"Renfield": mon patron est toxique et il s’appelle Dracula
L’auteur de “Walking Dead” et le réalisateur de “Lego Movie” revisitent le vampire à l’aune de sa codépendance avec son laquais. Une parodie décalée et saignante.
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Publié le 09-05-2023 à 16h00 - Mis à jour le 10-05-2023 à 15h23
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Renfield, on l’oublie parfois, est le laquais de Dracula. Dans le roman de Bram Stoker, il est le premier notaire envoyé en Transylvanie régler l’achat de l’abbaye de Carfax par le comte. Tombé sous sa coupe sanguinaire, on découvre Renfield dans le roman interné dans un asile où il se nourrit d’insectes (pas de chair tendre pour le larbin…). Notule cinéphile : Tom Waits l’interprétait dans le Dracula de Coppola.
On reste en famille, puisque le neveu Coppola, Nicolas Cage reprend incarne le vampire dans ce Renfield face à Nicholas Hoult dans le rôle-titre. Cette énième déclinaison autour du vieux vampire aurait pu être un nouveau clou dans le cercueil du mort-vivant préféré du cinoche. Mais le réalisateur Chris McKay (les Lego Movies) et, surtout, le scénariste Robert Kirkman (créateur et auteur des comics The Walking Dead) connaissent leur partition postmoderne sur le bout des ongles crochus.
Le récit est donc conté du point de vue de Robert Montague Renfield qui, après des décennies de maléfique et loyale servitude, prend conscience qu’il est peut-être prisonnier d’une relation toxique qui le vampirise. Ça lui apprendra à chercher des proies pour son maître durant une thérapie de groupe. Avant d’être délivré, libéré, il lui faudra mettre les pieds dans un règlement de compte mafieux puis dans l’enquête d’une flic qui traîne aussi un lourd passif.
Dès la première scène, plagiat à plein dents des dérivés gores du genre suivi d’un hommage savoureux aux premières adaptations de la Universal en noir en blanc. Ce bon résumé, au passage, des origines des deux personnages démontre que McKay et Kirkman ne badinent pas avec le matériau initial.
Renfield est une série B décalée mais pas foutraque pour autant. Dracula reste Dracula, assoiffé de sang (des nonnes ou un car de pom-pom girls au choix) ou obligé d’y être invité pour entrer dans une demeure. Les scènes de baston lorgnent du côté de l’Asie, avec une bonne dose de grand guignol gore (lancer de bras arrachés et peeling facial au programme). Dracula oblige, on ne lésine pas sur l’hémoglobine.
Nicholas Hoult est un Renfield parfait. Il rappelle dans les scènes d’action qu’il a fait ses classes chez les X-Men et, dans celles où il redevient un ex-notable britannique au charme désuet, qu’il a fait ses débuts auprès de Hugh Grant dans About a Boy. La rappeuse Awkwafina, après quelques seconds rôles utilitaires (Ocean’s 8, Shang-Chi) gagne en épaisseur. Dépendant fiscal des nanars d’action, mort-vivant de l’art dramatique, Nicolas Cage fait, ici, bonne figure (derrière un maquillage putride). Ses excès et ses cabotinages se prêtent à merveille à ceux du comte. L’hommage à Bela Lugosi pointe du bout de l’index décharné.
Renfield Dracula New Age De Chris McKay Scénario Robert Kirkman Avec Nicholas Hoult, Nicolas Cage, Awkwafina,… 1h33
