”Transfusion” : Sam Worthington dans un thriller australien qui flirte avec les Dardenne avant de dériver vers la violence
Après un début prometteur, l’acteur et réalisateur Matthew Nable s’égare.
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Publié le 24-05-2023 à 14h00
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Connu de certains pour son rôle du méchant Ra’s al Ghul dans l’univers DC, l’acteur Matthew Nable se cherche une reconversion comme réalisateur en son Australie natale. Il s’allie avec son compatriote Sam Worthington, à la notoriété un peu plus porteuse, pour un film néo-noir aux relents mélo, centré sur deux vétérans des SAS – les commandos du Commonwealth.
Le tireur d’élite Ryan (Worthington) est blessé lors d’une mission d’élimination “d’ennemis combattants” (en Afghanistan, semble-t-il). Rétabli, il retrouve son équilibre en famille : il emmène son jeune fils Billy à la chasse et prépare avec sa femme la naissance de leur fille. Le destin bouleverse ce tableau paisible.
Huit ans plus tard, Ryan a quitté l’armée et peine à garder un boulot. Billy est passé trois fois devant le tribunal de la jeunesse et risque la prison ferme. À court de ressource, Ryan accepte une offre de son officier Johnny (Nable), qui évolue désormais aux confins de la légalité voire au-delà.
Déterminisme social
Transition s’annonce d’abord comme un film néo-noir sur fond de déterminisme social avec le vétéran à la place du repris de justice d’autrefois (Nable a-t-il jamais lu La position du tireur couché de Jean-Patrick Manchette ?). Si les frères Dardenne étaient Australiens, Britanniques ou Américains peut-être feraient-ils un film sur les vétérans des guerres récentes. Et celui-ci pourrait ressembler à la première moitié de Transfusion (la musique mélo en moins).
Avec une économie de moyens, sinon une sécheresse assumée, Nable dépeint avec brio ses personnages et leur discipline sans éclats d’hommes rompus aux situations extrêmes. Les scènes campant la relation de Ryan avec Billy encore enfant sont aussi efficaces qu’essentielles. L’économie de mots et les ellipses sont de bon aloi : nul besoin de conter ce qu’on devine pour l’avoir vu mille fois.
Malheureusement, le début prometteur s’effiloche dans des flash-back qui n’apportent rien hors l’origine du titre. La dérive de Johnny semble répondre au seul désir du réalisateur, scénariste et acteur d’occuper plus d’espace dans une surenchère musclée jusqu’à un final peu crédible. De surcroît, si l’amoralité est propre au film noir, elle annihile ici tout ce que Ryan a essayé de transmettre à son fils (ne pas prendre une vie est un acte de courage). Elle confine, aussi, à l’ambiguïté.
Transfusion Thriller De et écrit par Matthew Nable. Avec Sam Worthington, Matthew Nable, Phoebe Tonkin,… 1h46
