentino, façon La grande bellezza. Le Romain n’a évidemment pas le talent exubérant du Napolitain, mais il partage son goût du lyrisme et de l’humour, tandis qu’il fait montre de quelques chouettes idées de mise en scène et de montage. Mais il en fait un peu trop, notamment avec ces références mythologiques pesantes (Énée, Ève…).
Malheureusement, et même s’il projette sa propre existence dans ce personnage de fils à papa, Pietro Castellitto se contente dans Enea de décrire des existences vides, sans consistance, avec lesquelles on a dû mal à entrer en empathie… Tandis que le réalisateur a tendance à beaucoup aimer se regarder en tant qu’acteur…

Enea Drame Scénario et réalisation Pietro Castellitto Photographie Radek Ladczuk Musique Niccolò Contessa Montage Gianluca Scarpa Avec Pietro Castellitto, Giorgio Quarzo Guarascio, Benedetta Porcaroli, Chiara Noschese, Sergio Castellitto… Durée 1h57