”Spider-Man : Across the Spider-Verse” : le retour de Miles Morales dans une suite XXL, à la fois complexe et habile
La suite de “Spider-Man : Into the Spider-Verse” fait mieux et plus que le premier opus, tout en redynamisant un genre à bout de souffle dans ses itérations en images réelles.
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- Publié le 02-06-2023 à 12h19
En 2018, le film d’animation Spider-Man : Into the Spider-Verse a ouvert une première brèche dans le multivers. Résumé pour les profanes : cet artifice narratif des comics de super-héros, puis de leurs homologues cinématographiques, présuppose la coexistence d’univers parallèles où évoluent différentes versions des personnages et autant de variantes de leur destin, avec, en tête de toile, le héros du film, un adolescent de Brooklyn, d’origine portoricaine, nommé Miles Morales (Shameik Moore) .
Témoin de la mort du Spider-Man de son univers, Miles est mordu par une araignée surgie du Multivers quand le Caïd y ouvre une porte. Au terme de sa première aventure, avec l’aide des variantes venues d’autres univers, dont une Gwen Stacy/Spider-Woman (Hailee Steinfeld) et Spider-Jambon (un cochon tout droit sorti d’un Tex Avery), Miles a rétabli l’ordre des Multivers. Mais il en a payé le prix avec la mort de son oncle Aaron.
Un peu plus d’un an plus tard, Miles est replongé dans le Multivers où il rencontre une Spider-Force dirigée par un Spider-Man du futur, Miguel O’Hara (Jason Schwartzman). Cette force d’élite répare le canevas du Multivers quand y surviennent des anomalies. Miles va découvrir son rôle dans cette trame infinie. Il doit, à nouveau, affronter des enjeux conflictuels, avec sa famille et ses sentiments pour Gwen au centre
Spider-Man : Across the Spider-Verse étend avec brio celle du premier en un récit complexe et habile. La seule introduction du film, centré sur Gwen Stacy/Spider-Woman suffirait à nourrir un film entier.

Spider-Man : Across the Spider-Verse rencontre un double contrat : faire mieux et plus que le premier opus, tout en offrant un répit à un genre à bout de souffle dans ses itérations en images réelles. À l’image du héros, le récit virevolte et rebondit sans cesse, multipliant les cabrioles et pirouettes narratives. Les animateurs se sont éclatés à repousser les limites de leur savoir-faire (et de leurs outils) dans des scènes d’action d’une efficacité redoutable.
La direction artistique est bluffante. Toujours inspirée, elle décline des styles différents selon les univers visités – avec une incursion dans un Lego-Verse (ou comment faire du placement de produit malin) et dans la Terre 616 (la nôtre).

Les auteurs misent sur la familiarité acquise du public et l’accoutumance aux récits à tiroir dont les séries sont désormais friandes. Spider-Man, dans sa version moderne, existe depuis deux décennies au cinéma (une image du film inclut, entre autres références, une écho du Spider-Man de Sam Raimi). Le Multivers a même contaminé un pan plus large du grand écran, jusqu’aux oscars 2023, avec Everything, Everywhere All At Once (dont les enjeux sont similaires : rétablir un ordre universel tout en conciliant celui d’une famille).
On ne révélera rien ici d’une intrigue qui contient son lot de surprises, de nouveaux personnages ou de Spider-Variants – mention au Spider-Punk à l’accent cockney. Celui d’Inde, occasion d’une intervention cruciale, est sans doute prétexte à flatter un marché que se disputent encore les studios et streamers hollywoodiens. Gwen, surtout, occupe une place plus déterminante comme figure pivot jusqu’à une fin qui tiendra le public en haleine avant un troisième épisode déjà annoncé pour le printemps 2024.
Spider-Man : Across the Spider-Verse De Joaquim Dos Santos, Kemp Powers et Justin K. Thompson. Scénario : Phil Lord, Chris Miller et Dave Callaham. Avec les voix de Shameik Moore, Hailee Steinfeld, Oscar Isaac, Jake Johnson, Issa Rae… 2h16
